Hervé Renard, nouveau sélectionneur de l’équipe de France féminine de football : porte ouverte au retour de Renard, Henry et Le Sommer ?

C’est officiel, Hervé Renard est le nouveau sélectionneur des Bleues. La Fédération Française de football a officialisé l’intronisation du successeur de Corinne Diacre ce jeudi 30 mars. Retour sur le parcours de cet entraîneur atypique et sur les changements que pourraient connaître l'équipe de France.

7 minPar Florian Bouhier

Football

(2022 Getty Images)

Annoncé depuis plusieurs semaines comme candidat à la succession de Corinne Diacre, Hervé Renard a officiellement été intronisé nouveau sélectionneur des Bleues, ce jeudi 30 mars, par les membres du comité exécutif de la Fédération française de football (FFF).

À 54 ans, le Savoyard prend la tête des Bleues à quelques mois de la Coupe du monde de football féminine 2023, qui aura lieu du 20 juillet au 20 août prochain en Australie et en Nouvelle-Zélande.

« Le nouveau sélectionneur dirigera les Bleues pour la Coupe du monde de la FIFA 2023 qui se déroulera en Australie et Nouvelle Zélande du 20 juillet au 20 août prochains et pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 du 25 juillet au 10 août », a déclaré la FFF via un communiqué.

Homme de challenge, au parcours éclectique, illuminé par des exploits éclatants avec les anciennes sélections qu’il a dirigé.

Hervé Renard, un sélectionneur au parcours singulier

Hervé Renard n’est pas un inconnu dans le monde du football international. Il est le sélectionneur derrière plusieurs exploits qui ont participé au mythe Renard, notamment sur le continent africain.

En 2012, il remporte la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) avec la Zambie, le premier trophée international des Chipolopolos, 19 ans après un accident qui avait décimé l’équipe nationale à quelques kilomètres du stade.

Trois ans plus tard, il fait gagner la CAN aux Éléphants de Côte d’Ivoire, devenant le premier sélectionneur à remporter deux Coupes d'Afrique avec deux sélections différentes.

Après avoir dirigé la sélection marocaine, il a été nommé à la tête de l’Arabie Saoudite, qu'il a qualifiée pour la Coupe du monde 2022. Au Qatar, il a même provoqué un tremblement de terre sportif lorsque sa sélection a battu au premier tour l’Argentine de Lionel Messi.

Menés à la mi-temps, les Saoudiens l’emportent 2 à 1 face aux futurs champions du monde. Un match marqué par le discours d'Hervé Renard à la pause qui a fait le tour des réseaux sociaux. Avec une énergie folle, il provoque ses joueurs avec notamment une saillie restée dans la légende : « Prends ton téléphone et fait un selfie avec Messi si tu veux ! ».

Ancien joueur de Renard à Sochaux, Roy Contout confirmait à So Foot. « Ses discours d’avant-match, c'était quelque chose ! Un truc de fou ! On avait la chair de poule, les poils hérissés, la salive aux bords des lèvres rien qu’en l’écoutant. On était prêts à aller au combat avec lui ! »

Renard, un leader naturel

Si Hervé Renard n’a pas d’expérience dans le football féminin, il sait construire un groupe, diriger des individualités vers un but commun et collectif.

« J’ai toujours été capitaine de mes équipes, j’avais ce côté fédérateur de groupe, leader. [...] Ça m’a toujours motivé : construire un collectif, pas seulement de joueurs, mais d’hommes, l’emmener, le porter… Ça a commencé en CFA 2, à la fin des années 90, au SC Draguignan, et me voilà en pleine préparation d’une deuxième Coupe du monde. Un Mondial, c’est très formateur car il ne s’agit pas seulement de diriger 26 footballeurs. C’est un environnement, un cadre, un contexte, un ensemble de voyants à mettre au vert » confiait-il à So Foot avant le mondial 2022 au Qatar.

Leader naturel au charisme évident, le natif d’Aix-les-Bains était le choix prioritaire pour remettre le bateau bleu à flots. Un homme guidé par une mission et qui connaît son métier.

« Si vous montrez des failles dans ce job, il y a beaucoup de personnes qui peuvent s’engouffrer dedans. À commencer par les joueurs qui testent forcément, au départ, jusqu’où ils peuvent aller. C’est sur ce point qu’un entraîneur doit être intraitable. Si un joueur perçoit une forme de résistance, il a plus de respect pour vous, pour votre fonction. C’est un juste milieu : un cadre sérieux, mêlé à une culture du bien-vivre ensemble et des convictions fermes », affirme Hervé Renard, toujours à So Foot.

Après de nombreuses années à l’étranger, le Savoyard rentre en France, certainement animé par un sentiment de revanche. Dans l’Hexagone, il avait connu l’une de ses rares erreurs de parcours, en 2015, en tant qu’entraineur du LOSC Lille en Ligue 1. Il avait été limogé au bout de six mois.

Nul n’est prophète en son pays, certes. Mais Hervé Renard a toutes les qualités pour prouver le contraire.

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Renard nouveau sélectionneur : le retour de plusieurs cadres ?

En prenant en charge les Bleues, Hervé Renard fait face à une situation délicate. Outre la pression de résultats, il doit ramener un peu de sérénité dans le groupe, récemment perturbé par certains départs.

Le 24 février 2023, la capitaine Wendie Renard annonçait sa retraite internationale. Elle était immédiatement soutenue et suivie par ses coéquipières Perle Morroni, Griedge Mbock ainsi que les Parisiennes Kadidiatou Diani et Marie-Antoinette Katoto.

Hervé Renard étant le nouveau sélectionneur de l’Équipe de France, quelles joueuses pourraient faire leur retour chez les Bleues ?

Wendie Renard était la capitaine des Bleues jusqu’au 24 février dernier. Pour Paris Match, elle confiait ne pas fermer la porte à un retour en cas de nomination d’un nouveau sélectionneur. « Il faut qu'il ou elle ait envie de travailler avec moi, me sélectionne. [...] Je me prépare. Si je suis sélectionnée, je défendrai ce maillot dont je suis fière comme je l'ai toujours fait. »

Écartée par Corinne Diacre depuis presque deux ans, la meilleure buteuse de l’histoire des Bleues Eugénie Le Sommer (175 sélections, 86 buts) peut faire partie des cadres de la prochaine Coupe du monde. À L’Équipe, elle confiait son espoir de défendre le maillot tricolore. « J'ai envie d'être sélectionnée pour mes performances. Peut-être qu'il va y avoir un nouvel élan. J'ai toujours dit que mon objectif était de continuer à jouer en équipe de France. J'espère pouvoir le faire. »

D’autres joueuses historiques de l’équipe de France peuvent aussi prétendre à une place pour la Coupe du monde 2023 : la gardienne Sarah Bouhaddi (36 ans, 149 sélections), Gaëtane Thiney (37 ans, 163 sélections) et Amandine Henry (33 ans, 93 sélections).

Bouhaddi, non sélectionnée depuis trois ans, ouvre la porte à un retour. « Je suis une compétitrice et une sportive de haut niveau. J'ai toujours dit que tant que je joue encore au football, je ne refuserai pas l'Équipe de France », déclarait-elle à France Bleu. Elle devrait cependant avoir du mal à déloger la gardienne numéro 1 des Bleues : Pauline Peyraud-Magnin.

Pour la joueuse du Paris FC, Gaëtane Thiney, le challenge est difficile, mais pas impossible. Doté d’une expérience XXL, elle a beaucoup à transmettre aux plus jeunes joueuses. « Ce qui est important, c'est de se demander ce que je peux apporter à cette équipe sur le terrain. Et en dehors, dans le groupe, est-ce que je peux apporter quelque chose ? C'est au coach de répondre. Je suis dans le plus haut niveau national, performante. J'ai un vécu international très important, une personnalité qu'on connaît. Libre au coach de me prendre ou pas, dans un système innovant, moderne et qui va vers la performance », affirmait-elle, début mars, à L’Équipe.

Pour Amandine Henry, absente de l’Euro 2022, tous les espoirs sont permis. Capitaine des Bleues lors du Mondial 2019, elle reste une joueuse phare du football féminin. Elle a d'ailleurs remporté une septième Ligue des champions l’année dernière, en étant élu meilleure joueuse de la finale. Touchée au genou, la milieu de terrain est en phase de réathlétisation et ne pourra pas faire partie de la première liste d’Hervé Renard pour les deux prochains matchs contre la Colombie, le 7 avril, puis le Canada, le 11 avril. Mais pour la suite, tout reste possible.