Alors que le compte à rebours pour les Jeux de 2016 se poursuit, Michael Stoneman s’intèresse à la manière dont le golf et le rugby à sept, les nouveaux sports inscrits au programme olympique, se préparent pour les Jeux.
Tous les olympiens ne se ressemblent pas: de la menue gymnaste au gigantesque sauteur en hauteur, en passant par le coureur de marathon longiligne ou les haltérophiles massifs. Le grand panel de sports des Jeux garantit une réunion d’athlètes aussi unique qu’exceptionnelle. À Rio de Janeiro, nous verrons l’arrivée sur la scène olympique des golfeurs et golfeuses, et des joueurs et joueuses de rugby qui prendront leurs quartiers au village olympique.
Ajoutés au programme olympique en octobre 2009, le golf et le rugby font l’objet de toutes les attentions revenant aux Jeux pour la première fois depuis 1904 pour l’un et 1924 pour l’autre. «Cela fait bien longtemps que ni l’un ni l’autre de ces sports ne figurait au programme olympique», dit Kit McConnell, directeur des sports du CIO. «Tous deux devraient amener une contribution remarquable aux Jeux à Rio, ainsi qu’aux éditions suivantes, et nous espérons que leur inclusion au programme aura un impact réel et durable sur ces deux sports dans le monde.»
Le golf, apparu aux Jeux à Paris en 1900, comprendra des épreuves individuelles hommes et femmes à Rio, chacune mettant aux prises 60 des meilleurs joueurs et joueuses mondiaux dans une compétition de 72 trous en 4 tours, et des médailles se- ront décernées aux 3 concurrents comptant le plus petit nombre de points.
Peter Dawson, président de la Fédération internationale de golf (IGF), estime que «l’enthousiasme prend vraiment de l’ampleur». Il espère que la popularisation accrue du sport du fait de son retour aux Jeux favorisera son développement au niveau mondial. «Nous avons lancé la candidature du golf pour son inclusion au programme olympique car un grand nombre de petits pays dans le monde du golf ont vraiment besoin d’aide pour développer ce sport. Ils nous ont expliqué que la réintégration du golf leur permettrait d’avoir une meilleure visibilité de leur sport, un soutien gouvernemental supplémentaire et donc une plus grande popularité. Ceci est déjà perceptible dans de nombreux pays où je suis allé.»
Les données de l’IGF comptabilisent environ 60 millions de golfeurs dans plus de 120 pays, ce qui en fait l’un des sports les plus populaires du monde. Mais l’IGF a hâte d’exploiter la scène unique qu’offrent les Jeux Olympiques pour accroître la pratique sportive du golf dans des pays où ce n’est pas encore le cas.
«Nous espérons que l’audience drainée par les Jeux nous permettra d’augmenter notre base de fans et le nombre de pratiquants, dit Antony Scanlon, directeur exécutif de l’IGF. Compte tenu de l’expérience d’autres sports qui ont suivi le même itinéraire, nous savons que les résultats ne sont pas immédiats, mais les Jeux de 2016 à Rio seront de solides fondations pour le golf.»
L’IGF compte bien laisser un héritage important au pays hôte. Le parcours de Rio, nouvellement créé à Barra da Tijuca, qui accueillera les compétitions deviendra un équipement public après les Jeux, ce qui permettra à un plus grand nombre de per- sonnes de la ville hôte d’accéder à ce sport.
Selon Alexandre Rocha, le deuxième Brésilien seulement à concourir sur le circuit professionnel du PGA, le golf bénéficiera d’un fort coup de pouce au Brésil avec la réalisation d’installations publiques comme le parcours olympique. «Tous les terrains de golf du pays sont privés et pour y entrer, l’adhésion est très onéreuse, explique-t-il. C’est génial que le terrain de golf olym- pique de Rio soit public. C’est un exemple à suivre.»
À l’approche de Rio 2016, l’IGF a aussi aidé à lancer «Rio Street-Golf». Ce projet pour les communautés locales et les écoles a pour but de supprimer les barrières sociales et spor- tives et de souligner les principales valeurs du golf: honnêteté, respect et intégrité. Des balles et des clubs de golf ont été adaptés pour être utilisés dans tout environnement urbain. Il est destiné à 15 000 enfants et adultes qui y participeront à travers les écoles et autres programmes municipaux ainsi que lors de quatre tournois très populaires dans le centre de Rio de Janeiro.
Les Jeux de 2016 vont également permettre le développement du rugby dans le monde. La version traditionnelle du jeu à quinze a figuré au programme des quatre éditions des Jeux, entre 1900 et 1924, mais la compétition de l’an prochain proposera les débuts olympiques d’un format explosif. En effet, les matchs très intenses verront deux équipes de sept joueurs s’affronter sur un terrain de rugby pendant deux mi-temps de sept minutes. Cela ne manquera pas d’attirer l’attention.
«Le rugby revient au programme des Jeux d’été à Rio de Janeiro pour la première fois depuis 92 ans et nous espérons bien que le format à sept joueurs ajoutera une plus-value au divertissement et à la passion des prochains Jeux, déclare Bernard Lapasset, président de la Fédération mon- diale de rugby (WR). Nous souhaitons réel- lement présenter notre fantastique sport sur la plus grande scène sportive du monde.»
Selon Mark Egan, responsable des compétitions et de la performance à WR, figurer sur la scène olympique est crucial pour le sport. «Être aux Jeux Olympiques, c’est énorme pour le rugby, reconnaît-il. Cela fait connaître le rugby dans les écoles et les institutions éducatives qui le verront comme un sport olympique sur la scène olympique. Cela lui donne davantage de crédibilité.»
Comme le golf, le rugby cherche à développer la participation à tous les niveaux dans le monde. Et le sport bénéficie déjà de records de croissance avant même d’avoir marqué son premier essai à Rio de Janeiro.
Selon la Fédération, la participation a augmenté de plus de 2,6 millions depuis 2011, et 7,2 millions de joueurs pratiquent le rugby dans 120 associations nationales membres de la Fédération. «Nous avons constaté un fort accroissement de l’intérêt pour le rugby, notamment de la part des Comités Nationaux Olympiques (CNO), précise Mark Egan. Plus de 80 CNO sont désormais familiarisés avec le rugby. L’intérêt à ce niveau est donc considérable et il y a eu aussi un soutien financier accru provenant des gouvernements et des CNO du fait du statut de sport olympique.»
L’initiative «Get Into Rugby» a récemment été ajoutée à la stratégie de développement de WR, dans le but d’attirer et de conserver un million de nouveaux joueurs d’ici aux Jeux de 2016. Un nombre record de 460 000 enfants ont participé à ce programme en 2014 et 300 000 autres y ont déjà pris part dans les cinq premiers mois de 2015, soit 40% de plus que l’an précédent à la même époque.
Le rugby espère lui aussi laisser un héritage durable à la ville et au pays hôte. Ainsi la Fédération a dévoilé en juin le premier terrain de rugby de plage semi- permanent à Copacabana, la célèbre plage de Rio de Janeiro. Elle a aussi lancé son programme “Impact Beyond” dont le but est d’utiliser les Jeux à Rio comme un ca- talyseur de croissance du sport au Brésil. Cette initiative propose un entraînement aux enseignants d’éducation physique et aux membres de clubs sportifs, afin de favoriser la mise en place de “Get Into Rugby” par 1 000 écoles à Rio de Janeiro ainsi que par des projets municipaux et sociaux, en vue de toucher 200 000 enfants dans le pays.
«Nous voulons laisser un héritage important au Brésil, dit Mark Egan. Nous avons accueilli 500 enfants au lancement de “Get Into Rugby” au Brésil et nous espérons que 20 000 autres toucheront au ballon ovale dans la région de Rio d’ici aux Jeux et que plus de 1 000 enseignants participeront à un entraînement ou à une formation d’entraîneur.»
Le rugby est déjà l’un des sports à la croissance la plus rapide au Brésil. Avec plus de 46 000 enfants qui l’ont découvert ces deux dernières années, la Fédération ne doute pas que les Jeux à Rio constitueront un tremplin pour amener de nouveaux adeptes et fans.
Kit McConnell est convaincu que l’ensemble du Mouvement olympique profitera de l’ajout de ces nouveaux sports. «Ces deux sports sont en excellente position pour atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés avec le CIO, quand ils ont été ajoutés au programme de Rio, dit-il. C’est pour eux une occasion exceptionnelle de se présenter et d’emporter l’adhésion de nouveaux publics mais aussi de faire venir leurs meilleurs athlètes et leurs fans aux Jeux. Ils viendront s’ajouter au mélange exceptionnel que proposent déjà les Jeux Olympiques. Leur inclusion permet aux Jeux et au Mouvement olympique d’atteindre de nouveaux fans et de nouveaux publics. Le golf et le rugby disposent d’un nombre important de pratiquants au niveau mondial et leur présence dans le programme olympique établit un nouveau lien entre ces fans et le Mouvement olympique dans le monde.»
À Rio, ce sera la première fois depuis l’introduction du triathlon et du taekwondo à Sydney en 2000 que de nouveaux sports seront inclus aux Jeux. Kit McConnell estime que la capacité à intégrer de nouvelles épreuves aux Jeux fait partie de leur succès. «La constante évolution du programme olympique, en termes de sports ou d’épreuves au sein même de ces sports, est très importante pour le CIO car nous nous efforçons d’être une vitrine des meilleurs sports et des meilleures épreuves. Ceci démontre notre capacité à relever les tendances actuelles du sport et à continuer à nous servir du programme des sports et des épreuves pour attirer les jeunes du monde entier et leur offrir de quoi les inspirer.»
Faire revenir des sports dans le giron olympique exige cependant beaucoup de coordination entre le CIO et les Fédérations Internationales pour garantir le bon déroulement de la compétition olympique afin que l’opportunité créée par les Jeux ait un impact maximal par la suite. «C’est un vrai partenariat et nous avons collaboré étroitement avec ces deux Fédérations, précise Kit McConnell. Elles ont été fortement présentes aux Jeux à Londres en 2012 pour acquérir l’expérience que procurent les Jeux. Nous avons œuvré avec elles et en coordination avec le comité d’organisation des Jeux à Rio pour les aider à comprendre ce qu’implique une compétition olympique.»
Le compte à rebours des Jeux à Rio entame sa dernière ligne droite et ces deux sports sont impatients de faire l’expérience des Jeux et d’observer la réaction de leurs fans dans la ville hôte et dans le reste du monde. «Nous souhaitons que chacun vienne découvrir notre sport absolument dynamique et passionnant, qui a tant de succès dans le monde, déclare Egan. Ce sera une très belle prestation sportive sur le terrain mais aussi en dehors pour les gens qui viennent pour le plaisir. Il y aura de la musique et du divertissement, en bref, il y en aura un peu pour tous les goûts.
En effet, depuis près de 120 ans, chacun trouve son bonheur dans les Jeux et Kit McConnell se réjouit de voir ce que le golf et le rugby ajouteront à la célébration des Jeux à Rio de Janeiro.
«Certes nous attendons beaucoup de la valeur ajoutée que ces sports apporteront aux Jeux mais, précise- t-il, chacune des 306 épreuves et chacun des 28 sports ajoutent une pierre très originale et spécifique à l’ensemble de l’édifice.»