Famille Borlée : de Moscou 1980 à Tokyo 2020
Pour certains sportifs, les Jeux Olympiques sont une affaire de famille. Qu’ils soient frères et sœurs, cousins et cousines ou même en couple, tous sont à la poursuite du même rêve. Tokyo 2020 vous présente la famille Borlée, les Belges qui espèrent briller sur le 400 m et les relais 4 x 400 m des Jeux de Tokyo 2020.
Les données
- Noms : Kévin, Jonathan (jumeaux), et Dylan
- Lien de parenté : Frères
- Originaire de : Belgique
- Sport : Athlétisme
En regardant la finale du relais 4 x 400 m masculin des Jeux de Rio 2016 avec les trois frères Borlée dans l'équipe de Belgique tout en sachant que le père a couru le 400 m des Jeux de Moscou 1980, il est facile de se dire que les fils ont suivi les pas du papa. Eh bien non.
La responsabilité repose sur les épaules de la sœur, Olivia, porte-drapeau de la Belgique à Rio 2016 et médaillée d'or avec le relais 4 x 100 m belge à Beijing 2008.
L'athlète de 35 ans a quitté le monde du sport professionnel en 2019, mais au delà de son titre olympique, elle aura eu le mérite de dépoussiérer une vieille tradition familiale, et initié une moisson de 43 médailles internationales remportées dans les grands championnats, accompagnée de ses petits frères Kévin et Jonathan (33 ans) et Dylan (28 ans).
« C’est le plus grand », affirme l’olympien Jacques Borlée, père et entraîneur de ses fils, à propos du cadet, Dylan, lors d’une interview exclusive avec Tokyo 2020 en avril dernier, debout derrière ses trois enfants dans un hôtel en Turquie.
Kévin et Jonathan ont fait leurs débuts olympiques à Beijing 2008, en terminant quatrièmes de la finale du relais 4 x 400 m alors qu’ils n’avaient que 20 ans. « La plus belle course de notre vie », se souviennent les jumeaux.
Dylan les a rejoint pour le relais 4 x 400 m de Rio 2016, lors duquel ils ont de nouveau terminé à la quatrième place, la plus dure à digérer pour un athlète.
Si les frères Borlée n’ont pas remporté de médaille olympique, ils ont bien l’intention de combler ce manque lors des Jeux de Tokyo 2020, en 2021, avec les relais 4 x 400 m et la toute nouvelle épreuve olympique du relais mixte 4 x 400 m.
En attendant le départ du premier relais mixte de l'histoire des JO qui se tiendra le 30 juillet, Tokyo 2020 vous propose une plongée au cœur de la famille olympique Borlée, en passant part ce que représente les Jeux pour eux, la pression du cadet au milieu de ses grands frères au plus haut niveau mondial et par le challenge lancé à la famille Ingebrigtsen.
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Avec leurs propres mots
Jonathan sur Kévin
C’est le plus perfectionniste de tous. Il se connaît tellement bien qu’il peut mettre en place les structures dont il a besoin.
Kévin sur Jacques, son père
C’est quelqu’un de très ouvert, il a toujours envie d’apprendre. Il sait qu’il ne sait pas tout et même avec l’expérience qu’il a, il sait qu’il doit aller vers les autres.
Dylan sur Jonathan
C’est un grand fonceur. Il sait vers quoi il va et il se fait confiance. Il n’a pas besoin de grand chose pour performer.
Jacques sur Dylan
C’est le plus grand. Il a beaucoup progressé et je pense que c’est son année. C’est exceptionnel de voir comment il fonctionne à côté de ses deux frères.
Comment l’histoire olympique des frères Borlée a débuté
Kévin
Nos parents ont fait de l’athlétisme étant plus jeunes, mais c’est notre grande sœur Olivia qui nous a inspirés. Après les Championnats d’Europe 2002, Kim Gevaert a remporté l’argent sur 100 m et 200 m et ça l’a inspirée. Elle a voulu commencer et deux ans après, on a pris le pas.
Notre père était sorti de ce monde-là à l’époque, mais quand Olivia a commencé, il connaissait l’athlétisme. Il a pu faire en sorte qu’elle dispose d’une structure adéquate pour bien s’exprimer. C’est comme ça que tout a commencé.
Jacques
J’étais entraîneur de tennis, de basket et de foot, mais Olivia m’a demandé de m’occuper d’elle. Kévin et Jonathan ont joué au foot jusqu’à 17 ans avec peut-être l’idée de faire une carrière, mais l’esprit olympique a pris le dessus.
Comment réussir quand on a des frères aussi talentueux
Dylan
Je n’ai pas ressenti de pression car on m’a fort protégé, que ce soit mes frères, ma sœur et mon père. Certes il y a eu la pression et les comparaisons et inconsciemment, ça a dû jouer. Ce n’est pas toujours simple de se frayer un chemin après mes frères qui sont au plus haut niveau mondial.
Je travaille au jour le jour pour avancer et créer ma propre histoire. Il y a une histoire de famille mais il n’y a rien à faire, l’athlétisme est un sport individuel. Il faut se créer son propre chemin, et j’ai beaucoup travaillé sur moi-même pour cela. C’est une école de vie et j’en apprends tous les jours.
Jacques
C’est le plus grand. Il a des qualités énormes. Il est tout le temps dans la recherche pour pouvoir s’exprimer dans son idéal. Et ce n’est pas évident d’évoluer au milieu de ses deux frères qui ont eu des résultats exceptionnels au niveau mondial. Il doit se faire son prénom, et il a énormément de capacités pour accepter ça et aller au delà. Il a beaucoup progressé et je pense que c’est son année. C’est exceptionnel de voir comment il fonctionne à côté de ses deux frères.
La famille olympique
Kévin
En 2006, on nous avait dit que l’objectif était d’aller à Londres 2012, mais on voulait absolument aller à Pékin. Depuis tout petit, j’ai ce souvenir des Jeux d’Atlanta 1996. On avait reçu des T-shirts et des cadeaux des Jeux, et j’étais persuadé que mon père y était. Mais non.
On avait déjà les Jeux dans un coin de la tête. Et ce genre de choses n’arrive pas avec des Championnats du monde d’athlétisme voire même une Coupe du monde de football. C’est resté gravé dans nos têtes.
Beijing 2008 était un rêve que l’on a pu réaliser, et on espère pouvoir en réaliser d’autres à Tokyo, encore plus en famille.
À Rio, on était 5 (avec Olivia). On est tous très proches et pouvoir partager un moment comme ça… Ça restera gravé dans nos têtes.
Jacques
Les Jeux, c’est la magie. Le mélange des genres procure une ouverture d’esprit extraordinaire. Il y a plusieurs sports, des dizaines de nationalités. Quand on est dans le village olympique et que l’on mange avec un Chilien ou un Japonais, c’est la magie. Ces 10 000 jeunes ont un rêve incroyable qu’ils essaient d’exprimer… C’est inoubliable.
Dylan
Quand je suis revenu de Rio, j’ai mis deux ou trois jours à m’en remettre. On est dans le village olympique pendant plus d’une semaine, on est dans notre monde, c’est incroyable.
La plus belle course de la carrière des jumeaux
Jonathan
Le 4x400m de Beijing 2008. J’ai vraiment pris mon pied dans cette course. J’espère toujours pouvoir recourir dans cette fluidité, cet état d’esprit…
Jacques
Avant la course, je l’ai pris au cou, et lui ai dit "tu fais ce que tu veux, mais tu es deuxième au 600 m". Et c’est ce qui s’est passé.
Kévin
C’était ma première expérience du haut niveau, et c’est un peu comme si tout était facile. Que ce soit en individuel ou en relais. Quand on arrive en finale du 4 x 400 m, là où personne ne nous attend, et que l’on est deuxième derrière les États-Unis pendant trois tours… Juste avant moi, Tia Hellebaut qui fait médaille d’or en hauteur, était en train de se préparer, et ça a ajouté de l’euphorie. C’est la dernière épreuve, on est contre les meilleurs au monde et on a 20 ans.
Une course avec la famille Ingebrigtsen ?
Jacques
Je ne connais pas personnellement Henrik, Filip et Jakob Ingebrigtsen, mais nous serions content de faire un relais 4 x 400 m entre la famille Borlée et Ingebrigtsen !