Équipe olympique des réfugiés : Passionnée de cyclisme, Eyeru Gebru a fui la guerre en Éthiopie et portera la flamme à Bayeux
À moins de deux mois des Jeux, Eyeru Gebru va déjà goûter à l’ambiance olympique.
La cycliste éthiopienne participera au relais de la flamme ce jeudi 30 mai pendant l’étape dans le Calvados avant d'être une des 36 athlètes de l'équipe olympique des réfugiés à Paris 2024.
Sélectionnés par le Comité International Olympique (CIO), ces futurs olympiens représenteront les populations déplacées dans le monde, soit plus de 100 millions de personnes.
La passionnée de cyclisme sur route se souvient de sa réaction à l’annonce officielle du CIO le 2 mai, quand elle a entendu son nom parmi la liste des athlètes sélectionnés pour les prochains JO.
« J’étais très émue et très heureuse », a-t-elle confié en exclusivité pour Olympics.com, avec le recul.
Cette sélection a beaucoup d’importance pour elle qui rêvait de participer aux Jeux Olympiques.
« Quand j’ai quitté mon pays il y a quelques années, j’ai cru que mon rêve olympique était terminé. Mais mon statut de réfugiée ne m’a pas empêchée de poursuivre mes rêves, c’est pourquoi ces JO sont si particuliers pour moi. Je suis très reconnaissante envers le CIO pour cette formidable opportunité. »
Accueillie en France après avoir fui la guerre en Éthiopie, elle portera la flamme olympique à Bayeux le 30 mai.
« C’est un grand honneur pour moi, je suis tellement heureuse et fière. »
Découvrez comment Eyeru Gebru est passée du rêve au cauchemar en 2020, avant que sa passion pour le cyclisme lui permette de nourrir à nouveau ses espoirs olympiques. Consciente que le chemin est encore long pour rivaliser avec les meilleures coureuses à Paris 2024, elle a déjà un plan de route pour s’y préparer au mieux, fidèles à ses valeurs.
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Après le cauchemar de la guerre, un rêve olympique enfin palpable pour Eyeru Gebru
Dans une interview en anglais pour Eurosport l’été dernier, Eyeru Gebru a déclaré que le cyclisme lui avait sauvé la vie. Comme quoi la roue peut parfois tourner dans le bon sens quand elle animée par la passion.
« Le cyclisme compte plus que tout pour moi », explique-t-elle à Olympics.com.
Sa passion a débuté quand elle faisait simplement du vélo, puis des courses. Elle se souvient d’avoir même privilégié le cyclisme par rapport à l’école, suscitant la colère de sa famille. « Mais j’étais contente de ma décision : poursuivre mes rêves. »
Ses ambitions l’ont ainsi amenée à disputer des courses en Europe pendant trois ans avec l’équipe apatride du Centre Mondial du Cyclisme (CMC) de l’Union Cycliste Internationale (UCI), basée en Suisse.
« Pendant l'intersaison, je rentrais généralement chez moi pour passer mon temps en famille et avec mes amis. »
Mais ça, c’était quand elle menait « une vie normale ». Or, la guerre a malheureusement éclaté dans son pays en 2020.
« J’y étais, ça faisait peur, c’était un cauchemar », raconte Eyeru Gebru en se replongeant dans ses souvenirs de l’époque.
Elle a même dû arrêter le cyclisme pendant plus de deux ans, au moment du conflit.
« La situation n’était pas bonne, mais le fait de penser et de rêver à mon vélo était ma plus grande force pour surmonter ces moments difficiles. C’était comme une thérapie. Ça m’a permis de détourner mon attention des mauvaises nouvelles... »
Avec le recul, elle parvient à en retirer du positif malgré tout. Preuve que sa force de caractère est à toute épreuve.
« J’espérais et continuais à croire que les choses allaient changer et que je pourrais remonter sur mon vélo. Et cet espoir ne m’a pas seulement aidée à reprendre mon sport : dans ma vie personnelle aussi, il m’a rendue encore plus forte et me permet de voir les choses différemment. »
Aujourd’hui âgée de 27 ans, cette athlète résiliente pourrait adapter le fameux dicton ainsi : « l'espoir permet de survivre ».
La France, une terre d’accueil et bien plus encore pour Eyeru Gebru
Eyeru Gebru s’est confiée ouvertement sur son exil en France, à l’instar de son pays hôte qui l’a accueillie à bras ouverts : « c’était un parcours long et difficile pour moi ».
« J’ai quitté mon pays pour survivre. C’était dur pour moi de tout laisser là-bas : ma famille, ma vie. Et quand je suis arrivée en France, c’était dur aussi au début. »
Mais elle explique que par la suite, lorsque les gens ont commencé à connaître son histoire, il y a eu – et il y a toujours – beaucoup de gentilles personnes qui l’ont aidée à « vivre une vie normale en tant que réfugiée ». Elle a ainsi pu reprendre son sport sur sa nouvelle terre d’accueil.
« J’ai tellement de chance et suis reconnaissante d’avoir ces personnes à mes côtés. »
Les attentes d'Eyeru Gebru pour Paris 2024, comme à la maison dans son pays d'accueil
Pragmatique, Eyeru Gebru se dit persuadée que la course pendant les JO sera très difficile.
« Ce sont les Jeux Olympiques, tout le monde arrivera au meilleur de sa forme pour cette course et le parcours n'est pas mon point fort. »
Mais elle n'entend pas pour autant baisser ses ambitions face aux coureuses qu'elle a déjà rencontrées sur plusieurs épreuves internationales.
« Je connais mon niveau et je sais aussi à quel point elles sont fortes. Je m'entraîne dur et je me prépare à être compétitive pour essayer d'obtenir un bon résultat. Et j'aimerais surtout profiter de participer à mes premiers Jeux Olympiques dans mon pays d'accueil. »
Avec cet état d'esprit, elle a tout compris. Car comme le disait Pierre de Coubertin, « l'important, c'est de participer ».