VNL 2023 | Earvin Ngapeth, Kévin Tillie, Jenia Grebennikov... L’équipe de France de volley, champions de père en fils
Près d'une dizaine de Bleus présents dans la liste élargie d’Andrea Giani pour la Ligue des nations (VNL) sont fils d’anciens volleyeurs internationaux. En France, le volley est aussi une affaire de famille.
Championne aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020 et tenante en titre de la Ligue des Nations (VNL), l’équipe de France de volleyball hommes fait partie des meilleures nations mondiales.
Si le focus en cette année pré-olympique est mis sur le Championnat d'Europe de volleyball 2023 qui se disputera du 28 août au 16 septembre 2023, le sélectionneur Andrea Giani profite de cette VNL pour tester le réservoir français.
Au sein d’une liste élargie de 30 noms, Giani a convoqué des jeunes à fort potentiel et des cadres d’expérience qui rejoindront le groupe pour la deuxième phase de la Ligue des nations. Mais cette liste cache également un petit secret, singulier du monde du volley français : la présence de presque un tiers de fils d’anciens internationaux.
Ils sont au nombre de huit (Earvin Ngapeth, Kevin Tillie, Jenia Grebennikov, Yacine Louati, Jean Patry, Trévor Clévenot, Hilir Henno, Kellian Motta Paes) et présentent un parcours et une histoire familiale bien différents.
Olympics.com vous les présente.
Les Tillie, une famille en or
Lors de son épopée aux Jeux de Tokyo 2020, qui l’aura vu sacrée championne olympique, la sélection française était coachée par Laurent Tillie. Ancien international de 1982 à 1995, il a joué 406 matchs avec l’équipe de France. À Tokyo, près de la moitié des joueurs de l’équipe de France était des fils d’anciens internationaux, dont Kévin Tillie, le fils de Laurent qui délivre des éléments de réponse pour essayer de comprendre d’où vient cette graine de champion dans la famille Tillie.
« Je pense que le volley est un sport tellement technique que le fait de grandir dedans t’offre un vrai avantage. Tu as aussi les gènes, tu hérites de certaines capacités physiques de tes parents qui ont été pros. Mais quand on y réfléchit, c’est fou que la moitié des champions olympiques soient des fils d’anciens joueurs » déclarait-il au site equipedefrance.com.
Dans la famille Tillie d'ailleurs, le sport, c'est sacré. L’histoire d’amour de cette famille avec le sport s’inscrit sur trois générations. Le père de Laurent Tillie, Guy Tillie, fut international et champion de France de volley en 1959. Il créa également le Nice Volley Ball en 1976. Le frère de Laurent Tillie, Patrice Tillie, fut international pour l’équipe de France de waterpolo, disputant les Jeux Olympiques de Barcelone 1992. Mais la saga familiale dans le sport des Tillie ne s’arrête pas là !
Les fils de Laurent Tillie ont prolongé la tradition. Kim Tillie et Kilian Tillie sont devenus basketteurs professionnels, tandis que Kévin Tillie a choisi la discipline de son père.
« Kévin a appris à marcher avec une balle. Au départ, il était même incapable de se déplacer, sinon il tombait ! il est un bien meilleur joueur que moi, meilleur en défense, au service... Moi j'avais un [mauvais] service ! Et Kévin a joué dans tous les grands Championnats européens, la Türkiye, la Pologne, l'Italie. Il m’impressionne », affirmait Laurent Tillie, interrogé sur le sujet par L’Équipe.
Mais les Tillie ne sont pas la seule famille d’internationaux dans le volley français. Loin de là.
Les Ngapeth, une médaille olympique comme graal familial
Star du volley français, Earvin Ngapeth n’est pas arrivé au volley par hasard. En effet, le duo Ngapeth père et fils est l’un des plus connus dans le volley en termes de sagas familiales et de reproduction sociale.
International de 1982 à 1990, Éric Ngapeth a joué près de 220 fois sous la tunique bleue. En 1987, il est finaliste du Championnat d'Europe de volleyball en s’inclinant 3 à 1 en finale contre l’URSS, en compagnie d’un certain Laurent Tillie. Eric Ngapeth a eu deux fils devenus professionnels dans le volley : Swann et Earvin, ce dernier remportant la médaille d’or aux JO de Tokyo 2020.
« Avec mon frère Swann, on jouait avec les ballons de baudruche, on mettait les chaises pour faire le filet au milieu du salon. On jouait toute la journée, la nuit parfois même. Mon père pense que cela nous a aidés », raconte Earvin Ngapeth au site equipedefrance.com.
Si les relations entre Earvin Ngapeth et son père Eric n’ont pas toujours été au beau fixe (notamment après une relation joueur - entraîneur qui s'est mal passée dans le club de Kemerovo), ils ont pu partager la joie d’un titre olympique, récompense pour les Ngapeth d’années de travail et de sacrifice.
« Après le titre olympique, la première personne que j’ai appelée quand on est monté dans le bus, c’est mon père. Après les galères en Russie, les périodes où il m’appelait pour me dire de tenir, de chasser les doutes, finalement il y a cette médaille ! », rappelait Earvin Ngapeth. La confirmation que l’expérience et les conseils d’un père ancien international font également partie de la recette des dynasties familiales sportives.
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Jenia Grebennikov et Yacine Louati, un héritage international
D’autres Bleus sont également fils d’anciens internationaux, mais qui ont joué pour des sélections autres que l’équipe de France de volley. C’est le cas notamment pour les champions olympiques Jenia Grebennikov et Yacine Louati.
Yacine Louati est le fils de l’ancien international tunisien Moutaa Louati. À l’image d’autres fils d’internationaux, c’est à son père, vainqueur de la coupe d’Afrique en 1977, qu'il doit sa passion pour le volley.
« Je suis né dans le volley. Mes premières manchettes quand il me lançait un ballon, je devais avoir à peine un an. À cinq ans, je jouais avec lui après ses matchs. […] J’ai le souvenir d’avoir joué très souvent avec mon père. J’allais voir ses entraînements, je l’accompagnais, j’intégrais ses propres entraînements », confie Yacine Louati à Vosges Matin.
Pour le libéro Jenia Grebennikov, le volley a toujours été une évidence. Fils d’une entraîneure de volley et de Boris Grebennikov, ancien international pour l’URSS (35 sélections), Gebre a baigné dans le volley toute sa vie. Coach du Rennes Volley 35 pendant 9 ans, c’est Boris Grebennikov qui a fait découvert le poste de libéro à son fils Jenia et l’a lancé en ligue professionnelle.
« Si je m’étais écouté, j’aurais été réceptionneur-attaquant. C’est mon père qui m’a convaincu que pour toucher les étoiles, il fallait être libéro », a-t-il affirmé pour Le Monde.
Quelques années plus tard, Jenia Grebennikov se verra être élu meilleur libéro du monde. Merci papa.
« Jenia, il est génial. C’est le meilleur libéro du monde. Il saute partout, échange énormément. Toujours à l’écoute, il fait du bien dans le travail quotidien, à demander comment s’améliorer », décrivait à Libération, Jean Patry, un autre « fils de ».
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Hilir Henno, Kellian Motta Paes, la nouvelle génération des « fils de »
Trévor Clévenot et Jean Patry sont d’autres fils d’internationaux. Le premier, à l’instar d'Earvin Ngapeth, s’est également épanoui dans le football dans son enfance. Son père, Alain Clévenot, ancien international avec 35 sélections, ne l’a pas poussé vers le volley, bien au contraire.
« Le volley a fait partie intégrante de son éducation. Au début, je ne voulais pas qu'il en fasse en club. Je trouvais ce sport beaucoup trop statique, sans suffisamment de dépense énergétique pour un jeune. Quand il a intégré le centre de formation de Toulouse, je lui ai dit : « Ce n'est pas parce que je l'ai fait que tu dois suivre la même carrière, mais si ça te fait plaisir, vas-y ! », confiait Alain Clévenot à L’Équipe.
Le second est le fils de Christophe Patry, international français de 1990 à 1991. Si Jean Patry, champion olympique, a un palmarès bien plus important que son paternel, celui-ci ne lui en tient pas rigueur.
« J'ai été son premier entraîneur, en lui faisant travailler la polyvalence, il a joué à tous les postes, sans vraiment point fort. […] Il est beaucoup plus fort que moi. Je ne suis même pas allé aux Jeux de Barcelone 1992 ! J'avais la tête ailleurs à cette époque-là. Il réalise un truc de malade, il évolue dans une sphère que je connais pas. Je lui ai dit : "C'est toi aujourd'hui qui me fait découvrir le très haut niveau" », déclarait Christophe Patry pour L’Équipe.
Aujourd’hui, les « fils de » ne sont pas l’apanage de la génération dorée de Tokyo. Parmi les jeunes joueurs convoqués dans la liste élargie d’Andrea Giani, Kellian Motta Paes et Hilir Henno sont également des fils d’anciens internationaux.
Hilir Henno devra cependant vivre avec une glorieuse comparaison paternelle. En effet, son père, Hubert Henno, fut un libéro de légende dans l’équipe de France de volley, avec 254 sélections. S'il doit sa passion au volley à son père, le déclic a été provoqué par un autre membre de la famille, son petit frère.
« Ma mère allait accompagner mon frère au volley. Je les ai suivis, puis j’ai vu Mathis jouer au volley. J’avais trop envie d’y aller. J’ai demandé l’autorisation à ma mère. J’ai directement accroché », confie-t-il à RMC Sport.
Mais, si être fils d’ancien international est une aide, au lancement d’une carrière notamment, il n’y a pas de traitement de faveur une fois sur le terrain.
« Fils de ou pas, si tu es nul, tu ne vas pas jouer dans les plus grands clubs du monde. Cela ne dépend que de toi, du fait de te donner à fond », conclut Hilir Henno à La Nouvelle Républicaine.