De Beijing 2008 à Tokyo 2020, l'équipe de France de handball veut continuer à écrire sa légende

Double championne olympique, triple championne d'Europe et sextuple championne du monde, l'équipe de France masculine possède le plus beau palmarès du handball mondial. Après un premier titre olympique remporté le 24 août 2008 à Beijing, les "Experts" se sont installés au sommet et s'y sont maintenus. Ils visent maintenant leur qualification pour les Jeux de Tokyo afin de poursuivre leur parcours d'excellence.

De Beijing 2008 à Tokyo 2020, l'équipe de France de handball veut continuer à écrire sa légende
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Le chemin a été long avant que la France devienne la meilleure équipe de handball au monde, la plus titrée et celle ayant réussi une série d'exploits totalement inédits. Ainsi, de l'introduction du sport au programme olympique, aux Jeux de Munich 1972 à ceux de Séoul 1988, la formation qui naviguait dans les profondeurs du classement mondial n'a jamais réussi à participer au grand évènement planétaire.

Mais tout a commencé à changer avec l'arrivée de Daniel Costantini au poste d'entraîneur des "Bleus", au milieu des années 1980. Introduisant de nouvelles méthodes, de nouvelles exigences,  et s'appuyant sur une génération montante autour, en particulier, de la future star planétaire Jackson Richardson, il a permis à l'équipe nationale de remonter la pente.

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Des "Bronzés" aux "Costauds" en passant par les "Barjots"

Les Français se qualifient enfin pour les Jeux de Barcelone en 1992 où leur parcours et leur joie de vivre attirent l'attention. Ils commencent par signer une victoire de prestige face à l'Espagne pour leur tout premier match olympique, continuent sur le même rythme et atteignent les demi-finales. Parvenus dans le dernier carré, ils se teignent tous en blond ! Défaits par la Suède, les Denis Lathoud, Frédéric Volle, Stéphane Stoecklin, Philippe Gardent, Jackson Richardson et consorts s'adjugent la médaille de bronze en battant l'Islande dans la petite finale. Pour le public français, ils deviennent "Les Bronzés".

Vice-championne du monde en Suède en 1993, cette génération remporte le 21 mai 1995 le premier titre mondial de la France dans un sport collectif en battant la Croatie en finale à Reykjavik, 23-19. L'esprit qu'elle dégage, son aspect fantasque, débouche sur un nouveau surnom : "Les Barjots". Leur aventure s'achève aux Jeux d'Atlanta 1996 où ils finissent quatrièmes. De nouveaux joueurs talentueux vont bientôt prendre la place. En attendant, Costantini passe la main sur un deuxième titre de champion du monde remporté à domicile en 2001 sur une victoire après prolongations 28-25 face à la Suède qui aura mis les gradins du Palais omnisports de Paris-Bercy en fusion. Nouveau changement de surnom : ce sont "Les Costauds".

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Le nouvel entraîneur tricolore des "Costauds" est Claude Onesta. Avec lui, la France va s'installer sur le toit du monde. Constamment sur le podium des championnats du monde et d'Europe, mais dans un premier temps, sans connaître la réussite aux Jeux (6es à Sydney 2000 puis battus par la Russie en quarts de finale à Athènes 2004 où Jackson Richardson est le porte-drapeau de la délégation française), les "Bleus" s'appuient sur de nouveaux joueurs de talent, comme le gardien Thierry Omeyer, et les joueurs Nikola Karabatic, Daniel Narcisse, Luc Abalo, Didier Dinart, Olivier Girault, Michaël Guigou, Jérôme Fernandez, Guillaume et Bertrand Gille, notamment, et sont pour la première fois sacrés champions continentaux lors de l'Euro disputé en Suisse en 2006.

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Les "Experts" balayent tout sur leur passage

À Beijing en 2008, le capitaine Olivier Girault et ses coéquipiers mènent un parcours impérial. Au village, leur aventure est le fil rouge de l'ensemble la délégation française, puisqu'ils jouent durant toute la durée des Jeux quand les autres athlètes ont pour la plupart leur épreuve d'un jour. Ainsi, à quelques heures de la cérémonie de clôture le 24 août, plusieurs centaines de compatriotes athlètes et membres de la délégation remplissent les gradins du National Indoor Stadium pour former un véritable et très bruyant "kop" soutenant son équipe lors de la finale disputée face à l'Islande. Thierry Omeyer multiplie les arrêts, la défense autour d'un énorme Didier Dinart est intraitable, Karabatic, Bertrand Gille, Abalo, Narcisse, se montrent prolifiques en attaque et la France s'impose 28-23 sans trembler.

"On est au plus haut sommet du handball mondial, c'est magique. On a le sentiment du devoir accompli. À titre personnel, c'est le seul titre qui me manquait. C'est une belle victoire, le groupe a été grandiose durant tous les Jeux. Le match a été vite plié dans le sens où on les a pris au sérieux. On a gagné tranquillement", observe Didier Dinart. "Je suis heureux, je savoure, parce qu'avant il y avait eu des déceptions, comme à Sydney ou à Athènes. On y pense. C'est la victoire du sacrifice. Cette équipe méritait ce titre," ajoute Olivier Girault. Avec cette première médaille d'or olympique, un nouveau surnom, toujours en vigueur onze ans plus tard, voit le jour : "Les Experts".

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Champions du monde pour la troisième fois en 2009 puis à nouveau d'Europe en 2010, les Experts réalisent une série inédite en détenant les trois titres majeurs du handball simultanément, et ça continue puisqu'ils s'imposent une quatrième fois au niveau planétaire en triomphant du Danemark en finale des Mondiaux 2011 disputés en Suède. Malgré une alerte en janvier 2012 lors de l'Euro en Serbie où ils sortent de la compétition après le deuxième tour, ils vont devenir huit mois plus tard la première équipe nationale de handball à avoir réussi à conserver un titre olympique.

Avec dix joueurs médaillés d'or quatre ans plus tôt à Beijing, ils connaissent une défaite au premier tour (29-30 face à l'Islande), et passent par un trou de souris en quarts de finale devant l'Espagne, quand le jeune William Accambray parvient à marquer à la dernière seconde (23-22). Après avoir réussi à maîtriser la Croatie en demi-finale, les Français affrontent la Suède et mènent à la marque durant toute la finale, même si le score reste serré : 22-21 pour monter sur la première marche du podium à Londres en imitant de concert le fameux geste "éclair" de Usain Bolt.

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Et la série continue : troisième titre de champions d'Europe en 2014, cinquième médaille d'or aux championnats du monde en 2015 et à nouveau, tous les titres majeurs en poche simultanément ! Au Jeux de Rio 2016, "les Experts" se retrouvent pour la troisième fois de suite en finale et sont archi-favoris face au Danemark. Mais, emmenés par un Mikkel Hansen en feu, les Danois posent des problèmes insolubles à leurs adversaires, et les font chuter, l'emportant 28-26.

Un sixième titre mondial sur la route des Jeux de Tokyo 2020

Alors que Didier Dinart prend les commandes de l'équipe de France en remplaçant Claude Onesta, "les Experts" s'adjugent un sixième titre mondial (total inédit) en 2017 au Qatar. Sur la période 2001-2017, Thierry Omeyer, désigné par l'IHF meilleur gardien de tous les temps, compte dix médailles d'or (Euro, Mondial, JO), Nikola Karabatic, Michaël Guigou, Daniel Narcisse et Jérôme Fernandez en ont quant à eux neuf. La génération des Experts est la meilleure de l'histoire du handball mondial.

Et maintenant ? La France, médaillée de bronze à l'Euro 2018, puis aux championnats du monde 2019 disputés en janvier en Allemagne et au Danemark, a raté sa qualification directe pour les Jeux de Tokyo 2020, obtenue par le seul Danemark champion du monde pour la première fois de son histoire après 22 participations. Elle a obtenu sa place aux Championnats d'Europe 2020, première compétition continentale à 24 équipes qui sera organisée du 10 au 26 janvier conjointement par l'Autriche, l'Allemagne et la Norvège. Le champion d'Europe 2020 sera qualifié pour les Jeux. S'il s'agit du Danemark, le billet olympique sera pour le deuxième finaliste. Grâce à sa troisième place aux Mondiaux 2019, la France pourra ensuite, en cas de non-réussite à l'Euro 2020, participer à un des trois tournois de qualification olympique programmés en avril 2020 où les deux meilleures équipes valideront leur billet pour les Jeux de Tokyo.

Quel sera le nouveau surnom des joueurs français si leur parcours d'excellence se poursuit en 2020 ?

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