« J'y pense tout le temps. Les Jeux Olympiques à la maison, c'est vraiment mon objectif majeur. »
À un peu plus de deux ans de la cérémonie d’ouverture de Paris 2024, Davina Michel est déjà focalisée sur cet événement. Elle a l’occasion de se qualifier aux Jeux Olympiques pour la première fois de sa carrière.
La première ? Pas tout à fait. Dix ans avant Paris 2024, la Française a participé aux Jeux Olympiques de la Jeunesse de Nanjing 2014, « sa plus belle compétition jusqu’à aujourd’hui ».
À cette époque, Davina Michel ne boxait en compétition que depuis deux ans mais elle était déjà une des boxeuses les plus prometteuses de l’Hexagone. Elle avait quitté sa Martinique natale pour la France métropolitaine et les résultats avaient rapidement été au rendez-vous avec un titre de championne de l’Union européenne et une finale mondiale chez les cadettes.
Son talent précoce lui avait même permis d’envisager une qualification aux Jeux Olympiques de Rio 2016.
Encore junior et contrainte de s’adapter à une nouvelle catégorie de poids, Davina Michel est devenue vice-championne de France seniors.
« J'étais vraiment trop jeune, je venais juste d'avoir 18 ans, je savais très bien que je n'aurais pas pu faire les JO. J'ai voulu chercher le titre national parce que j'étais là pour ça. Mais la qualification olympique, ça n'aurait pas pu être moi, j'étais vraiment trop jeune », se rappelle-t-elle.
« Je n’étais ni boxeuse, ni sportive »
Même sans Jeux Olympiques, cette année 2016 a été un tournant pour elle. Davina Michel a décidé de raccrocher les gants malgré l’avenir brillant qui l’attendait. La boxeuse n’arrivait plus à supporter la distance qui la séparait de sa famille restée en Martinique.
« C’est arrivé un peu trop vite », reconnaît-elle aujourd’hui.« Je n'avais pas les résultats qu'on espérait et avec moi, ça ne fonctionnait tout simplement pas. Il y avait l'éloignement de la famille, le rythme qui change... Je n'avais pas de famille à Paris alors je n'avais que l'INSEP et la boxe en équipe de France, ça ne s'arrêtait jamais. C'était vraiment compliqué, et même culturellement parlant, au niveau du climat, il y avait tout qui changeait », explique Davina Michel pour expliquer les raisons qui l’ont motivée à retourner en Martinique.
La coupure avec le monde du sport a été aussi brutale que les changements vécus à son arrivée à Paris. La Martiniquaise est revenue chez ses parents où elle a préparé son bac et fait des petits boulots. Surtout, elle a arrêté toute pratique physique pendant deux ans.
« J’ai pris 30 kilos, à ce moment-là, je n’étais ni boxeuse, ni sportive. »
Cette fille du président d’un club de boxe martiniquais n’avait plus la tête ni le physique pour faire de la haute-performance. Mais le talent était toujours là. Et il a suffi d’une opportunité pour que Davina Michel retente sa chance.
Des liens avaient été tissés avec Manuel Dos Santos, un entraîneur qu'elle avait eu en équipe de France jeunes qui a sa belle-famille dans les Antilles.
En avril 2018, le père de Davina Michel a invité l’entraîneur de Garges-lès-Gonesse et son équipe pour un gala. C’est dans ce cadre que l’ancienne vice-championne de France a remis les gants, juste pour se rappeler au bon vieux temps avec des filles qu’elle connaissait.
« On s'est rendu compte que je n'avais presque rien perdu techniquement », explique celle qui a retrouvé ce dont elle avait besoin pour relancer sa carrière sportive : quelqu’un qui avait confiance en elle.
« Il m'a dit, tu reviens, tu fais championne de France, tout va s'enchaîner comme avant et tu vas faire les Jeux Olympiques. »
Davina Michel est la triple championne de France en titre
Davina Michel doutait en raison de son état de forme, mais elle s’est laissé convaincre. Sur les conseils de son ancien entraîneur, cette compétitrice-née n’a même pas attendu les résultats du bac pour revenir tenter sa chance dans l’Hexagone.
Et la réussite a été aussi rapide que lors de sa première venue. La -75 kg a perdu le poids pris et gagné le titre national seniors en moins de six mois. « Je ne pensais pas que ça allait se faire aussi vite, c’était inimaginable », reconnaît-elle désormais.
Ce retour sur les rings a été accompagné par un état d’esprit complètement différent.
« Aujourd'hui, je sais ce que je veux, si je suis là, c'est par choix. Je suis revenue parce que j'ai envie d'être là. La mentalité est différente. »
Tokyo 2020 est devenu un objectif de plus en plus concret à chaque titre national qu’elle remportait. Elle en a décroché trois d’affilée, une série qui la rend d’autant plus fière que la Martiniquaise travaille en parallèle à ses exploits sur le ring. Quand elle n’est pas en stage, Davina Michel est assistante dentaire la journée et ne s’entraîne que le soir. Un rythme qu’elle a eu besoin de dompter.
Une difficulté aussi sur la route de Tokyo 2020 qui lui a été barrée dès le TQO par Lauren Price, future médaillée d’or aux JO. La boxeuse de 24 ans y a cru, mais la marche était trop haute. Pour l’instant.
Déjà satisfaite du niveau affiché depuis son retour, elle a mis le cap sur Paris 2024.