Audrey Cordon-Ragot : objectif Paris 2024 après avoir été victime d’un AVC
Malgré un AVC en septembre dernier, Audrey-Cordon Ragot est au départ du Bretagne Ladies Tour ce mardi 9 mai. Son soucis de santé ne l’empêche pas de vouloir finir sa carrière en beauté comme elle l’imaginait, aux Jeux Olympiques de Paris 2024.
« Mon AVC a clairement été l'épreuve la plus marquante de ma vie. Je me suis rendue compte que la vie ne tenait qu'à un fil. »
Fin mars, Audrey Cordon-Ragot est revenue pour Olympics.com sur le moment qui a bouleversé sa carrière de cycliste et changé sa vie.
En 15 ans au plus haut niveau, elle a tout connu. L’aventure entamée à une époque où le cyclisme sur route femmes était encore loin d’être aussi professionnel qu’aujourd’hui a été rythmée par plus de 600 jours de courses, des victoires, des désillusions et plusieurs changements d’équipes au cours des derniers mois. C’est pourtant le 11 septembre 2022 que tout a failli basculé.
Elle a été victime d’un AVC, au moment où son départ pour l’Australie et les Championnats du monde de cyclisme sur route 2022 était prévu.
« Je suis une sportive et je sais quand ça ne va pas. Je me connais par cœur et là, ce matin-là, ça n’allait vraiment, vraiment pas. Du coup, j'ai passé ma journée aux urgences. On ne m’a rien détecté de très anormal à part qu'il fallait que je fasse des examens complémentaires. »
L’habitude de repousser ses limites sur un vélo lui a peut-être sauvé la vie. Avant même un diagnostic définitif, la Bretonne a confié à son mari qu’elle avait le pressentiment de faire un AVC. Quelques jours plus tard, les médecins ont confirmé cette impression. Les symptômes ont alors laissé la place à la peur.
Le choc d’un AVC au moment où Audrey Cordon-Ragot était au top de sa forme
Rien ne laissait présager un tel souci de santé.
La cycliste de 33 ans avait décroché la plus prestigieuse victoire de sa carrière seulement quelques semaines auparavant. Début août, elle avait goûté à « l'apothéose de ce qu'on peut rechercher en tant que cycliste professionnel », en s’imposant sur la Postnord Vårgårda WestSweden, sa première victoire sur le World Tour.
Dans la forme de sa vie, la championne de France en titre avait des ambitions élevées pour les Mondiaux avant d’être rattrapée par ce caillot qui s’était logé à proximité de l’oreille.
« Aujourd'hui, quand on parle d'AVC, on flippe clairement. Ça a été vraiment un choc parce qu'on se dit qu'à 33 ans, quand on est en pleine possession de ses moyens, il n'y a pas de raison que ça arrive. »
Le choc était d’autant plus grand que les symptômes dont elle a été victime ne sont pas habituels. Audrey Cordon-Ragot n’a pas subi de paralysie faciale, n’a pas perdu l’usage de la parole ou ressenti l’engourdissement d’un membre. Son expérience autant que son profil lui font penser qu’une meilleure sensibilisation est nécessaire pour le grand public.
« Il faut expliquer aux gens ce qu'est un AVC, comment ça peut arriver et que ça peut toucher tout le monde. Ça fait peur, mais c'est loin d'être une fatalité et j'en suis la preuve », explique la native de Pontivy.
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Audrey Cordon-Ragot veut terminer sa carrière aux JO de Paris 2024
Le diagnostic à peine posé, la sextuple championne de France a été préoccupée par la poursuite de sa passion. Remonter sur un vélo en compétition a été le « fil conducteur » de sa convalescence. Elle voulait absolument pouvoir terminer sa carrière comme elle l’avait prévue et c’est ce qui l’a incitée à se battre.
« Reprendre le cyclisme avec l'objectif de participer aux Jeux Olympiques de Paris 2024 m’a aidée à surmonter cette épreuve. Depuis que les JO ont été attribués à Paris, mon rêve absolu est de pouvoir y finir ma carrière et je savais que pour pouvoir le réaliser, je devais me remettre de cet AVC. »
Audrey Cordon-Ragot a passé deux mois sans rouler, mais n’a jamais perdu la motivation de pouvoir participer aux JO à domicile. C’est quelque chose de plus grand qu’elle, à l’image de ce maillot de l’équipe de France qui la transcende à chaque sélection.
En cette saison 2023 où les courses élite rapportent des points au classement UCI qui sert à l’attribution de 80 quotas olympiques, la porteuse du maillot tricolore y pense chaque jour, à chaque course. Les Jeux sont autant un objectif collectif qu’individuel pour elle.
« On sait qu'on peut qualifier jusqu’à quatre athlètes pour l’épreuve femmes donc il faut marquer un maximum de points. Si je participe à Paris 2024, j’ai envie d’y connaître mes Jeux Olympiques les plus aboutis. J’ai une réelle envie de performer pour l’équipe et selon le déroulement de la course, peut-être aller chercher un résultat personnel », explique Cordon-Ragot, qui a participé aux Jeux Olympiques de Londres 2012 et Rio 2016.
Son meilleur résultat aux JO est une 15e place en contre-la-montre lors de sa première participation. Mais plus que la performance, c’est le sentiment de découverte et la possibilité de « vraiment profiter de l’esprit olympique » qui l’ont marquée.
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« Une Audrey plus forte qui se présente au départ des courses »
Audrey Cordon-Ragot a été portée par sa volonté et sa résilience. Elle a repris le cyclisme après deux mois, plus vite que ce que les médecins lui avaient prédit, mais le chemin était encore long. « C’était horrible », s’amuse-t-elle au moment de se remémorer sa première sortie en vélo lors d’une cyclotouriste de 100 km en Martinique.
« À l’arrivée, je suis tombée dans les bras de mon mari et j’ai pleuré. Je me disais que c’était trop dur, que je n’allais jamais y arriver, mais c’était le début de ma reconstruction. Vivre ça en étant entourée de personnes qui étaient venus me soutenir a été très très émouvant. »
De nouvelles épreuves sont venues jalonner son retour à la compétition avec deux transferts précipités, d’abord en signant pour l’équipe Zaaf après l’abandon du projet B&B Hotels-KTM, puis en signant pour Human Powered Health quand les mois sans salaire se sont multipliés au sein de l’équipe espagnole.
Cela ne l’empêche pas d’être dans le top 20 du classement mondial au 17 avril 2023 grâce à un excellent début de saison. En plus de la confiance engrangée lors de la fin de saison 2022, la Française a tiré une force supplémentaire des épreuves traversées.
« Aujourd'hui, c'est une Audrey beaucoup plus forte qui se présente au départ des courses et en fait, à chaque fois que j'ai envie d'abandonner ou de lâcher, je repense à tout ce que j'ai vécu et je me dis, je n'ai pas le droit de faire ça », explique celle qui a déjà terminé cinq courses dans le top 10 en 2023.
Audrey Cordon-Ragot avait un plan et elle est plus déterminée que jamais à le suivre.