Christiansen a bien répété en vue d’une première intense à Rio

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Christiansen a bien répété en vue d’une première intense à Rio
(IOC/Kasapoglu, Mine)

Si la vie n’avait pas légèrement dévié de son scénario original, Henrik Christiansen aurait pu brûler les planches au lieu de se préparer à rejoindre Rio pour ses premiers Jeux Olympiques.

« J’ai fait beaucoup de théâtre quand j’étais plus jeune, alors que j’essayais de trouver ma voie. J’aimais vraiment ça, explique le nageur norvégien âgé de 19 ans. J’ai pris beaucoup de plaisir à monter des pièces, mais j’ai dû finalement choisir entre ça et la natation. À l’époque, la décision a été difficile à prendre. »

Heureusement, Henrik n’a pas eu à regretter son choix. Quinze ans après avoir jeté son dévolu sur les bassins, il a affiché son énorme potentiel en gagnant le bronze aux 400 m et 800 m nage libre des Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) 2014 de Nanjing. Depuis, il est allé en s’améliorant et à quelques longueurs de Rio, il est impatient de se mesurer aux meilleurs mondiaux.

« J’ai vraiment hâte d’y être, dit-il. D’une certaine manière, il ne faut pas trop y penser et considérer les Jeux comme une réunion ordinaire. On ne peut pas se mettre la pression en pensant que si ça rate, il faudra attendre quatre ans avant d’obtenir une nouvelle occasion. En même temps, c’est émouvant et je suis très heureux de m’être qualifié et de participer aux Jeux. »

À la vérité, sa qualification n’a jamais fait de doute. Henrik affiche en effet une forme insolente depuis l’été de Nanjing. Il va de records personnels en records personnels, au point de décrocher la deuxième place sur 400 m lors des récents Championnats d’Europe à Londres. Il estime que les Jeux Olympiques de la Jeunesse ont été essentiels à son ascension et souligne que l’émotion ressentie en montant sur le podium lui a ouvert l'appétit.

« Le 400 m nage libre a eu lieu le premier jour des compétitions de natation, se souvient-il. Je savais que je pouvais viser une médaille, mais j’ai nagé près de deux secondes de plus que mon record personnel. J'étais évidemment ravi de monter sur le podium, mais j’ai éprouvé un sentiment légèrement doux-amer. Personne dans l’encadrement norvégien ne devait en effet s’attendre à me voir gagner une médaille, car il n’y avait pas grand monde pour me regarder ! »

« J’ai eu cependant beaucoup plus de supporters au 800 m et après avoir pointé en quatrième ou cinquième position au dernier virage, j’ai fait l’effort dans la dernière longueur pour obtenir le bronze. C’était fantastique. Avoir pu renverser la vapeur et voir son nom dans les trois premiers, c’est une expérience extraordinaire. »

« Il est indéniable que concourir aux Jeux Olympiques de la Jeunesse offre une motivation supplémentaire. Cela vous permet de comprendre que votre rêve olympique pourrait se concrétiser. Dans la foulée, j’ai commencé à réaliser que je pourrais devenir un olympien et pas seulement un jeune olympien. Cela a été un déclic et pas uniquement pour moi : beaucoup de nageurs que j’ai affrontés à Nanjing figureront parmi mes adversaires les plus féroces à Rio. »

Les compliments d’Henrik sur les Jeux Olympiques de la Jeunesse ont trouvé leur écho ultérieurement, lorsque l’édition hivernale des JOJ a fait étape dans sa Norvège natale au début de cette année. « D’une certaine manière, [Lillehammer 2016] a ouvert les yeux du Norvégien lambda sur le fait qu’il existe une compétition appelée Jeux Olympiques de la Jeunesse et qu’elle est aujourd’hui assez énorme. Lorsque j’y ai participé en 2014, je ne pense pas que beaucoup de Norvégiens connaissaient les JOJ. C’était plutôt nouveau à l’époque mais maintenant, le grand public les a vraiment découverts. »

Henrik est un athlète à part, mais il y a un exemple à suivre : celui de Chad Le Clos. Le nageur sud-africain, champion olympique du 200 m papillon et vice-champion olympique du 100 m papillon à Londres 2012, a été l’une des stars des tout premiers Jeux Olympiques de la Jeunesse il y a six ans à Singapour, où il a remporté six médailles. Difficile d'imaginer meilleure illustration du tremplin que constitue cette épreuve pour tous ceux qui rêvent de succès à l’étage supérieur.

« S’il peut le faire, moi aussi, affirme Henrik. C’est un modèle extraordinaire, un jeune athlète surdoué qui a fait des pas de géants sur la scène mondiale. Cela montre tout simplement qu’on peut très bien donner de la voix aux Jeux Olympiques de la Jeunesse et devenir ensuite un ténor aux Jeux Olympiques. »

À l’approche des Jeux, Henrik a fait valser les records norvégiens et l’optimisme va croissant sur ses chances d’améliorer le mince total de médailles que le pays a engrangées en natation (de l’argent pour Alexander Dale Oen et du bronze pour Sara Nordenstam à Beijing 2008). Mais il reste discret à ce sujet et estime, compte tenu des nombreuses années s'offrent encore à lui, qu’atteindre ses objectifs à Rio tiendrait déjà de l'exploit.

« On ne va pas parler de médailles, dit-il. On parle de chronos et si j’arrivais à réaliser mes meilleurs temps aux Jeux Olympiques, je serais vraiment satisfait. Je ne suis pas certain de pouvoir me mêler à la lutte pour le podium cette fois-ci. Ça va être vraiment difficile en demi-fond, j’en suis sûr. »

L’époque où il brûlait les planches est bien loin derrière lui, mais son expérience du théâtre peut-elle lui être d’un quelconque secours lorsqu’il passera aux choses sérieuses au Brésil ?

« Je pense en fait que ça m’a vraiment servi, dit-il. C’est un peu comme lorsqu’on fait des exposés à l’école. Je ne suis pas trop inquiet à l’idée de concourir devant beaucoup de gens. Je garde mon calme et je pense que le théâtre y est pour quelque chose. »

Soyez-en sûr : en août prochain, lorsque sonnera l’heure de la plus belle représentation sportive de la planète, Henrik pourrait bien saluer sous les bravos.