Christian Taylor, à la chasse du triplé olympique et du record en triple saut

Double champion olympique en titre du triple saut, l'Américain Christian Taylor a remporté son quatrième titre mondial à Doha le 29 septembre 2019. Deuxième meilleur performeur de l'histoire dans sa discipline avec un bond à 18,21 m réalisé en 2015, il vise aujourd'hui le triplé aux Jeux de Tokyo 2020, et poursuit sa quête face au vieux record du monde détenu par le Britannique Jonathan Edwards depuis 1995 avec 18,29 m.

Christian Taylor, à la chasse du triplé olympique et du record en triple saut
(Getty Images)

Il a gardé le meilleur pour la fin ! Après ses victoires à Daegu en 2011, à Beijing en 2015 et à Londres en 2017, Christian Taylor remporte, le 29 septembre 2019 sur le sautoir du stade Khalifa à Doha (Qatar), son quatrième titre mondial du triple saut. Il mord ses deux premiers essais, il assure un saut modeste à 17,42 m à sa troisième tentative, puis il s'envole, prenant la tête de la finale avec un bond à 17,86 m pour son quatrième essai, avant un autre à 17,92 m au suivant qui lui assure la victoire, comme très souvent, aux Mondiaux et aux Jeux Olympiques, devant son compatriote Will Claye, 17,66 m.

Chasser Saneyev aux Jeux et Edwards pour l'histoire

"Cette victoire, c'est comme la première. Je n'ai pas trouvé le sommeil la nuit dernière. Mes parents, ma fiancée, mon beau-père sont là, j'ai reçu un soutien fantastique, alors que je suis très heureux d'apporter un nouveau titre aux USA," dit-il à chaud. "J'ai réalisé la meilleure performance de l'année, mais je voulais vraiment battre le record du monde pour les États-Unis, je crois qu'il nous appartient, nous avons une très forte tradition du triple saut."

En effet, le double champion olympique en titre est, depuis son avènement au plus haut niveau au début des années 2010, à la poursuite du mythique record du monde du Britannique Jonathan Edwards, réalisé le 7 août 1995 dans le stade Ullevi de Göteborg (Suède), 18,29 m au deuxième essai. Christian Taylor s’en est approché à plusieurs reprises, notamment lors de sa victoire aux Mondiaux de Beijing 2015 en atteignant 18,21 m, ce qui constitue la deuxième meilleure performance de tous les temps. "Je veux juste continuer à me battre pour améliorer ce record," dit-il à Doha.

Et puis, dans le domaine des records, il y en a un autre à égaler : trois titres olympiques consécutifs, ce que seul le Soviétique Viktor Saneyev a réussi à Mexico 1968, Munich 1972 et Montréal 1976 avant de prendre encore une médaille d'argent à Moscou 1980. "Après la victoire numéro quatre aux Mondiaux, je vise bien sûr la médaille d'or numéro trois aux Jeux. Et ça commence dès demain," explique le triple sauteur américain après sa victoire à Doha. "Je suis totalement concentré sur la route de Tokyo et je ne prends rien pour acquis. Les Trials vont être extrêmement durs ; le plus difficile, c'est d'être sélectionné en équipe olympique des USA, et c'est pourquoi j'ai tellement de fierté de les représenter," avant d'ajouter : " Ce serait énorme de disputer mes troisièmes Jeux, et mon rêve c'est de les avoir tous terminés sur le podium."

Premier titre olympique à Londres en 2012

Christian Taylor grandit à Fayetteville (Géorgie), où il est né le 18 juin 1990. Dès ses années de lycée, il est un très talentueux athlète qui brille aussi bien en football américain qu’en athlétisme, avec déjà le triple saut, mais aussi le saut en longueur et le 400 m. Il établit les records de la Sandy Creek High School de Tyrone (Géorgie, USA) dans toutes ces disciplines, et il s’adjuge les trois médailles d’or lors des championnats nationaux scolaires en salle en 2008, alors qu’il a déjà remporté un titre mondial chez les jeunes en triple saut à Ostrava (république tchèque) l’année précédente avec un bond à 15,98 m. Il rejoint l’Université de Floride pour s’entraîner sous la houlette de Rana Reider qui va l’accompagner dans tous ses exploits futurs. En attendant, Christian Taylor améliore rapidement ses performances au triple saut, devenant le N° 1 américain en 2010 avec 17,18 m, remportant trois titres NCAA avec les Florida Gators et figurant dix fois dans les sélections All Americans.

Après avoir gagné son premier titre de champion du monde à Daegu en 2011, il s'adjuge le titre olympique le 9 août 2012 à Londres.

Aux États-Unis et sur la scène mondiale, son plus grand rival est son compatriote Will Claye. Ce dernier le devance lors des Mondiaux en salle d’Istanbul en mars 2012. Lors des sélections olympiques américaines, ils font 1er et 2e, Taylor devant Claye. Dans le stade olympique de Londres, Will Claye, déjà médaillé de bronze en saut en longueur, prend la tête de la finale du triple saut, avec 17,54 m. Taylor mord ses deux premiers essais, et ne retombe qu’à 17,15 m au 3e. Mais son triple bond suivant, à 17,81 m lui vaut la médaille d’or, devant Claye (17,62 m) et l’Italien Fabrizio Donato (17,48 m).

"C’est une vraie bénédiction ! Partager ce moment avec toute ma famille qui est là… Je me sens tellement honoré. Il faut que je remercie mon entraîneur Rana Reider, et même sa femme pour le laisser jour après jour passer tellement d’heures avec nous. Au début de la compétition, j’étais anxieux, très excité, je suis venu ici dans le but de battre le record de Jonathan Edwards, mais après avoir raté mes deux premiers essais, il a fallu que je me calme un peu, et je suis si heureux d’être maintenant le champion olympique," dit Christian Taylor dans la foulée de sa victoire.

Bis repetita à Tokyo 2020 avant de faire encore mieux?

En 2013, le champion olympique s’installe en Angleterre, pour rejoindre Reider au sein de l’institut de haute performance britannique à Loughborough (Leicestershire) où il doit braver un climat très différent de la Floride où il s’entraînait précédemment. Il termine au pied du podium des Mondiaux IAAF de Moscou où le Français Teddy Tamgho s’impose avec un bond à 18,03 m puis profite d’une année 2014 sans Jeux ni championnats du monde pour participer aux Relais mondiaux de l’IAAF à Nassau où il gagne la médaille d’or du 4 x 400 m pour les USA en compagnie de David Verbug, Tony McQuay et LaShawn Merritt.

Après avoir dépassé les 18 m pour la première fois lors du meeting de la Ligue de Diamant de Doha en mai 2015 dans un concours historique puisque ses 18,04 m sont battus par le Cubain Pedro Pablo Pichardo (18,06m), Christian Taylor s’en va quérir son deuxième titre de champion du monde à Beijing. Dans la finale de ces 15es Mondiaux de l’IAAF sur le sautoir du Nid d’oiseau, il livre un match intense face à Pichardo, qu’il conclut à son dernier essai en retombant à 18,21 m.

Un an plus tard, de bon matin, le mardi 16 août 2016, sur le sautoir du stade olympique de Rio, Christian Taylor conserve son titre du triple saut. Il n’a en fait besoin que d’un essai. Son premier. 7e concurrent à s’élancer dans la finale, Il fait tout de suite mieux que son triple bond gagnant des Jeux de Londres 2012 retombant à 17,86 m, meilleure performance mondiale de la saison. Une marque qui n’est pas améliorée par la suite, mais Taylor valide sa domination avec deux autres essais mesurés à 17,77 m. Will Claye réussit lui aussi à s’installer définitivement sur la 2e marche du podium avec un premier essai à 17,76m. Encore mieux pour le Chinois Bin Dong, une seule de ses six tentatives est validée, la première à 17,58m synonyme de médaille de bronze.

Après avoir rejoint son lointain compatriote Meyer Prinstein (1900, 1904), le Brésilien Ademar Da Silva (1952, 1956), le Polonais Josef Schmidt (1960, 1964) et Viktor Saneyev (1968, 1972, 1976) pour devenir le cinquième athlète à réaliser le doublé olympique dans sa discipline, Christian Taylor explique à Rio, et comme presque à chaque fois, qu'il en voulait plus, qu'il désirait s'imposer en battant le record du monde. Il se contente aujourd'hui d'être le seul quadruple champion du monde de sa discipline.

À 29 ans, le meilleur triple sauteur de sa génération poursuit donc sa quête : dépasser les 18,29 m, et si possible, réaliser cet exploit en se couvrant d'or dans le stade olympique de Tokyo l'année prochaine !

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