Charline Picon au bout du suspense, Dorian van Rijsselberghe conserve son titre
Enjeux différents lors des courses aux médailles de la planche à voile RS:X disputées dimanche dans la baie de Guanabara. Pour le Néerlandais Dorian van Rijsselberghe, c’était déjà fait, deuxième titre olympique en poche. Pour la Française Charline Picon, il fallait devancer toutes ses rivales à l’arrivée. Ce qu’elle a fait. Ce sont les deux premiers titres de la voile à Rio 2016.
Multiple championne d'Europe et du monde et désormais championne olympique: à 31 ans, Charline Picon détient désormais tout simplement l'un des plus beaux palmarès de l'histoire de la planche à voile mondiale.
Elle rejoint au palmarès olympique Faustine Merret, dernière française sacrée en planche à voile à Athènes en 2004. Mais la domination de la Charentaise sur la planche mondiale n'a pas d’égale. La kiné, licenciée au Club Nautique de la Tremblade, remobilisée après sa déception de la veille où elle avait été pénalisée pour avoir volé le départ d'une régate finie à la 2e place, est allée chercher le Graal olympique au terme d'une finale au suspense insoutenable où six concurrentes pouvaient encore décrocher l'or.
« C'était un scénario de cinéma, j'ai encore du mal à réaliser. A la ligne d'arrivée, je savais que c'était bon et j'ai lâché tellement d’émotion", a réagi la jeune femme, qui quelques minutes après la délivrance s'est jetée dans les bras de son entraîneur depuis quatre ans, Cédric Leroy.
« On a pleuré ensemble, il était aussi dans l'émotion, il m'a dit que j'étais trop forte », a-t-elle ajouté, un drapeau tricote sur les épaules. « Depuis quatre ans, malgré les titres, je n'avais pas montré une émotion, pas une larme, toujours droit dans mes bottes » a ajouté son entraîneur. « Et là vous voulez savoir? J'ai pleuré, c'est une très belle aventure. »
Jamais une régate finale de planche olympique n'avait été aussi incertaine: au départ, six concurrentes, de l'Italienne Flavia Tartaglini, leader à l'Espagnole Marina Alabau-Neira, championne olympique en titre, se tenaient en cinq points. Dans des petits airs, alors que le départ avait été retardé de plus d'une heure faute de vent, la Française a terminé à la 2e place de cette ultime manche mais a devancé ses principales rivales pour le titre.
La Chinoise Chen Peina qui comptait le même nombre de points que la Française avant le dénouement a pris la médaille d'argent et la Russe Stefaniya Elfutina le bronze. L'Italienne Flavia Tartaglini en tête avant cette ultime course et longtemps leader au général a craqué et a été éjectée du podium.
Dorian van Rijsselberghe conserve son titre!
En planche à voile hommes, tout était joué avant la medal race. Le véliplanchiste néerlandais Dorian van Rijsselberghe comptait suffisamment d'avance, à l'issue des régates du vendredi 12 août, pour conserver son titre olympique. Il ne pouvait plus être rejoint lors de la course à la médaille qui a réuni dimanche les dix meilleurs et où les points sont doublés. Le Britannique Nick Dempsey, déjà son dauphin à Londres, occupait la deuxième place et ne pouvait pas être repris non plus.
Mais Dorian van Rijsselberghe, quasiment intouchable dans la baie de Guanabara aux commandes de sa planche à voile RS:X, s’est tout de même payé le luxe de remporter dimanche cette dernière régate, qui théoriquement compte tant, mais où il courait en déjà double champion olympique « Je suis très heureux », a-t-il dit. « On a eu une merveilleuse semaine de voile et aujourd’hui, c’était en quelque sorte un show, mais je suis content d’avoir pris une nouvelle première place et d’avoir gagné cette régate. J’ai beaucoup de chance ». Etait-ce si facile de remporter une course aux médailles qui ne représentait plus d’enjeu pour lui ? « Ce n’est jamais facile, mais quand vous rendez les choses faciles, c’est toujours très bon ! ».
Nick Dempsey n’est pas déçu de cette nouvelle médaille d’argent. « Non, je ne serai jamais déçu. Vous savez, je me suis entraîné dur ces quatre dernières années, et j’ai tout donné. Je ne pouvais pas me demander plus. J’ai juste été assez bon pour la 2e place ici et j’en suis très content ».
La bataille pour le bronze a en revanche été intense et c’est le Français Pierre Le Coq qui en est sorti médaillé. La fenêtre était pourtant très étroite pour le Breton de Saint-Brieuc qui partait en 4e position au général et devait impérativement devancer le 3e, le champion du monde polonais Piotr Myszka. Les deux rivaux ont disputé un véritable "match race » et le Français a finalement coupé la ligne d’arrivée en 7e position alors que le Polonais a terminé 9e.