TQO mondial de boxe à Busto Arsizio : Yojerlin César en quête d’un quota olympique pour lancer sa carrière chez les seniors
À seulement 19 ans, Yojerlin César va tenter de décrocher un quota olympique pour les JO de Paris 2024 en boxe. Il aura une première chance d'y parvenir au TQO mondial de Busto Arsizio, sa première compétition planétaire en seniors.
Yojerlin César est le plus jeune Français retenu pour le premier TQO mondial de boxe.
Il n’a que 19 ans et va participer à sa première grande échéance internationale en seniors du côté de Busto Arsizio à partir du 3 mars.
La plus grande compétition de sa jeune carrière pourrait lui offrir un quota pour les JO de Paris 2024. Cette opportunité procure de la fierté et du bonheur à l’athlète du Boxing Lyon United, mais pas de la surprise car il a fait les efforts pour.
« Je gardais l’objectif Paris 2024 dans mon cœur, pour moi tout seul. Je me disais qu’en travaillant dur, il n'y avait pas de raison pour que je n'ai pas ma place. J’ai travaillé en silence, petit à petit et j’ai performé quand il fallait performer », explique-t-il dans une interview exclusive avec Olympics.com.
Sa convocation au TQO récompense une irrésistible ascension marquée par des performances prometteuses en jeunes et un titre de champion de France élite en 2022. Le boxeur qui était plutôt programmé pour viser Los Angeles 2028 a gravi les marches à la manière de Rocky Balboa à Philadelphie. Mais il ne lève pas encore les bras, car le chemin ne fait que commencer pour lui. Le Français n’est de toutes façons pas du genre à avoir le verbe aussi haut que sa garde.
Il fait preuve d'une incroyable maturité en parlant. Son discours est posé, ses idées claires. L'émotion et les yeux qui pétillent a l'évocation d'une possible participation aux JO de Paris 2024, son « Graal », rappellent néanmoins qu'il n'est qu'un tout jeune adulte. Le parcours qu'il déroule aussi.
Quand certains de ses coéquipiers en équipe de France montaient sur les podiums aux JO de Rio 2016, Yojerlin César, 12 ans, n'avait encore jamais enfilé les gants. A-t-il été inspiré par l'exceptionnelle moisson des boxeurs tricolores au Brésil ? Même pas.
« J'avais regardé vite fait Tony Yoka et Sofiane Oumiha quand ils ont gagné leur médaille, mais je ne comprenais rien au sport, je voyais juste des gens qui se tapaient dessus. La boxe, c'était ça pour moi à cette époque. »
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Yojerlin César a été champion de France après seulement un an de boxe
Il étale déjà ses facilités sur un ring et commence à comprendre la complexité de ce sport une grosse année plus tard.
Après avoir fait du football et été tenté par le basketball, Yojerlin César est dirigé vers la boxe par son père qui n’en avait pourtant jamais pratiqué. Il préfère très vite le noble art aux sports collectifs car il peut progresser et regretter ses erreurs à son propre rythme.
Mais ces dernières ne lui ont pas fait perdre trop de temps.
Le natif de Guadeloupe devient champion de France cadets après un an de boxe et avant même de comprendre que cela lui ouvrait les portes des équipes de France jeunes. Pour éviter les coups de ses adversaires ou pour franchir les étapes, celui qui combattait alors en -75 kg a toujours fait preuve de vivacité.
« J'ai progressé très très vite et j'avais déjà remarqué que j'avais un truc. J’avais quelque chose qui faisait que j'apprenais très vite, que j'étais à l’aise. Kamel Hasni mon entraîneur en club et maintenant en équipe de France, a tout de suite remarqué que je pouvais être un boxeur mobile et technique. On a beaucoup travaillé la coordination, la technique. À mes débuts, je m'en rappelle, c'était pendant des heures et des heures à répéter les mêmes coups pour savoir les envoyer à la perfection. C’est comme ça que j’ai appris très vite, c'est ce qui explique cette progression fulgurante », détaille celui qui s’est rapidement inspiré Floyd Mayweather, Gervonta David ou Andy Cruz, champion olympique à Tokyo 2020.
Si ce style est si naturel pour lui, c’est peut-être parce qu’il l’a dans le sang. En étant dans l’attaque-esquive, jusqu’à déborder son adversaire d’informations, sa boxe rappelle certains boxeurs d’Amérique latine où il a de la famille. Sa mère est originaire de République dominicaine, un pays où il a vécu durant son enfance avant de mettre le cap sur la France métropolitaine à six ans.
Dans l'Hexagone, une médaille continentale dans chaque catégorie d’âge jalonne sa progression : l’argent en cadets, le bronze en juniors et l’or en -22 ans.
Seuls le Covid-19 et une blessure à un poignet l'ont freiné. Et encore ! Yojerlin César ne s’arrête jamais, notamment grâce au soutien de ses proches.
« Mon père m’a appris que malgré les duretés de la vie, il ne faut jamais se laisser abattre et toujours avancer. »
Cette philosophie lui a été bien utile quand il commençait à avoir trop d’avance sur son âge.
Il ne faut pas parler d'âge à Yojerlin César
La précocité n'a pas que des avantages.
Si Yojerlin César a aujourd’hui la possibilité d'être le plus jeune boxeur français aux JO depuis Jean Duarte à Los Angeles 1984, elle aurait pu lui échapper.
Il a integré l’INSEP un an plus tôt que ce qui est prévu, obtenu un bac S et devenu champion de France élite en -75 kg entre 2021 et 2022. Mais à seulement 18 ans et avec un titre dans une catégorie non-olympique, le Lyonnais se retrouve dans l’impossibilité de participer au Tournoi de pré-qualification olympique.
« Ça ne me dérange vraiment pas qu'on me dise que je suis jeune, mais pas dans le sens péjoratif, dans le sens tranquille, j’aurai ma chance plus tard. Ça m’a piqué dans ma fierté, si j'ai une chance à saisir maintenant, je vais tout faire pour l’avoir. »
Il assiste impuissant au départ de la course aux quotas olympiques pour Paris 2024. Dans sa nouvelle catégorie des -80 kg, Mathieu Bauderlique s'offre une chance d’en obtenir un aux Jeux européens 2023.
Le médaillé des Jeux de Rio 2016 se fait surprendre au premier tour et renonce finalement à cette nouvelle quête olympique. Comme le passage d’un témoin entre deux générations, la voie s’ouvre pour Yojerlin César qui n’oublie pas de saluer les conseils de son aîné.
« C'est quelqu'un qui m'a félicité et qui m'a encouragé pour les Jeux Olympiques. Il m'a dit que j'ai toutes mes chances d'obtenir cette qualification et d'être médaillé. Ça m'a vraiment touché et ça m'a vraiment fait plaisir. Je le remercie pour ça », explique celui qui doit sa sélection à ses résultats mais aussi à ses performance lors d'un stage en Colombie face à une opposition internationale.
Bauderlique fait partie de ces combattants plus âgés avec qui Yojerlin César croise les gants de manière régulière. Il a toujours été entouré de boxeurs plus âgés et a su apprendre de leurs expériences. Le jeune espoir en tire une maturité qu’il cultive aussi avec ses études en administration et échanges internationaux, sa curiosité ou son intérêt pour la littérature et les anime. Cela lui offre le recul nécessaire pour comprendre qu'il a un temps d'avance et que même en cas de non-qualification aux JO de Paris 2024, cette expérience lui permettra d'accélérer vers LA2028.
Sur le ring ou en-dehors, Yojerlin César n'oublie jamais que le plus important est de toujours aller de l'avant.
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