Biathlon : Ole Einar Bjørndalen dans la légende des Jeux Olympiques, Emil Hegle Svendsen et Martin Fourcade voient double
Le complexe « Laura » est le théâtre des exploits du Norvégien Ole Einar Bjørndalen, qui avec deux nouveaux titres, devient l’athlète le plus médaillé des Jeux Olympiques d’hiver, mais aussi de son compatriote Emil Hegle Svendsen (2 médailles d’or) et du Français Martin Fourcade (2 or et 1 argent). Une nouvelle épreuve fait son apparition aux Jeux : le relais mixte.
8 février : Bjørndalen rejoint Daehlie au palmarès olympique !
En s’imposant à l’arrivée du 10km sprint, le Norvégien Ole Einar Bjørndalen remporte à 40 ans la première épreuve de biathlon des Jeux de Sotchi, égalant ainsi le record de médailles remportées aux Jeux Olympiques d'hiver que détenait jusqu'alors son compatriote fondeur Björn Daehlie avec 12 podiums.
Ole Einar Bjørndalen devance l'Autrichien Dominik Landertinger et le Tchèque Jaroslav Soukup pour s'offrir la 7e médaille d'or olympique de sa carrière, en plus de 4 médailles d'argent et d'une de bronze. Björndalen a disputé ses premiers Jeux à Lillehammer en 1994 et remporté son premier titre à Nagano en 1998, le sprint 10km déjà ! Il va donc se servir de son expérience et mettre de côté un peu de réserve physique en choisissant de partir à un rythme modéré, dans une course où les grands favoris - Fourcade et le Norvégien Emil Hegle Svendsen - ne répondent pas aux attentes, terminant respectivement 6e et 9e, à 12.4 et 29.3.
Björndalen, malgré une faute au tir debout, produit un ski remarquable pour devancer Landertinger à l'arraché (1.3) et Soukup (5.7), pourtant tous deux auteurs d'un sans-faute au tir. Après avoir réalisé un sans-faute au tir couché, le légendaire biathlète norvégien rate une cible une fois debout. A la sortie du 2e pas de tir, il pointe alors à la 5e place du classement, à 6.8 du leader provisoire. Mais son effort dans le dernier kilomètre est prodigieux, alors que ses adversaires se montrent incapables d’accélérer, et il l’emporte de superbe manière.
10 février : Martin Fourcade offre son premier titre à la France
Lors de la poursuite 12,5km olympique, Martin Fourcade, 25 ans, réalise un 19 sur 20 au tir et se montre brillant. Accompagné sur le podium par son copain d'enfance Jean-Guillaume Béatrix qui réalisé une remontée fulgurante pour s'offrir la médaille de bronze à 24 secondes, Il remporte son premier titre aux Jeux. Entre les deux Français, seul le Tchèque Ondrej Moravec, 2e, parvient à s’interposer à 14 secondes.
L’actuel N.1 mondial du biathlon, parti en 6e position à 12 secondes du Norvégien Ole Einar Bjørndalen (vainqueur du sprint), maîtrise ses nerfs, notamment en prenant son temps sur le premier tir couché. « J’étais confiant, je savais que pas grande chose ne pouvait m’arriver aujourd’hui » a-t-il expliqué. Même une faute de sa part au 3e tir (debout), et un tour de pénalité, s’avèrent sans conséquence dans la mesure où les principaux autres favoris rencontrent aussi quelques difficultés dans cet exercice.
Fourcade scelle sa victoire en réalisant un sans-faute dernier au tir debout, écartant définitivement l'Autrichien Dominik Landertinger de la course, pénalisé une fois. Le Français le comprend bien, se tournant le poing serré vers les tribunes alors même qu'il lui reste encore cinq minutes d'effort à produire en skis avant de franchir la ligne d’arrivée. « Quand j’ai rentré la dernière balle, je savais que j’avais gagné » expliquera-t-il ensuite. Avec trois fautes, Ole Einar Bjørndalen, vainqueur du sprint, se classe 4e.
13 février : Deuxième médaille d’or pour Martin Fourcade
Trois jours après son sacre en poursuite, Martin Fourcade décroche un 2e titre de champion olympique au terme du 20km individuel. Dans cette épreuve où les concurrents s’élancent à 30 secondes d’intervalle pour un parcours ponctué par quatre « passages au stand » (alternant tir couché et tir debout), il n’est pas le plus rapide au premier tir. Au deuxième, il commet une faute et prend une minute de pénalité. « Mais je ne m’affole pas, je sais que mon niveau à ski peut me permettre de gagner avec une faute. Je reste serein, » racontera-t-il. Plus loin dans la course, Fourcade manque de tomber dans un des virages du circuit tracé dans le complexe Laura. « Je mets la main par terre ! C’est rock’n’roll, mais il fallait que ça m’arrive pour mettre un peu de suspense !».
Pendant ce temps, l’Allemand Eric Lesser, sans faute, s’envole, il compte jusqu’à 32 secondes d’avance sur le Français. Au dernier tir debout. Fourcade rentre ses cinq balles, en reste donc à une seule faute, et repart comme une fusée. Lesser qui arrive au pas de tir après lui, continue son parcours d’excellence à la carabine et compte encore une avantage chronométrique conséquent. Mais Fourcade passe la surmultipliée sur les quatre kilomètres restant à parcourir, il s’envole littéralement, fonçant telle une fusée vers la ligne d’arrivée pour réaliser un temps de 49:31.7 qui le voit à cet instant repousser le Russe Yevgeni Garanichev à plus de 34 secondes. Enfin, Eric Lesser en termine. Il a été irréprochable, mais son temps final de 49:43.9 le laisse à 12 secondes de Fourcade. Quel match !
Ce 20 km permet à l'Allemagne de débloquer son compteur. Avant la 2e place de Lesser, l'Allemagne, pays phare de la discipline, n'avait jamais joué les premiers rôles et restait les mains vides après quatre courses, du jamais-vu dans l'histoire des Jeux d'hiver. La Russie court après son premier titre mais répond présente avec ce deuxième podium après l'argent d'Olga Vilukhina en sprint. Le Norvégien Emil Hegle Svendsen, grand rival de Fourcade, et tenant du titre, termine la 7e place, à près d'une minute.
18 février : Emil Hegle Svendsen d’une spatule à l’arrivée de la mass-start !
Pour quelques centimètres au terme d'une course splendide, le Norvégien Emil Svendsen sauve ses Jeux et prive le Français Martin Fourcade d'un triplé, en s’imposant au bout de la ligne droite du Stade Laura. Pour une poussière d'écart, un flocon de neige peut-être, et finalement pour des larmes : celles de Svendsen, vainqueur au bout du suspense d'une épatante empoignade sous la neige.
Jusqu'alors, Svendsen était le seul grand nom du biathlon à n’avoir pas connu la réussite dans ces Jeux (9e en sprint, 7e en individuel et sur le 20 km). Dans cette mass-start, il a le superbe courage de prendre l'initiative. Svendsen, Fourcade et Moravec sortent à trois à l’avant après le dernier tir debout pour se disputer la victoire. L’attaque de Svendsen dans la dernière bosse a raison des ultimes résistances d’Ondrej Moravec. Et Fourcade, dans son sillage, manque de tout perdre en évitant la chute par miracle. L'essentiel est pourtant fait, et les deux hommes forts vont pouvoir en débattre sur le stade final.
En réussissant à passer Fourcade avant le dernier virage, Svendsen se place dans une position de force que le Français ne peut pas lui contester. La dernière pirouette de Fourcade (ski gauche lancé en avant sur la ligne d’arrivée) étant un sursaut désespéré.
« J'avais les choses sous contrôle mais quand j'ai vu la photo finish, il s'est avéré que non, je n'avais pas les choses sous contrôle. J'ai regardé la photo finish, et j'ai été surpris de voir à quel point c'était serré. Mais je savais que j'étais devant », confiera Svendsen. « Je suis très heureux de cette médaille, je me suis bien battu, car j'étais très malade ce matin » dira Martin Fourcade « C'est dommage de perdre le titre pour si peu, je l'avais dans les jambes, j'aurais bien aimé faire le triplé. Je suis content pour Emil qui n'avait pas fait de grands Jeux jusque-là, mais je voulais lui montrer que j'étais le boss. Il reste encore deux beaux relais ! ».
En 49:29.1 tous les deux, Svendsen et Fourcade devancent finalement Moravec, 3e, de 13. 8, tandis qu’Ole Einar Bjoerndalen, à la lutte pour la victoire jusqu'au dernier tir, a raté deux cibles pour terminer 22e à 2:39.2.
19 février : la Norvège en démonstration dans le relais mixte, Bjørndalen dans la légende
La Norvège (Tora Berger, Tiril Eckhoff, Ole Einar Bjørndalen et Emil Hegle Svendsen) fait une belle démonstration dans la nouvelle épreuve olympique de relais mixte en biathlon. Au lendemain de sa victoire dans la mass-start, Svendsen peut en terminer avec plus de 32 secondes d’avance sur la République Tchèque, alors que l’Italie finit en bronze à près d’une minute. Avec treize podiums, Ole Einar Bjørndalen devient l’athlète le plus médaillé des Jeux Olympiques d’hiver.
Au départ dans le stade Laura en ce 12e jour des Jeux de Sotchi, Tora Berger lance la Norvège en tête malgré deux erreurs au tir. Tiril Eckhoff lui succède, sans faute, mais elle est dépassée par la Tchèque Gabriela Soukalova. Celle-ci transmet le relais à Jaroslav Soukup avec une petite seconde d’avance. Ole Einar Bjørndalen s’élance pour la Norvège. A 40 ans, celui qui compte pratiquement autant d'anniversaires que de titres mondiaux (39) a réussi son coup pour ses derniers Jeux Olympiques. Mieux, c'est lui qui va encore être l'artisan du succès de son équipe, ne se contentant pas de faire partie du collectif pour collectionner les médailles.
Bjørndalen est sans faute au tir alors que derrière lui Soukup en commet deux en tout, et l’Italien Dominik Windisch, quatre. Les autres équipes ne sont déjà plus en course pour le podium. Il vole sur ses skis, et à la fin de son effort, Bjørndalen a repoussé très loin toute la concurrence, puisque Svendsen démarre le dernier relais avec 43 secondes d'avance...
Svendsen n'a plus ensuite qu'à gérer son effort pour savourer ce succès et parachever le triomphe de la Norvège qui devance finalement la République Tchèque (Veronika Vitkova, Gabriela Soukalova, Jaroslav Soukup, Ondrej Moravec) de 32.6, et l’Italie (Dorothea Wierer, Karin Oberhoffer, Dominik Windisch, Lukas Hofer) de 58.2. L’Allemagne prend la 4e place plus de 40 secondes derrière.
22 février : la Russie triomphe devant son public dans le relais hommes !
Alexey Volkov, Yevgeny Ustyugov, Dmitry Malyshko et Anton Shipulin apportent à la Russie le titre olympique du relais 4x7,5 km hommes, devant le public en délire du stade Laura. A l’arrivée, Anton Shipulin prend le meilleur sur le dernier relayeur allemand, Simon Schempp. L’Autriche enlève la médaille de bronze. La Norvège, tenante du titre et pourtant très bien partie, finit 4e.
Ultime passage au tir. Les quatre derniers relayeurs de la Norvège (Emil Hegle Svendsen) de l’Autriche (Dominik Landertinger), de l’Allemagne (Simon Schempp) et de la Russie (Anton Shipulin) se mettent en position, debout. Ils épaulent leurs carabines et tentent d’atteindre proprement les cinq cibles. Schempp et Shipulin se montrent parfaits et très rapides dans cet exercice. Ils repartent s’expliquer pour la victoire. Landertinger ne fait qu’une pioche, il s’élance 11 secondes derrière. Svendsen, lui, pioche une fois, deux fois, trois fois… une quatrième erreur l’envoie effectuer un tour de pénalité et met fin aux espoirs de la Norvège, à qui le titre semblait pourtant promis. Que s’est-il passé ?
Les deux frères Bø, Tarjei puis son cadet Johannes, lancent idéalement l’équipe tenante du titre. Rapides, précis sur les cibles, ils construisent pour Ole Einar Bjørndalen une avance supérieure à 20 secondes sur la meute des poursuivants, où figurent déjà groupés à l’avant, l’Allemagne, l’Autriche et la Russie.
Malgré un zéro faute au tir, le roi Ole voit son pécule fondre comme la neige sur les pentes ensoleillées de Rosa Khutor, pour passer le relais à Svendsen avec seulement deux secondes de marge. Lui aussi va ressentir le poids de deux semaines de compétition passées au plus haut niveau dans ces Jeux. L'Allemagne, la Russie et l'Autriche, ont de leur côté fait preuve d’un belle pugnacité pour se trouver en excellente position au dernier tir.
Schempp et Shipulin s’envolent donc pour un mano a mano qui ne laisse que peu de doutes. Poussé par un public déchaîné, Shipulin accélère dans la ligne droite et dépose littéralement Schempp sur place, pour aller se précipiter vers ses coéquipiers dans une ambiance d’euphorie générale après cette victoire imparable.
L’Allemagne (Eric Lesser, Daniel Böhm, Arnd Peiffer et Simon Schempp) finit à 3.5 et l’Autriche (Christoph Schumann, Daniel Mesotitsch, Simon Eder et Dominik Landertinger) à 29.8. La Norvège prend la 4e place. La Russie remporte son seul titre en biathlon à Sotchi. Cette magnifique et imparable victoire est fêtée comme il se doit !