Aux JOJ de Lausanne 2020, les frères Bussard ont fait l’histoire

Le Suisse Thomas Bussard a marqué les esprits en remportant la première épreuve masculine de ski-alpinisme aux Jeux Olympiques de la Jeunesse d'hiver de Lausanne 2020. 

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Aux JOJ de Lausanne 2020, les frères Bussard ont fait l’histoire
(OIS/IOC)

Sur le parcours de Villars-sur-Ollon, il a même réussi le doublé avec son frère jumeau, Robin, lors de la compétition individuelle avant de triompher avec l’équipe suisse en relais mixte. Quelques semaines plus tard, il revient pour nous sur ces moments inoubliables et sur leur impact…

Y-a-t-il une image que tu conserves de ces compétitions de Lausanne 2020 ?

Oui, il y a une image qui est au-dessus des autres et qui reste gravée. C’est le moment où je franchis la ligne d’arrivée et mon frère n’est pas là. Et quelques instants plus tard, il arrive et on se prend dans les bras. C’est une image parmi tant d’autres mais celle-là m’a vraiment marqué. 

(OIS/IOC)

As-tu été surpris par la ferveur qui a entouré ces compétitions ?

Oui, c’était fantastique. C’était très motivant avec toutes les cloches et les drapeaux. Et puis, il y avait aussi énormément de supporters avec des bonnets à nos noms. C’est sûr que ça pousse vers l’avant et que ça montre tout l’intérêt de courir à domicile.

Tu avais déjà participé à des épreuves internationales mais j’imagine que tu n’avais jamais vécu quelque chose de semblable ?     

On avait participé aux championnats du monde l’année précédente au même endroit avec sensiblement les mêmes concurrents mais gagner aux Jeux Olympiques, c’était quelque chose dont je rêvais depuis que j’étais tout petit. Là, le rêve est devenu réalité. Et puis la cérémonie de remise des médailles à Lausanne devant tout ce monde, j’en ai encore des frissons rien que d’en parler.

Était-ce un avantage de courir à domicile ?   

Oui, je pense que c’est toujours un avantage de courir à la maison. Mais les autres concurrents avaient déjà couru là-bas pour la plupart lors des championnats du monde. Nous, on avait l’avantage d’avoir le public avec nous. Je pense que c’est un bon atout.

Pour cette fameuse épreuve individuelle, le premier jour, le scenario était idéal ?

Oui, c’était une journée parfaite. La première victoire, ça reste la plus belle. Je n’avais jamais vécu ça. On a fait la course avec Robin et on a fini aux deux premières places. Hier soir, j’ai encore regardé la course en vidéo juste avant de m’endormir et ça m’a encore donné des frissons. Ce sont vraiment des souvenirs qui resteront gravés en moi pour la vie entière. Personne ne pourra me les enlever. C’est absolument incroyable. J’ai envie de revivre ça au moins une fois.   

Et le fait de courir contre ton frère ? Vous étiez des concurrents ?   

Non, on était des frères. Avant la course, on s’était dit : "On gagne ensemble ou on perd ensemble." C’est sûr que s’il s’était cassé la jambe, j’aurais continué la course. Mais on était associés, on n’était pas des adversaires. C’est vrai que quand j’ai passé la ligne d'arrivée, j’ai gagné et j’étais super content mais tant que mon frère n’était pas arrivé, je n’avais pas vraiment gagné. Quand il a franchi la ligne en deuxième position, là je me suis dit : "On l’a fait !" Je l’ai pris dans mes bras et c’était juste incroyable. 

Cette journée, vous avez pu la vivre à deux jusqu’à la place des médailles à Lausanne…  

Oui d’habitude, quand on monte sur le podium après une course, il y a peut-être trente personnes selon les compétitions mais là, il y en avait peut-être 3 000. Il y a plein de gens qui montent sur le podium et à un moment tu entends "Thomas Bussard, champion des Jeux Olympiques de la Jeunesse" et là tu as des frissons qui te traversent tout le corps. Tu commences à réaliser. Quand tu vois le drapeau suisse qui flotte avec tes parents, tes amis qui ne sont pas allés à l’école pour venir te voir. C’est vraiment une expérience folle.   

(OIS/IOC)

Après ce doublé, vous avez pu remporter la médaille d’or par équipes ?  

Gagner seul, c’est bien mais gagner en équipe, c’est vraiment super. On avait la rage parce qu’on n’avait pas très bien couru lors de l’épreuve du sprint, donc on avait vraiment envie de montrer de quoi on était capable. En plus, on s’entend super bien avec les deux filles. On n’a pas trop l’habitude de concourir par équipes. C’était vraiment quelque chose de très spécial que de pouvoir gagner ensemble.     

Avez-vous pu célébrer vos médailles de retour dans votre village ?

Oui, il y a eu une petite fête au chalet du ski-club, là où on a appris à skier. Il y avait plein de gens qui sont venus nous féliciter. Il y avait une partie officielle également avec les partenaires et les élus. Et puis, on a reçu quelques cadeaux. C’était chouette. Toutes les personnes qui nous ont soutenus ont pu nous voir d’un peu plus près, parce qu’aux JOJ, nous étions quand même assez occupés. Là, c’était bien de pouvoir leur serrer la main et de partager notre expérience avec eux. 

Est-ce que tu as ressenti l’impact qu’ont eu vos performances en Suisse ? 

Oh, oui. Déjà avec tous les médias qui étaient là, cela a fait une très bonne publicité pour notre sport qui n’est pas aussi connu que le ski alpin. Les gens étaient vraiment à fond pour suivre notre discipline. Sans compter tous les messages que j’ai pu recevoir. Il y avait un véritable engouement.

(OIS/IOC)

Est-ce que tu as des chiffres à nous donner ?   

Oui, par exemple sur Instagram, on a atteint les 20 000 visites en cinq jours alors qu’habituellement, c’est à peu près 300 en cinq jours. Avant les JOJ, j’avais 1 800 abonnés, maintenant j’en ai plus de 3 000. Ça monte vite. C’est impressionnant.   

As-tu repris la compétition avec succès après les JOJ ?

Oui, j’ai participé à la Coupe du monde, mais je suis aussi retourné à l’école pour redescendre un sur terre. Ça nous a boostés bien sûr, mais il faut reconnaître qu’on était aussi assez fatigués avec toutes les sollicitations, les interviews. On a eu un petit creux, mais on va dire que l’objectif principal de la saison, il était atteint alors tout ce qui vient après, c’est du bonus. On a les compétitions qui se poursuivent jusqu’au mois d’avril et puis après, ce sera gentiment la fin de la saison.

Maintenant, j’imagine que tu rêves de participer aux Jeux Olympiques ?

Oui, bien sûr, mais bon il faut déjà que notre discipline soit acceptée au programme des Jeux de 2026 à Milan/Cortina et après, il faudra se qualifier. C’est un rêve. On verra mais c’est plutôt loin. Ce qui est sûr, c’est que je vais travailler pour y arriver. Ce sera déjà bien que notre sport y soit. Après, on verra bien qui y va.