JO de Paris 2024 | Aurélien Giraud : « Ce n'est pas parce que j'ai été champion du monde que je vais m'arrêter là »
C'est ce lundi 29 juillet qu'Aurélien Giraud va faire son entrée dans le tournoi olympique en skateboard, sur la place de la Concorde, qui s'est refait une beauté pour l'occasion.
Grand espoir de médaille français, il avait décroché une 6e place à Tokyo 2020, et s'apprête à disputer ses deuxième JO plein d'ambitions.
Il y a quelques mois, Olympics.com a rencontré le récent champion du monde qui évoque ses difficultés en compétition, sa deuxième passion, le golf, et l'héritage qu'il souhaite laisser dans sa discipline, après Paris 2024.
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Aurélien Giraud adore le golf
Il n'était qu'à trois minutes de chez lui, à Lyon, lorsqu'il est passé devant le golf local.
Le skateur qui a déjà un peu pratiqué la discipline avec son père lorsqu'il était plus jeune a décidé de s'y arrêter pour tenter quelque chose - et s'amuser avec un ami. Habitué à réussir ce qu'il essaie du premier coup, le résultat n'a pas été aussi concluant ni amusant que prévu.
« Je n'y arrivais pas », a détaillé le jeune homme de 26 ans en se remémorant ce moment, « et ça me dérangeait ».
Même si de prime abord les deux sports semblent être très différents, il existe certaines similarités fondamentales entre le skateboard et le golf.
Tout d'abord, les deux se pratiquent en extérieur et sont des activités principalement individuelles. Elles demandent une justesse d'exception et une maîtrise technique bien particulière. Pas étonnant, donc, que Giraud y trouve son compte, en tant que figure internationale de skateboard.
Presque immédiatement après cette déconvenue, le Français s'est rendu au club-house et s'est inscrit.
« J'ai dit que je viendrais tous les jours jusqu'à ce que je sois parvenu à perfectionner mon swing. J'y suis arrivé », affirme-t-il désormais, sourire aux lèvres.
Bien qu'elle semble secondaire, cette anecdote témoigne de l'évolution sportive de Giraud l'an passé. Après avoir remporté le titre mondial en 2023 à Sharjah, aux Émirats Arabes Unis, il s'est a échoué lors des finales du World Skateboarding Tour.
Malgré une ascension au cours des premiers tours et alors que la chaleur était à son comble lors des huitièmes de finale, il n’a pas été en mesure de tenir le coup. Si désormais toute l'attention semble braquée sur lui, il explique travailler en essayant de renouer avec la détermination et la positivité qui lui manquent parfois en cas de situation frustrante.
« À Rome… j'ai raté la finale. Je pense que je voulais en faire trop sur mon run, ce qui n'était pas nécessairement une bonne idée. Une fois que j'ai su que j'avais raté, j'ai su que je ne pouvais pas gagner. Du coup, j'étais un peu dégoûté et j'ai agi un peu comme un enfant capricieux je dirais, parce que je savais que je ne pouvais plus gagner alors je me suis dit que ça ne servait plus à rien. »
« Maintenant, je sais qu'il faut toujours viser les podiums », ajoute encore le skateur.
« J'ai appris ça et je pense qu'honnêtement c'est plutôt une bonne chose, parce que j'ai été champion du monde. Cela montre simplement qu’il faut continuer à travailler pour rester concentré, ne pas lâcher prise et ne pas abandonner. Ce n’est pas parce que j’ai été champion du monde que je vais m'arrêter là. »
« Vous pouvez tomber et vous relever, mais parfois il est préférable de tomber encore plus bas. À ce moment-là, vous devez vous reconstruire à nouveau. »
Giraud : « C'est tout l'intérêt du skate : on apprend et on rend »
Comme un scientifique enfermé dans un laboratoire à la recherche de sa prochaine découverte, Giraud s’est également coupé du monde ces derniers temps.
Au skate park de Gerland à Lyon, un endroit qu'il fréquente depuis l'âge de 4 ans, il a passé les derniers mois à s'entraîner.
Alors que ses concurrents ont participé à d’autres concours prestigieux, des vidéos de ses entraînements acharnés ont fait le tour des réseaux sociaux.
En testant sa résilience et en se retrouvant à travers sa discipline, le skateur français a également trouvé d'autres points positifs à cette reconstruction, comme le retour à ses racines
En tant que meilleur espoir français du skateboard, Giraud sait mieux que quiconque que les Jeux Olympiques de Paris le propulseront au premier plan médiatique, une image que ce sport n'a encore jamais connu en France. Compte tenu de cette immense occasion de façonner son héritage, il veut désormais s'assurer que l'on sache où tout à commencé : chez lui.
« Cela fait maintenant 21 ans que je suis ici. Ce qui est cool, c'est que l'équipe du skate park est vraiment au top. Nous voulons vraiment accompagner les jeunes à s'entre-aider. Avec mon coach, nous donnons des cours là-bas et je pense que c'est une bonne chose pour la ville de Lyon et les jeunes skateurs. »
« Je mets en avant le fait que je m'entraîne là-bas et comme j'ai réussi à atteindre ce niveau, je pense que cela peut aider les jeunes à se motiver », poursuit-il.
« C'est tout l'intérêt du skate : on apprend et on rend aux jeunes. On rend des conseils, on rend tout. Dans les années à venir, il y aura encore plus de beaux skateparks et j'ai hâte de voir ça. »
Aurélien Giraud : mettre la lumière sur les sports de rue
Intervenir et tenter d'inspirer les futures générations n'est qu'une partie de l'héritage qu'Aurélien Giraud tente de créer et de laisser derrière lui. L'autre, c'est sa réputation de skateur de rue.
Réputé pour son obsession des larges espaces et des grands escaliers à descendre, Giraud a bien conscience que la rue lui manque. C’est pourquoi, explique-t-il, elle fait partie de ses projets pour l’après-Paris 2024.
« Si tout se passe bien, je devrais aller aux JO de Paris et après, j'aurai un peu plus de temps libre. Je vais pouvoir ralentir sur les compétitions et me consacrer au tournage d'une vidéo pour redonner un peu de gloire à la rue car pour le moment, malheureusement, je ne suis pas capable de faire du street. »
« J'ai bien conscience de ça et cela signifierait beaucoup pour moi de la faire à Lyon, de montrer que ce n'est pas seulement aux États-Unis, ni en Europe ou au Japon, mais que nous aussi nous avons des spots vraiment sympas et nous pouvons faire quelque chose de beau. »