Antoine Dupont explique comment faire la différence sous pression, après son essai fantastique aux finales des World Rugby Sevens Series de Madrid2024

Par Guillaume Depasse
4 min|
Antoine Dupont of Team France
Photo de Mike Lee - KLC photos for World Rugby

Il restait moins de cinq minutes de jeu et les Bleus étaient menés 12-5. La Grande-Bretagne avait sept points d’avance et à ce moment, la France était éliminée des Finales de World Rugby Sevens 2024.

Mais ce samedi 1er juin à Madrid, dans le stade Metropolitano, le théâtre des exploits d’Antoine Griezmann avec l’Atletico Madrid, un autre Antoine a fait rugir le public pour propulser son équipe vers les demi-finales : Dupont.

Tranquillement, sans se presser, il a attendu son moment. Sur le côté gauche, depuis ses 22 mètres, Dupont s’est enfoncé dans un espace invisible, repoussant le capitaine britannique Robbie Fergusson avant de foncer vers l'en-but, sans que Charlton Kerr ne puisse le rattraper.

Rayan Rebbadj a transformé l’essai avant que Nelson Epée ne vienne inscrire l’essai en or dans le temps additionnel pour propulser les Bleus en demie (victoire 17-12, a.p.).

« Il n'y avait pas trop de trous et ils ont plutôt bien défendus et nous ont contrôlés », racontait le meilleur joueur du monde 2021 en rugby à XV, pendant que des fans, penchés sur les rambardes, scandaient son nom. « On gagnait du terrain, mais on n'avait pas de break franc, pas vraiment de surnombre, donc je n'avais pas beaucoup d'espace et j'avais mon adversaire qui était en train de reculer. Donc j'ai essayé de jouer le duel en force et ça a fonctionné, tant mieux. »

LIRE AUSSI - Tous les résultats des Bleus aux finales des World Rugby Sevens 2024

Antoine Dupont : « Ne pas dénaturer notre jeu en fonction du contexte »

Si cet exploit paraît individuel, au final, il a tout simplement respecté les consignes du sélectionneur Jérôme Daret, alors même qu’il ne restait plus que quelques secondes à jouer.

« C'était simple, il fallait juste déplacer le jeu, poser nos armes sur le terrain », expliquait-il. « La Grande-Bretagne, si on l'attaque au milieu de terrain, on est un peu en difficulté. Si on les déplace un petit peu plus, ils reculent tout le temps en sachant que dans les couloirs, à 15 m, ils attaquent tous les rucks. Mais si on reste debout dans ces zones là, on leur pose des problèmes sérieux. »

Ok, coach !

Comme souvent, Dupont n’a jamais paniqué, attendant le moment opportun.

« Je pense que c'est l'expérience aussi », reprend le Français, qui vient de remporter sa deuxième Coupe d’Europe avec le Stade toulousain. « Même si j'en ai peu en rugby à 7, j'ai vécu des matchs à XV compliqués, des fins de match très serrées où il fallait vraiment remonter au score ou alors le tenir. Ils servent beaucoup pour ne pas s'affoler, respecter nos principes, les schémas de jeu collectifs et individuels. Et surtout de continuer à jouer notre jeu sans le dénaturer en fonction du contexte. »

LIRE AUSSI - Antoine Dupont délivre les Bleus à 7, qualifiés en demi-finale à Madrid

Antoine Dupont, une nouvelle médaille mondiale avant les JO de Paris 2024 ?

Le vainqueur des Six Nations 2022 n’aura pas le temps de souffler car dès demain, dimanche 2 juin à 12h21, la France défiera les Fidji en demi-finale. Quelle meilleure répétition pour les JO de Paris 2024 qu’un match contre les doubles champions olympiques ?

« On a tous conscience de ce qui nous attend demain. On va jouer les meilleures équipes du tournoi qui sont habituées à jouer ces phases finales, à gagner des tournois, qui connaissent très bien ces matchs de haut niveau. On sait que nous, on n'aura pas de marge de manœuvre, qu'on devra être à 200 % si on veut pouvoir rivaliser avec eux. Et ça, je pense qu'on l'a tous intégré. Le niveau de l'équipe montera collectivement au fur et à mesure. »

L’autre demi-finale opposera l’Argentine, première du classement général des World Rugby SVNS 2024, et la Nouvelle-Zélande, vice-championne olympique en titre.

Avec Dupont, le challenge, aussi difficile soit-il, semble réalisable. Lors des deux seules étapes du circuit mondial auxquelles le demi de mêlée de 27 ans a participé, à Vancouver (Canada) fin février et Los Angeles (États-Unis) début mars, les Bleus avaient remporté le bronze puis l’or. Les deux premiers podiums tricolores de la saison, avant l'argent à Hong-Kong, Chine, début avril.

« J’espère que demain mon corps se souviendra de ce que j'ai fait en février ! », conclut Dupont.