L’Algérien Djamel Sedjati vice-champion du monde du 800 m à Eugene 2022

Au terme d’une course dominée par le champion olympique Emmanuel Korir, Djamel Sedjati s’est hissé à la deuxième position en 1 min 44 s 14, grâce à un superbe dernier 100 m.

4 minPar Guillaume Depasse
Djamel Sedjati of Team Algeria
(2022 Getty Images)

La tradition du demi-fond algérien est toujours belle et bien présente. Avec Djamel Sedjati et Slimane Moula, ils étaient deux en finale du 800 m des Championnats du monde d’Eugene 2022, ce samedi 23 juillet, avec de grandes chances de médailles.

Une opportunité transformée par Djamel Sedjati, qui a fait parler ses qualités de finisher sur la dernière ligne droite quand le Canadien Marco Arop ne parvenait plus à suivre le rythme. Une belle récompense pour l'Algérien, alors qu'il n'avait pas pu participer aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020 en raison d'un test positif à son arrivée au Japon.

Slimane Moula, qui avait établi le meilleur temps des demi-finales, a terminé en cinquième de la finale en 1 min 45 s 85, juste devant le Français Gabriel Tual (1 min 45 s 49).

Le Kenyan Emmanuel Korir, champion olympique à Tokyo 2020, s’est imposé sans trembler en 1 min 43 s 71, quelques centièmes devant Sedjati, qui a terminé en 1 min 44 s 14.

Djamel Sedjati permet à l’Algérie de refaire son apparition au palmarès du 800 m depuis les Championnats du monde de Paris 2003, quand Djabir Saïd-Guerni avait remporté l’or.

Sedjati en argent après une course intelligente

Si Djamel Sedjati n’a que 23 ans, il peut tout de même se targuer d’avoir l’expérience avec lui. Car pendant le premier tour de course, il restait à l’arrière du train laissant la charge du rythme pour les autres, avec notamment le Canadien Marco Akop en tête et Gabriel Tual non loin derrière lui. Quand la cloche du dernier tour sonnait, le rythme s’accélérait et le groupe se déliait logiquement.

Le champion d’Afrique Slimane Moula était attendu pour un finish fracassant, comme il l’avait montré en série et en demi-finale, mais c’était bien Sedjati, fraichement médaillé d’or aux Jeux Méditerranéens d’Oran 2022, qui prenait l’extérieur pour refaire son retard. Et quand c’était dur pour tout le monde, quand l’acide lactique envahissait les jambes, Sedjati poussait encore et dépassait Akop dans les derniers mètres de course pour remporter une fantastique médaille d’argent.

Korir était cependant intouchable ce samedi. Fort d’un record personnel sur 400 m en 44,21 s (l’Américain Michael Norman a été champion du monde du 400 m en 44,29 s quelques jours plus tôt à Eugene), le Kenyan ne calait jamais et accélérait encore en affichant un impressionnant relâchement.

L’Algérie et la tradition du demi-fond

Cette médaille d’argent représente un nouveau chapitre à la grande tradition du demi-fond algérien, qui a toujours connu de bons résultats en grands championnats. Dès 1991, pour les troisièmes Championnats du monde de l’histoire, l’Algérie ouvrait une période de domination sans partage sur 1 500 m, dans les catégories hommes et femmes.

Hassiba Boulmerka s’imposait aux Mondiaux de Tokyo 1991 et c’était elle qui apportait la première médaille d’or olympique à l’Algérie, avec un titre à Barcelone 1992. Elle décrochait le bronze aux Mondiaux 1993 avant de s’offrir une dernière médaille d’or mondiale en 1995.

De son côté, Noureddine Morceli gagnait à Tokyo le premier de ses trois titres mondiaux consécutifs, avec un paroxysme à Atlanta 1996 où il remportait la médaille d’or olympique.

Quelques années plus tard, Djabir Saïd-Guerni s’imposait sur 800 m aux Mondiaux de Paris 2003, et décrochait le bronze olympique à Sydney 2000.

Il fallait ensuite attendre 2016 avant de retrouver les sommets internationaux, avec Taoufik Makhloufi qui devenait champion olympique du 1 500 m aux Jeux de Rio 2016. Trois ans plus tard aux Mondiaux de Doha, il était en argent sur la même épreuve.

La médaille d’argent de Djamel Sedjati permet donc à l’Algérie de perpétuer la tradition. La présence de deux athlètes algériens en finale mondiale laisse également imaginer de nouvelles années dorées, à deux ans des Jeux Olympiques de Paris 2024.

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