Alfred Nakache, des camps d'extermination à la scène olympique

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Les prouesses sportives ne sont pas seulement une affaire de médaille. Ce qui compte comme le souligna Pierre de Coubertin, n’est pas de gagner, mais de participer et de combattre bien. Nakache ne remporta pas de médaille aux Jeux Olympiques de 1948 mais il montra au monde qu’il était possible d’avoir vécu l’enfer et d’en revenir. En effet il fut sans doute le seul athlète de ces Jeux survivant d’un camp de concentration de la Seconde guerre mondiale.

Nakache, connu sous le nom d’Artem, avait été un nageur de classe internationale. Il avait concouru pour la France aux Jeux en 1936 et était arrivé quatrième avec l’équipe de relais du 4 x 200 m, manquant la médaille de seulement dix secondes. En 1941, il avait établi un record du monde dans le 200 m brasse, battant ce faisant le champion allemand. Le fait qu’il était juif déchaîna les réactions antisémites et la compétition lui fut interdite, ce que la démission de plusieurs grands nageurs français en protestation contre le traitement qu’on lui faisait subir n’empêcha pas. En janvier 1944, arrêté avec sa femme et sa fille il fut déporté à Auschwitz. Sur les 1 368 personnes, hommes, femmes et enfants qui firent le voyage seuls 47 survécurent. Sa femme et sa fille périrent. Après sa libération du camp de Buchenwald où il avait été transféré à la fin de la guerre, Nakache résolut de revenir à la natation. Moins d’un an plus tard, il faisait partie de l’équipe de France qui établit le record du monde dans le relais 3 x 100 m et, la même année, devint champion de France du papillon et du relais 4 x 100 m.

À Londres, Nakache nagea le 200 m brasse et parvint en demi-finale. Il joua également avec l’équipe de France de water-polo et, après avoir ainsi participé une fois encore à la plus grande manifestation sportive du monde, il mit un terme à sa carrière sportive. Sa détermination continue d’être une source d’inspiration pour tous et c’est peut-être la plus remarquable des histoires de ces premiers Jeux d’après-guerre.

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