Ambition et humilité
Thomas Voeckler avait joué l’humilité et le collectif avant ces championnats du monde. « Ce n’est pas pour faire de l’intox : Julian Alaphilippe sera le coureur protégé mais il ne sera pas le leader unique. (…) En revanche, je suis sûr que physiquement et mentalement, il est beaucoup, beaucoup moins fatigué que l'an dernier », avait-il déclaré avant les championnats du monde.
« On arrive sur ces Mondiaux avec de l'ambition, on a plusieurs cartes sur ce parcours, dont celle de Julian (Alaphilippe) avec ses qualités de puncheur. Il y a de belles choses à faire », abondait Guillaume Martin.
Pogacar tente sa chance
Force est de constater que le manager de l’équipe de France et le 11ème du dernier Tour de France avaient vu juste. Car la victoire en Italie du natif de Saint-Amand-Montrond a été possible grâce à deux facteurs : le travail de ses coéquipiers à une trentaine de kilomètres de l’arrivée et son punch extraordinaire à 17 kilomètres du final.
Peu de choses à noter lors des 200 premiers kilomètres de cette course en circuit (28,8 km) très escarpée pour un total de 258,2 km. C’est le Slovène Tadej Pogacar, tout récent vainqueur surprise du Tour France, qui a lancé les hostilités à une quarantaine de kilomètres de l’arrivée.
Coup de punch à Galisterna
L'échappée solitaire du Slovène a fait travailler l’équipe de Belgique de Wout Van Aert en tête de peloton et lorsqu’il a été repris, l’équipe de France a pris le relais pour contrôler les attaques, notamment par l’intermédiaire de Guillaume Martin et Rudy Molard, hyper actifs. Jusqu'au moment où un petit groupe s'est détaché, comprenant Julian Alaphillipe, jusque-là bien caché.
Et dans la côte de Galisterna à 17 kilomètres de l’arrivée, Alaphillipe a porté une attaque surpuissante et gardé une avance d’une quinzaine de secondes jusqu’au bout au prix d'un effort remarquable. Derrière, le Belge Wout Van Aert a remporté le sprint pour la deuxième place devant le Suisse Marc Hisrchi.
Julian en larmes
Alaphillipe, qui a remporté la deuxième étape du Tour de France cette année à Nice mais avait déçu au classement général, avait coché le championnat du monde dans son agenda. Spécialiste des classiques, vainqueur de Milan-San Remo 2019, la Flèche Wallonne 2018 et 2019 ou la Classique San Sebastian 2018, « Alaf » savait que le parcours d’Imola pouvait lui convenir.
« Nous sommes des outsiders mais ça ne signifie pas que nous n'avons pas d'ambition. (…) Je suis très heureux du tracé après l'avoir reconnu. Ça va être une course très difficile, exigeante. Vous pouvez imaginer beaucoup de scenarii différents mais je pense que tout sera concentré dans le final et la course se décidera dans les derniers kilomètres. Sur un circuit aussi difficile, je ne vois pas une échappée aller très loin. », professait-il en conférence de presse avant la course.
En larmes avant de rejoindre le podium, un Alaphillipe encore sous le choc déclarait aux micros des télévisions : « C’est difficile de dire quoi que ce soit, je veux remercier tous mes coéquipiers, qui ont cru en moi aujourd’hui. C’est un rêve de ma carrière, j’ai déjà été proche mais jamais je n’avais réussi à atteindre le podium de ces championnats du monde. L’équipe de France était très forte et je veux aussi saluer le pari de Thomas Voeckler, notre manager ».
Une chose est sûre, même à un peu moins d’un an des Jeux Olympiques, ces championnats du monde fourniront sans doute de précieuses indications à Thomas Voeckler sur l’état de ses troupes et la capacité de son groupe à produire une course d’équipe.