5 choses à savoir sur Kevin Rolland, porte-drapeau de la France à Beijing 2022
Kevin Rolland s'apprête à participer à ses troisièmes Jeux Olympiques en ski halfpipe. À 32 ans, le médaillé de bronze de Sotchi 2014 sera aussi le porte-drapeau de la délégation française durant la Cérémonie d'ouverture des Jeux de Beijing 2022, avec la skieuse alpine Tessa Worley. Mais connaissez-vous bien le skieur Savoyard ?
Si quelqu’un peut attester qu’il se passe beaucoup de choses entre deux éditions olympiques, c’est bien Kevin Rolland. Le skieur acrobatique spécialiste du halfpipe a vécu de véritables montagnes russes durant les quatre années qui ont séparé PyeongChang et Pékin. Un deuxième titre de vice-champion du monde, une quatrième place aux X-Games, une chute qui aurait pu lui couter la vie et deux enfants pour agrandir la famille.
Après deux ans loin des compétitions, le Savoyard a rechaussé les skis cette saison 2021/22 avec un objectif de monter sur la plus haute marche du podium à Beijing 2022, qui seront probablement les derniers Jeux du skieur.
Mais avant de débuter sa compétition de halfpipe le 17 février, Kevin Rolland a une première mission : représenter la France dans le Nid d'Oiseau, en tant que porte-drapeau de la délégation tricolore lors de la Cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Beijing 2022, vendredi 4 février dès 20h00, heure de Pékin.
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« Quel honneur de devenir le premier freestyler porte-drapeau de l’histoire et que de chemin parcouru pour ce sport qui était il y a peu de temps pas reconnu à sa juste valeur », a-t-il déclaré sur les réseaux sociaux après l’annonce de sa nomination en tant que porte étendard.
Des Jeux qu'il aborde sereinement, comme il l'avait expliqué lors d'une interview exclusive avec Olympics.com.
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Mais connaissez-vous bien le champion du monde 2009 ? Voici 5 choses à savoir sur Kevin Rolland.
Il a un palmarès international impressionnant
La première chose à savoir sur Kevin Rolland, c’est qu’il est une véritable pointure de sa discipline. À seulement 16 ans, il a intégré le circuit de Coupe du monde de halfpipe et en 2007, il a remporté le titre de champion du monde junior à Airolo en Suisse. Deux années plus tard, il est rentré dans la cour des grands et s’est imposé aux Championnats du monde séniors 2009 à Inawashiro, au Japon. La même année, il s’est également emparé du globe de cristal.
Avant que la discipline ne soit intégrée au programme des Jeux olympiques d’hiver, le graal pour les skieurs était les X-games. Une compétition qu’il remportera trois fois aux États-Unis en 2010, 2011 et 2016, au nez et à la barbe des Américains qui dominent le classement mondial. Il a aussi remporté les X-Games Europe en 2010 et 2011.
Il va sans dire que dès l’introduction de l’épreuve aux JO, Rolland s’est immédiatement investi pour représenter la France lors de la plus grande compétition mondiale des sports d’hiver. Il s’est d’ailleurs rendu aux deux éditions olympiques : Sotchi 2014 et PyeongChang 2018.
Il est médaillé bronze à Sotchi 2014
Les Jeux Olympiques ont une importance toute particulière pour le skieur originaire de La Plagne. Déjà avant Sotchi il déclarait à Canal+, « Les JO, cela va être énorme. Ce sera la première fois de ma vie que je vais représenter mon pays. Et puis c’est 30 secondes tous les quatre ans…Ça c’est du challenge ! »
Pour sa toute première participation olympique et malgré des conditions difficile avec la neige qui rendant le pipe peu visible, Rolland a marqué les esprits avec un double cork 1260 réalisé à la perfection. Il s’est emparé de la médaille de bronze avec un score total de 88,60 points, derrière l’Américain David Wise (92 points) et le Canadien Mike Riddle (90,60 points).
« C’est historique ! J’aurais été déçu de ne pas être sur la page historique des grands débuts du halfpipe aux Jeux Olympiques. J’y suis. C’est fait et cela restera à vie donc… trop de la balle ! », déclarait-il après la cérémonie de remise des médailles des JO de Sotchi 2014.
Quatre ans plus tard, à PyeongChang, Kevin Rolland était plus motivé que jamais pour remporter l’or olympique.
Mais cette finale olympique en République de Corée ne s’est pas passé comme il l’espérait. Le Plagnard a chuté lors de ses trois run. Lors du dernier passage, il a heurté le haut du pipe en tentant un switch double. De là, le skieur a chuté jusque dans le milieu du pipe en criant de douleur. Verdict : une déchirure musculaire au bassin, des douleurs au dos et à la nuque et surtout un podium olympique qui lui ait passé sous le nez. « J’ai encore plus mal au moral que physiquement », expliquait-il à SkiChrono.
« Je vais me retaper physiquement et mentalement et je vais repartir à 100%. »
Tout aurait pu s'arrêter pour lui en 2019
« Je n’ai jamais connu quelqu’un d’aussi dur au mal. Il se met des tartes pas possibles et il y retourne », expliquait déjà son entraineur Grégory Guenet en 2013 à Canal+, juste avant les Jeux Olympiques de Sotchi et quelques mois après la rupture des ligaments du genou de son poulain lors d’un entraînement.
Car il ne faut pas se voiler la face, le halpipe n’est pas une discipline sans risque. Les chutes peuvent être impressionnantes et surtout, les blessures arrivent vite.
Kevin Rolland ne fait pas exception. C’est presque le contraire. Mais la grande différence avec de nombreux autres sportifs, c’est qu’il est toujours revenu.
Sa chute la plus impressionnante est survenue au printemps 2019, près d’un an après sa blessure aux Jeux de PyeongChang. Kevin Rolland s’était lancé le défi de battre le record du monde du saut le plus haut d’un quarter-pipe, une sorte de rampe pour prendre son envol. Son objectif était clair : effacé le record de l’Américain Simon Dumont, auteur d’un saut à 10,3 m au dessus d’un quarter-pipe déjà à plus de 10 m au dessus du sol.
Mais ce saut ne s’est pas passé comme prévu. « J’ai tout de suite vu que cela allait mal se finir », se souvient son entraineur au micro de FranceTV. « Il n’était pas encore tombé que j’ai commencé à courir parce que je savais qu’il allait falloir intervenir rapidement. »
« Il était entre la vie et la mort. »
Coma, bassin luxé, vertèbres brisées, la rate, le foie et le pancréas en mauvais états et du sang dans le cerveau et dans les poumons, perforés par les côtes. Le bilan est lourd.
Mais un miracle s’est produit. Kevin Rolland est sorti de son coma le jour de la naissance de son premier fils, Rio. Son état s’est alors stabilisé mais les médecins restaient formels : il ne pourrait plus chausser les skis.
C’était mal connaitre le Savoyard.
Résilience : deux années de reconstruction
« On m’a dit que je ne pourrais plus marcher. J’ai remarché rapidement. On m’a dit que je ne pourrais plus courir. J’ai couru rapidement aussi. On m’a même dit que je ne pourrais pas refaire du ski à haut niveau avec tout le matériel qu’on m’a fixé dans les os et aujourd’hui, je suis de retour comme avant », déclarait Kevin Rolland à FranceTV.
2019 et 2020 ont été des années tumultueuse pour Rolland. Il a dû se reconstruire, lentement, loin des compétitions internationales.
Ce temps, il l’a utilisé pour se remettre sur pied bien entendu mais aussi pour devenir papa de deux garçons Rio et Dali. Un équilibre de vie qui lui a donné la force de revenir au meilleur niveau.
Début 2021, Kevin Rolland a repris le chemin des compétitions. Et comme a son habitude, il n’a pas commencé par le plus simple. C’est à Aspen aux États-Unis qui a décidé de faire son grand retour, lors des Championnats du monde, rien que ça.
Il s’est emparé de la 8e place. « Ca fait du bien d'être de retour », affirmait-il avant d’ajouter sur instagram « Cette 8e place signe la fin d’une reconstruction physique bien sûr, mais aussi mentale. »
« C’est aussi le commencement d’un nouvel objectif, celui de devenir champion olympique en 2022. »
Deux années durant lesquelles il a également profité de sa mésaventure pour informer et inspirer les gens. Son film « Résilience » a été diffusé en avant-première au Festival Le High Five à Annecy le 3 octobre 2021.
Du freeski au freedive
Ce que vous ne savez peut-être pas sur le skieur, c’est qu’il est aussi un grand fan de plongée en apnée. Il a même participé aux Championnats de France d’apnée en 2018 et s’est classé 5e.
« J’ai toujours aimé être dans l’eau, depuis que je suis tout petit. Et on essayait de rester le plus longtemps sous l’eau c’était un jeu pour nous », expliquait-il à TrekTV.
« Puis en 2014, j’ai eu la chance de rencontrer un recordman du monde d’apnée, Pierre Frolla. Il m’a initié et j’ai tout de suite adoré. »
« Dans le sport de haut niveau, on nous dit souvent qu’il faut être dans le moment présent et ne pas réfléchir à l’avant ou à l’après. En apnée, on a pas trop le choix du coup je suis focus sur l’instant et cela m’aide beaucoup pour le ski. »
Un état d’esprit qui pourrait lui être plus que bénéfique pour son objectif de l’année : les Jeux Olympiques de Beijing 2022.