Avec neuf podiums olympiques, Sven Kramer est le patineur de vitesse le plus médaillé de l’histoire des Jeux Olympiques. Recordman de titres aux Mondiaux ISU simple distance (19) et toutes distances (9), il réussit à PyeongChang 2018 l'exploit unique de s'imposer pour la troisième fois consécutive sur 5000 m où il avait aussi gagné l'argent en 2006 !
« Mon père était un patineur de vitesse professionnel, il m’a motivé au plus jeune âge, ma mère aussi", raconte l’enfant d’Heerenveen, un des hauts lieux de ce sport, régulièrement hôte de Championnats du monde et d’Europe, étape annuelle de la Coupe du monde ISU. À onze ans, Sven dit déjà : "Je veux devenir le meilleur patineur du monde". Très bon cycliste également (il est vice-champion junior des Pays-Bas du contre-la-montre), tout va aller très vite sur les ovales de glace : champion national toutes distances en 2004 à 18 ans, médaillé d’argent européen à domicile en 2005, auteur d’un premier record du monde en novembre cette année-là sur l’ovale de Salt Lake City, 6.08:78 sur 5000 m, qu’il améliorera plusieurs fois par la suite.
À 20 ans seulement, il fait ses premiers pas aux Jeux Olympiques à Turin en 2006. Une première réussie puisqu’il décroche l’argent sur le 5000m. Dans la poursuite par équipes, les Néerlandais sont les favoris de l’épreuve. En demi-finale face à l’Italie, alors qu’ils sont en tête, Sven trébuche, entraînant son coéquipier avec lui. Battus, les Oranges disputent alors le match pour la troisième place dans lequel ils dominent la Norvège. Deuxième médaille olympique pour Sven. "Au moment de disputer les Jeux de Turin en 2006 à 19 ans, j’avais déjà battu mon premier record du monde du 5000m, j’avais donc des chances d’aller chercher l’or", raconte-t-il. "Mais je n’étais pas encore prêt, pas aussi fort qu’à Vancouver ou qu’à Sotchi, et l’Américain Chad Hedrick m’avait battu, il avait fait une super course. J’avais pris l’argent. C’était ma première année de patineur professionnel, et j’ai beaucoup appris lors de cette première participation olympique".
Pendant les quatre années qui séparent les Jeux de Turin de ceux de Vancouver en 2010, Sven Kramer devient l’un des meilleurs patineurs du monde. Il remporte plus d’une dizaine de titres de champion du monde et bat plusieurs records mondiaux dont celui du 5000 m (6:03.32, le 17 novembre 2007 à Calgary) qui tiendra durant dix ans. Bien qu’engagé sur toutes les distances, c’est sur le 5000m et le 10000m qu’il se montre le plus efficace. Il est également l’un des piliers de l’équipe nationale dans l’épreuve de la poursuite par équipes.
En 2010, les Jeux de Vancouver doivent être la consécration : Sven ambitionne rien de moins que trois titres olympiques. Tout commence pour le mieux avec le 5000m dans lequel il devance son compatriote Jochem Uytdehaage et établit même un nouveau record olympique. Lors du 10000m, Sven termine premier de la course, il pense avoir empoché son deuxième titre de la quinzaine olympique. Mais quelques minutes plus tard, c’est la désillusion. Il est disqualifié pour s’être trompé de ligne peu après la mi-course. Sur les ordres erronés de son coach, le patineur a en effet pris le couloir intérieur au lieu du couloir extérieur. "J’ai été très déçu à Vancouver. Cela peut paraître étrange, après tout, car j’avais gagné le 5000m, mais j’attendais autre chose ! J’étais parti pour m’imposer dans le 10000m, mais nous avons fait une énorme erreur", ajoute-t-il. "Cette expérience nous a servi pour Sotchi". Quelques jours plus tard, Sven a l’occasion de sécher ses larmes avec ses partenaires dans l’épreuve de la poursuite par équipes. Tout se passe bien jusqu’à la demi-finale où ils sont devancés par les États-Unis pour trois dixièmes de seconde. Comme quatre ans auparavant, les Pays-Bas dominent la Norvège dans la finale pour un nouvelle troisième place.
Blessé à la cuisse, Sven Kramer ne dispute aucune compétition durant la saison 2010-2011, mais il revient encore plus fort, atteignant le score historique de six victoires mondiales toutes distances avec les titres 2012 et 2013 et reprenant sa domination sur 5000m tout comme en poursuite par équipes avec la formation orange (or en 2012 et 2013). Lors des Jeux de Sotchi 2014, Sven Kramer commence par conserver son titre sur 5000m, mais ne parvient pas à prendre sa revanche sur 10000m puisqu’il doit se contenter de la médaille d’argent derrière son compatriote Jorrit Bergsma. Et puis, avec Jan Blokhuijsen et Koen Verweij, il remporte enfin l’or dans la poursuite par équipes en battant de plus de 11 secondes la Pologne en finale. Il totalise désormais sept podiums, dont trois titres.
Après ses troisièmes Jeux d’hiver, le rythme de Sven Kramer ne baisse pas ! Il remporte la totalité des titres mondiaux toutes distances de l’Olympiade : 2015 à Calgary (Canada), 2016 à Berlin (Allemagne), 2017 à Hamar (Norvège), pour compiler neuf médailles d’or « all-around » depuis 2007. Il continue à se barder de récompenses dans les Championnats du monde « simple distance », sur 5000m, 10000m et en poursuite par équipes, atteignant 19 titres planétaires ! Jamais lassé, il s'avance à 31 ans vers les Jeux de PyeongChang, bien décidé à embellir encore son palmarès, expliquant : "J'aime tellement le sport ! Je suis motivé tous les jours. J'ai une très, très belle équipe. Ne vous méprenez pas, c'est vraiment dur parfois, mais en fin de compte, le grand secret, c'est de s'éclater."
Le 11 février 2018, au 2e jour de compétition sur l'ovale olympique de Gangneung, Sven Kramer réussit un exploit inédit : en battant le Canadien Ted-Jan Bloemen et le Norvégien Sverre Lunde Pedersen de 1:85 au bout des 12 tours 1/2 du 5000m, record olympique en 6:09.76 à la clé, il est pour la quatrième fois médaillé et pour la troisième fois titré consécutivement sur la même distance. Un exploit historique et inédit. C'est aussi son 8e podium olympique qui lui permet de devenir l'olympien le plus décoré de son sport côté hommes, devant les glorieux anciens Ivar Ballangrud et Clas Thunberg (sept médailles). "C'est génial de battre le record olympique. Tous les quatre ans, je progresse, et c'est beau à voir ! J'ai beaucoup gagné, j'ai beaucoup perdu, et cette victoire est très spéciale pour moi". Il connaît toutefois un énorme déception une semaine plus tard sur le 10000m, où il ne trouve jamais le rythme et se classe 6e, puis remporte la médaille de bronze de la poursuite par équipes avec Jan Blokhuijsen et Patrick Roest en prenant le meilleur sur la Nouvelle-Zélande, avant de participer à la nouvelle épreuve du départ groupé où il se porte à l'avant pour préparer le sprint de son coéquipier Koen Verweij qui finira en bronze.
Si les neuf podiums de Sven Kramer font de lui le patineur de vitesse n°1 aux Jeux, ses quatre titres le voient figurer derrière l'Américain Eric Heiden qui en avait gagné cinq d'un coup en 1980 à Lake Placid et le Finlandais Clas Thunberg cinq fois titré aussi en 1924 et 1928. Il a d'ailleurs quitté PyeongChang avec un goût d'inachevé. La médaille d'or qu'il désirait le plus, celle du 10000m, s'est encore refusée à lui. Il dit ne pas en avoir dormi les jours suivants ! Il avait précédemment expliqué qu'il comptait encore patiner au plus haut niveau durant deux saisons, mais il semble tenté de jouer à nouveau sa chance sur la distance en 2022 à Beijing. "Je n'écarte pas la possibilité. Je vais prendre les choses année par année. Est-ce que ma carrière ne sera pas complète sans l'or du 10000m ? C'est une question que je vais devoir me poser. En tout cas, mon corps et mon esprit continuent à être forts !"
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