Javier Fernández López a écrit l’histoire sportive de l’Espagne avec une série de résultats inédits : sextuple champion d’Europe et double champion du monde de patinage artistique avant de devenir le premier athlète de son pays médaillé sur la glace aux Jeux Olympiques d'hiver en remportant la médaille de bronze à PyeongChang 2018.
« Je suis conscient d’avoir été le premier athlète à réaliser beaucoup d’exploits pour le patinage espagnol », a dit Javier Fernández. Madrilène, il est venu au patinage artistique à six ans, « parce que ma sœur avait regardé des compétitions à la TV et avait décidé de commencer à patiner et parce que quand je l’ai vue s’entraîner, j’ai énormément apprécié et j’ai décidé de m’y mettre aussi. Le patinage artistique est un sport fabuleux, et c’est fantastique de constamment progresser dans les sauts, les pirouettes, les pas, et sentir que vous pouvez contrôler le terrain, même si vous n’êtes pas né dessus, et que vous pouvez conquérir la glace. Le sentiment de vitesse quand vous patinez, l’émotion quand vous gagnez une compétition, montrer votre programme après des jours et des jours de travail…. Je vis pour cela ! », explique-t-il.
Doué d’un talent unique dans un pays où l’on recense moins de 20 patinoires, il est tout d’abord le premier patineur espagnol à avoir réalisé un triple axel, puis des quadruples sauts. Champion national 2010 à 19 ans, il gagne sa place aux Jeux de Vancouver, où il comble pour sa nation un vide de 54 ans, puisque Dario Villaba était le dernier patineur ibérique devenu olympien à Cortina d’Ampezzo en 1956. Après s’être classé 14e de ses premiers Jeux, Javier Fernández poursuit son parcours de pionnier, grimpant un à un les échelons du concert international. Tous les résultats qu’il obtient par la suite sont inédits dans le sport espagnol : 2e d’un Grand Prix de l’ISU en 2011, 3e de la finale du Grand Prix en 2012, vainqueur du Skate Canada la même année, puis champion d’Europe 2013 à Zagreb et médaillé de bronze des Championnats du monde à London (Ontario) !
Après sa victoire historique à Zagreb en janvier 2013, il explique : « Je ne me sens pas encore champion. Je pense qu’une seule compétition, ce n’est pas grande chose. Je vais juste continuer à travailler ». Il poursuit donc ses gammes sur sa base de Toronto (Canada) sous la direction de Brian Orser, l’ancien double champion du monde canadien qui a mené la Sud-Coréenne Yuna Kim au titre féminin à Vancouver en 2010. En janvier 2014 à Budapest, il remporte son 2e titre européen consécutif avant les Jeux de Sotchi où il est le porte-drapeau de sa délégation et où, 3e après le programme court, il termine finalement au pied du podium, après un libre imparfait, derrière le vainqueur japonais Yuzuru Hanyu suivi du Canadien Patrick Chan et du Kazakh Denis Ten.
Après avoir signé un triplé européen (de nouveau sacré en janvier 2015 à Stockholm), Javier Fernández López écrit une nouvelle page d’histoire pour le sport espagnol. Le 28 mars 2015 à Shanghai, au terme d’un programme libre où il pose deux quadruples sauts, six triples et propose des pirouettes au plus haut niveau de difficulté, il est sacré champion du monde devant le vainqueur des Jeux de Sotchi, Yuzuru Hanyu. Aucun espagnol ne s’était jamais imposé à ce niveau en patinage artistique. Pour couronner le tout, le champion madrilène de 25 ans conserve ses deux titres en 2016, avec son 4e sacre continental à Bratislava, puis sa 2e médaille d’or planétaire à Boston où il devance à nouveau Yuzuru Hanyu au terme d’une prestation étincelante, en explosant ses records personnels du court (98.52) et du libre (216.14). Enfin, le 29 janvier 2017 à Ostrava, Javier Fernández López remporte son cinquième titre européen consécutif en patinant son libre sur trois titres d’Elvis Presley.
Pour la saison olympique, Javier Fernández choisit les thèmes musicaux des "Temps Modernes" de Charlie Chaplin pour son programme court et de la célèbre comédie musicale "L'homme de la Mancha" de Mitch Leigh pour son libre. Champion d'Espagne pour la 8e fois en décembre 2017, il remporte au mois de janvier son sixième titre européen consécutif à Moscou. Un exploit qui n'avait pas été réalisé chez les hommes depuis l'Autrichien Karl Schäfer 82 ans plus tôt (invaincu sur la scène continentale entre 1929 et 1936). Il s'annonce comme un sérieux prétendant à la médaille d'or à PyeongChang 2018, déclarant par ailleurs que ce seront ses derniers Jeux.
Au départ des XXIIIe Jeux d'hiver, l'Espagne ne compte que deux médailles hivernales depuis 1924 : l'or gagné par "Paquito" Fernandez Ochoa en slalom à Sapporo en1972, et le bronze de sa petite sœur Bianca dans la même discipline à Albertville en 1992. Un autre podium vient s'ajouter sur la neige le 15 février avec Regino Hernandez, 3e du snowboard cross. Et le lendemain dans l'arène de glace de Gangneung, Javier Fernández est éblouissant dans son programme court patiné sur les célèbres mélodies du film de Charlie Chaplin sorti en 1936 : une combinaison quadruple boucle/triple boucle, un quadruple salchow et un triple axel, trois pirouettes de niveau 4, une expression artistique poignante rythmée par le public, et un beau sourire à la fin : il se poste en deuxième position derrière son partenaire d'entraînement à Toronto Yuzuru Hanyu, avec un score de 107.58 points. "Je serai heureux demain si je me retrouve dans la même position", dit-il alors. "Je me suis entraîné pour finir premier, mais tout le monde connaît l'extraordinaire talent de "Yuzu". Je vais me battre. Et si je gagne, je gagne, si je suis 2e, je suis 2e et si je suis 3e, je suis content de toute façon.".
Le 17 février, le programme libre de l’"homme de la Mancha" est apparemment sans failles. Les sauts et les combinaisons s'enchaînent à la perfection, avec notamment deux quadruples (un boucle et un salchow en combinaison avec un double boucle), pas moins de sept triples, et toujours ces pirouettes et cette expression artistique si brillantes. Mais il part en sous-rotation sur un quadruple salchow transformé en double. Les points qu'il perd à l'occasion le font reculer à la 3e place derrière Yuzuru Hanyu, qui conserve son titre, et son compatriote Shoma Uno. "Ça a été une belle expérience. Même si ça n'a pas été une performance parfaite aujourd'hui, elle était de qualité", dit l'Espagnol. "Tout le monde patinait si bien ! Cela a représenté beaucoup de travail et beaucoup d'années pour atteindre mon rêve de gagner une médaille olympique. Maintenant, je l'ai, je peux dormir, je peux me reposer, et je peux vraiment apprécier ce résultat avec les miens !" Le premier podium olympique de l'Espagne sur la glace est évidemment historique. Quant à Javier Fernández, son avenir sportif va désormais s'inscrire en pointillés. Il quitte Toronto pour retourner à Madrid avec de grands projets, notamment la création d'un centre de haute performance, la perspective de devenir entraîneur, la volonté de développer son sport en Espagne et de produire des spectacles sur glace.
Quel que soit son futur, en compétition ou non, il fait désormais partie de la légende sportive de son pays.
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