Le combat d’une femme pour le droit de faire du sport

Les Jeux Olympiques et le sport sont des plateformes extraordinaires pour défendre l'égalité des sexes et remettre en question certaines "normes" sociales afin de susciter le dialogue et provoquer des changements. Dans cet esprit, le Comité International Olympique (CIO), partenaire d’ONU Femmes, soutient la #JournéedesFemmes en mettant sous le feu des projecteurs des femmes au parcours inspirant dans le sport. 

Le combat d’une femme pour le droit de faire du sport

Après avoir surmonté hostilité et discrimination et être devenue l’une des meilleures joueuses de squash du Pakistan ainsi que membre de la commission du CIO des femmes dans le sport, Maria Toorpakai Wazir revient sur son histoire incroyable et sur sa collaboration avec le CIO sur la promotion de l’autonomisation des femmes et la défense des droits des femmes dans le sport.

"Plus jeune, quand je vivais au Pakistan, je voyais les garçons jouer dehors. Ils tapaient dans des ballons et faisaient voler leurs cerfs-volants. Pour jouer et s’amuser, l’espace était illimité pour eux. Mais pour les filles, c’était différent. Nous étions confinées entre nos quatre murs, occupées à prendre soin de notre famille.

La région dont je viens est le fief des Talibans. Les femmes n’y sont pas autorisées à suivre une éducation, ni même à sortir de chez elles. Le sport est tout simplement hors de question. Cependant, j’ai eu de la chance. J'avais un père qui me soutenait et m’a toujours encouragée. Il disait que j’étais unique et différente. À 12 ans, au lieu de me dire que je devais cesser d’aller dehors et que cela serait difficile pour moi dans cette société demeurée très patriarcale, il m’a fait connaître le sport pour me donner le courage de rendre les coups.

© IOC / MARTIN, Greg

J’ai d’abord découvert l’haltérophilie. J’ai concouru aux championnats pakistanais des garçons de moins de 16 ans sous le nom de Genghis Khan et j’ai gagné. Je devenais de plus en plus forte grâce à ce sport et quand j’étais dehors, il y avait souvent des bagarres, ce qui préoccupait mon père.

Un jour, j’ai découvert le squash et j’ai tout de suite adoré ça. J’ai dit à mon père que c’était le sport que je voulais pratiquer. Il m’a dit : "Je suis tellement content. Au lieu de taper sur tout le monde, tu taperas la balle contre le mur !". Quelques mois après avoir commencé à jouer, les gens ont découvert que j’étais une fille et c’est de nouveau devenu très difficile pour moi. J’avais beau gagner au niveau national et international et être désignée comme une étoile montante par la Fédération mondiale de squash, j’étais constamment harcelée - simplement parce que j’étais une fille qui jouait au squash.

L’attention des médias a aussi entraîné des menaces de mort de la part des Talibans à l'encontre de ma famille. Durant trois ans, j’ai dû cesser de pratiquer ce sport en public, je pratiquais contre le mur de ma chambre. J’ai continué à jouer et à m’entraîner, déterminée à m’en sortir. J’ai alors envoyé d’innombrables courriels aux clubs de squash du monde entier. Une réponse m’est enfin parvenue du Canada, où je vis désormais et où j'ai trouvé une  famille. On m’a demandé si je voulais le Coran, si je souhaitais vivre dans une famille musulmane ou encore, si je voulais aller à la mosquée.

 Le sport m’a connectée au reste du monde. Je suis un être meilleur et je pense de manière très différente maintenant. Nous sommes tous plus semblables que nous ne le pensons. Il ne s’agit pas de religion ni d’origine, mais de ce que nous sommes en tant qu’humains. 
Maria Toorpakai Wazir

Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’un miracle s’est réalisé grâce au sport et grâce à mon père qui m’a toujours soutenue. Le sport m’a connectée au reste du monde. Je suis un être  meilleur et je pense de manière très différente maintenant. Nous sommes tous plus semblables que nous ne le pensons. Il ne s’agit pas de religion ni d’origine, mais de ce que nous sommes en tant qu’humains.

Être invitée à venir m’exprimer au Forum Olympisme en action [octobre dernier] a été une fantastique expérience pour moi. C’était la première fois que participais à un événement olympique, c’était fascinant d’être là et je m’estime privilégiée d’avoir pu partager mon histoire avec tant de personnalités importantes. Je suis la seule femme du Pakistan, sans parler des régions tribales, qui concourt à ce niveau en squash. Pouvoir m’exprimer au Forum a été un immense honneur.

Je suis aussi membre de la commission du CIO des femmes dans le sport. Nous parlons constamment des problèmes que rencontrent les femmes dans le sport et comment leur procurer un environnement meilleur et plus sûr pour s’épanouir. C’est encourageant d’être entourée par tant d’athlètes féminines aussi actives et déterminées et d’écouter leurs idées. Elles m’apportent énormément !"

© IOC / YASKY, Lalo