Victoria « Vicki » Draves semblait être née pour être dans l’eau. Plongeuse élégante, elle était mariée à son entraîneur et l’élément aquatique était dans sa nature. Pour nombre de ceux qui la regardèrent aux Jeux de 1948, elle semblait avoir le monde à ses pieds.
Néanmoins son univers à elle n’avait pas manqué d’obstacles. Fille d’un père philippin et d’une mère anglaise, elle était née à San Francisco et, dans ce foyer aux modestes moyens, c’est peu dire que la natation n’était pas prioritaire. Ce n’est donc pas avant l’âge de dix ans qu’elle prit sa première leçon de natation. En outre ses origines asiatico-américaines étaient en butte à la discrimination raciale qui sévissait à l’époque aux États-Unis et on exigea d’elle qu’elle cache son origine philippine et use du nom de sa mère : Taylor plutôt que de celui de son père : Manolo.
À 16 ans un entraîneur de plongeon la persuada de se lancer dans ce sport, c’est alors que s’épanouit son talent. En 1946, l’année même où elle épousa son entraîneur Lyle Draves, elle décrocha son premier titre national.
Deux ans plus tard, sa maîtrise dans ce sport lui valut les titres olympiques du plongeon à 3 m et à 10 m, un doublé dont beaucoup rêvent mais auquel bien peu parviennent. Drakes fut la première plongeuse à le réaliser et également la première Asiatico-américaine à remporter une médaille olympique.
Les États-Unis étaient conquis et ses victoires furent considérées comme suffisamment exceptionnelles pour que le magazine Life la désigne, à côté du décathlète Bob Mathias, comme la meilleure athlète américaine de ces Jeux.
Avec son généreux sourire et son naturel heureux, Hollywood ne manqua pas de faire appel à elle, mais Draves préféra s’en tenir au plongeon et elle monta un numéro qui passa dans les spectacles aquatiques extravagants populaires à l’époque. Elle tourna aux États-Unis et en Europe avec l’« Aqua Parade » de Buster Crabbe, avant de proposer avec son mari des programmes d’entraînement aux jeunes nageurs et plongeurs.