Une affaire de famille à Sotchi
Avec les jumeaux hollandais du patinage de vitesse, les frères autrichiens de la luge en double, le trio des sœurs canadiennes du ski acrobatique, les trois sœurs suisses parmi les sept fratries que comptent les épreuves de biathlon, sans oublier un combiné père et fils en hockey sur glace, pas de doute, les valeurs familiales sont bien mises en évidence aux Jeux Olympiques d’hiver de 2014 à Sotchi.
Ne se satisfaisant pas de parvenir ensemble en finale des bosses, les sœurs Dufour-Lapointe, Justine et Chloé, ont remporté l’or et l’argent au parc extrême de Rosa Khutor.
C’est Justine, la plus jeune des trois, qui a triomphé – et elle a admis avoir été inspirée par ses deux aînées.
« J’ai vu mes sœurs en Coupe du monde et j’ai suivi Chloé à Vancouver. J’ai alors décidé de m’entraîner dur. J’ai toujours été une tigresse en compétition, » confie la jeune skieuse de 19 ans. « Je tiens de mon père. C’est comme ça que j’ai grandi, alors c’est normal. »
Sister Act
Leur père Yves, pas peu fier, relève que leur succès est en partie dû à de fortes « valeurs familiales », tandis que la maman Johane explique que la solidarité féminine et familiale a toujours été placée au-dessus de la pression pour réussir.
« Il peut arriver que l’une se réjouisse de son excellent résultat, mais nous avons toujours fait en sorte qu’elle ne se sente pas meilleure que les autres », a-t-elle confié.
« Nous avons consulté un psychologue. Nous voulions les traiter toutes de manière absolument égale. Elles sont sœurs avant tout. Il arrive qu’elles se disputent, mais elles sont suffisamment mûres maintenant pour se gérer elles-mêmes. »
Et les Canadiennes ne forment pas le seul trio familial de ces Jeux d’hiver.
Le patineur sud- coréen Se-Yeong Park évolue sur piste courte au palais des sports de glace Iceberg aux côtés de ses grandes sœurs Seung-Hi Park, également en lice sur piste courte, et Seung-Ju Park qui elle concourt en patinage de vitesse dans l’arène Adler.
Pendant ce temps, les sœurs Gasparin de Suisse --Selina, Elisa et Aita – forment l’une des sept incroyables fratries concourant en biathlon.
Rivalité fraternelle
Ailleurs, les jumeaux hollandais, Michel et Ronald Mulder, ont pris l’or et le bronze dans l’épreuve masculine du 500 m au patinage de vitesse.
« Naturellement, le scénario parfait aurait été pour moi de remporter l’or avec mon frère juste derrière moi, » a dit Ronald. « Mais je suis vraiment heureux d’être parvenu jusqu’au podium. »
Le tandem américain du combiné nordique, Bryan et Taylor Fletcher, admet qu’il y a bien un peu de tension entre eux deux lorsqu’ils sont en compétition mais qu’ils se tiennent aussi les coudes.
« Il y a indéniablement rivalité fraternelle, mais nous nous soutenons et nous travaillons ensemble pour tenter d’obtenir le meilleur résultat pour les deux et non l’un par rapport à l’autre, » explique Bryan, plus âgé de quatre ans.
« J’essaie de lui transmettre des trucs mais il n’en pas tellement besoin, » Taylor dit de Bryan. « Lui montrer par exemple comment rythmer sa course et rester dans le sillage d’un concurrent dans les descentes afin de pouvoir dépasser rapidement ensuite. »
Synchronisme fraternel
La luge en double requiert une entente quasi-télépathique entre les deux coéquipiers qui doivent être complètement sur la même longueur d’onde dans un sport où les fractions de seconde sont décisives et la confiance mutuelle essentielle. Il n’est donc pas surprenant de voir des duos fraternels occuper une position dominante.
Les doubles champions olympiques venus défendre leur titre aux Jeux d’hiver à Sotchi sont les frères autrichiens Andreas et Wolfgang Linger, qui ont fini en seconde position derrière les redoutables Allemands et décroché l’argent.
Pendant ce temps, les Lettons puisaient également dans l’amour fraternel pour produire une formule gagnante, via Andris et Juris Sics qui repartent de Sotchi avec deux médailles de bronze, l’une en double et l’autre en relais.
« Il s’agit d’un travail de synchronisation, » explique Juris Sics, qui a deux ans de plus qu’Andris. « Les deux frères se comprennent sans avoir besoin de parler, et cela forme une bonne combinaison. »
« Une grande confiance mutuelle entre frères est un atout », ajoute Lukas Broz de la République tchèque, qui avec son cadet Antonin forme un autre tandem ayant terminé à la treizième place en double ici à Sotchi.
Le tango se danse à deux
De retour au palais des sports de glace Iceberg, Cathy Reed et son frère Chris concourent pour le Japon en danse sur glace.
Né aux USA, le couple composé du frère et de la sœur a ensuite opté pour représenter le pays de naissance maternel.
« Les supporters japonais nous ont tellement encouragés, » déclare Chris. « Nous voulons honorer ce soutien avec notre patinage. Nous voulons leur rendre ce soutien qu’ils nous apportent. »
Valeurs familiales
Un père et son fils sont présents dans l’équipe slovène de hockey sur glace à Sotchi, l’entraîneur Matjaz Kopitar et son fils Anze, capitaine de l’équipe des Kings de Los Angeles, membre de la NHL, lorsqu’il ne joue pas pour l’équipe nationale.
Le père dit de son fils : « Il essaie toujours de se dépasser; il a de bons gènes, il a travaillé dur et il est devenu un bon joueur de hockey. »
La Slovénie compte encore les frères David et Marcel Rodman qui occupent une position importante, mais pour l’entraîneur Matjaz Kopitar, la clé du succès aux Jeux est la transmission de cet esprit de famille à l’ensemble de l’équipe.
« Nous devons former sur la glace cette grande famille que nous sommes en dehors, » dit-il. « Et sur la glace, nous devons être plus qu’à 100 %. »
Voilà précisément le type de valeurs qui avaient aidé les jumelles Jocely et Monique Lamoureux à assurer la médaille d’argent pour l’équipe féminine américaine de hockey sur glace à Vancouver en 2010. Et le duo est de retour sur la glace de Sotchi, peut-être pour aider l’équipe américaine à s’emparer cette fois de l’or.