Un double-double de légende pour le Britannique Mo Farah!
Le Britannique Mo Farah, vainqueur du 5000 m samedi aux au stade olympique a réalisé son rêve ultime avec un deuxième doublé olympique 10.000/5.000 m, après celui de Londres en 2012. Il devient l’égal du Finlandais Lasse Viren, auteur du même exploit en 1972 et 1976!
Et Mo Farah a gagné sa quatrième médaille d’or olympique, réalisant le doublé comme il y a quatre ans devant son public. « Je ne peux pas y croire. Quand l'Ethiopien Kenenisa Bekele gagnait toutes ces médailles, je me disais « Une seule ferait mon bonheur ». Si vous avez des rêves, ils peuvent devenir réalité et j'ai toujours voulu les réaliser pour mes enfants, parce que la plupart du temps je ne les vois pas et c'est pourquoi vous désirez leur prouver quelque chose ou plutôt la raison des absences », a réagi Britannique, par ailleurs quadruple champion du monde, avec également deux doublés en 2013 et 2015.
« Quand j'ai pris la tête, je n'allais pas les laisser passer. Je déteste perdre, je suis comme ça depuis que j'étais enfant. C'est tout moi », a encore expliqué Farah, 33 ans
Disqualifié dans un premier temps, l'Américain Paul Chelimo a été finalement requalifié et conserve la médaille d’argent. L'Éthiopien Hagos Gebrhiwet redevient troisième, comme à l'arrivée, après avoir gagné un rang durant la disqualification provisoire de Chelimo. Deux autres disqualifications avaient été prononcées à l'encontre de l'Éthiopien Muktar Edris et du Canadien Mohammed Ahmed, initialement quatrième et cinquième. Finalement, le jury d'appel a maintenu la seule disqualification d'Edris, ce qui fait gagner une place au Canadien (4e).
C'était le prix de l'emballage final du dernier tour, avec des bousculades inévitables. Le rêve du vétéran (41 ans) Bernard Lagat, sixième initialement mais propulsé sur le podium (3e), n'a duré que quelques minutes, le temps que le jury d'appel ne revisionne la vidéo. Verdict: si Chelimo et Ahmed ont mis un pied en dehors de la lice, c'était parce que poussés par Edris.
Mais Farah, lui, était au-dessus de ces contingences. Il avait évité l'embouteillage en se dégageant à l'amorce du dernier tour, qu'il a bouclé en 52.23, pour franchir la ligne avec un chrono de 13:03.30.
Détenteur du record d'Europe du 1500 m, le Britannique d'origine somalienne était trop fort au sprint. Les Éthiopiens n'ont pas imprimé une allure assez rapide, ou du moins été capables de changements de rythme, pour déstabiliser le roi du demi-fond. « Mes jambes étaient fatiguées après le 10.000 m. C'est la victoire qui me comble la plus des quatre », a déclaré à chaud le quadruple champion olympique qui s'entraîne aux États-Unis auprès d’Alberto Salazar.
La success-story de Mo Farah
Au-delà performance sportive, accomplie avant lui seulement par le Finlandais Lasse Viren (1972-1976), il y a la success-story. C'est l'histoire humaine, bien d'actualité puisqu'elle parle de réfugiés et d'entraide, qui éclaire le demi-fondeur au sprint acéré. Entre la Somalie, Djibouti et l'Angleterre, où son père d'origine somalienne est né, Farah a vécu des allers-retours entre deux cultures.
Arrivé en Angleterre à 10 ans, il s'est forgé un caractère. A l'école, il a fait le coup de poing pour se protéger et défendre sa différence. Et puis, il y a la longue séparation de 12 ans avec son frère Hassan, son jumeau aussi, ingénieur en Somalie. Cette quête de sa moitié a représenté une « longue course. »
Farah est reconnaissant à son pays d'adoption. Un enseignant tenace, qui croyait en ce gamin frêle mais résistant, l'a poussé sur le chemin de l'athlétisme. Paula Ratcliffe, la détentrice du record du monde de marathon, a aussi cru en lui et l'a aidé. Farah est invaincu en grande compétition depuis 2011 et son premier titre mondial, sur 5000 m à Daegu (Corée du Sud). L'Ethiopien Ibrahim Jeilan est le dernier homme qui l'a devancé dans un grand championnat, à Daegu sur 10.000 m.
Depuis, outre ses deux doublés aux Jeux, le Britannique a signé deux doublés aux Mondiaux, en 2013 à Moscou et en 2015 à Beijing. Farah semble invulnérable grâce à sa vitesse terminale -il est recordman d'Europe du 1500 m-, qui lui permet de régler ses adversaires dans un sprint en progression, sa marque de fabrique. Depuis des années, les Ethiopiens notamment échafaudent des tactiques pour le mettre en échec. Ils n'ont toujours pas trouvé la solution.