Trois médailles au bout du conte de fées de Sheila Young

Grâce à sa performance tonitruante dans le 500 m, la patineuse de vitesse américaine Sheila Young apporta à son pays sa première médaille d’or des Jeux d’hiver de 1976, dans le brouillard d’un petit matin de février à Innsbruck. Son triomphe faisait écho à l’argent qu’elle avait remporté la veille dans le 1 500 m et annonçait le bronze qu’elle allait obtenir dans le 1 000 m.

Trois médailles au bout du conte de fées de Sheila Young

Les Jeux démarraient donc comme un véritable conte de fées pour l’athlète de Detroit qui venait d’annoncer ses fiançailles avec le cycliste olympique Jim Ochowicz, à la veille de la compétition.

Le jeu complet de médailles obtenu par Sheila Young en patinage de vitesse fit d’elle la sensation des Jeux, puisqu’elle était devenue la première Américaine à monter trois fois sur le podium au cours des mêmes Jeux Olympiques d’hiver.

Compétitrice acharnée, l’Américaine allait vivre une incroyable année sportive: elle remporta le bronze aux Championnats du monde toutes distances, devint championne du monde de sprint et battit trois records du monde, le tout en patinage de vitesse, et fut sacrée en parallèle championne du monde et des États-Unis de vitesse, en cyclisme sur piste.

Les succès de Sheila Young étaient tant le fruit de sa persévérance que de sa filiation. Ses parents avaient en effet tous deux disputé des compétitions de patinage de vitesse et de cyclisme, et son frère Roger était un coureur cycliste réputé.

Après sa sortie du lycée en 1968, elle essaya à trois reprises d’intégrer l’équipe américaine de patinage de vitesse, mais en vain. Elle se mit donc à griffer sans relâche la glace des patinoires du Michigan, avalant des milliers de kilomètres à l’entraînement, jusqu’à ce qu’elle soit finalement retenue.

Une fois lancée, rien ne pouvait plus arrêter Sheila Young. Elle participa donc aux Jeux Olympiques d’hiver de 1972 à Sapporo – comme son frère – et échoua au pied du podium dans le 500 m. « C’est à partir de là que j’ai vraiment commencé à travailler », déclara-t-elle aux journalistes.

Un an plus tard, elle fut sacrée championne du monde de sprint, et devint la première femme à briser le mur des 42’’ au 500 m. Grâce aux innovations en termes d’entraînement et de technologie textile, le sport devenait de plus en plus rapide chaque année, mais la constitution robuste de Sheila lui permit de garder une longueur d’avance sur ses rivales.

Peu de temps avant les Jeux de 1976 en Autriche, elle devint d’ailleurs la première femme à boucler le 500 m en moins de 41’’, ce qui lui permit de se présenter en pleine confiance sur l’anneau de vitesse olympique d’Innsbruck.

Lors des compétitions olympiques, les patineurs s’affrontent par paires, contre la montre, sur un ovale de 400 m. Durant ces oppositions passionnantes, et à l’occasion, périlleuses, au cours desquelles leur vitesse peut atteindre 69 km/h, ils doivent changer de couloir dans la ligne opposée lors de chaque tour, et priorité est accordée au concurrent qui passe de l’extérieur à la corde.

Les courses sont éprouvantes physiquement et les patineurs sont soumis à des forces centrifuges de l’ordre de 50 à 60 kg, ce qui les oblige à se pencher fortement vers la glace.

Détentrice d’un record du monde de 40’’91 au 500 m, Sheila Young s’imposa sur la distance en 42’’76, nouveau record olympique. Elle s’inclina ensuite sur le 1 000 m, devancée par la Soviétique Tatyana Averina et par sa compatriote Leah Poulos, et termina deuxième du 1 500 m, une fraction de seconde sur les talons de sa rivale soviétique Galina Stepanskaya.

Dans la foulée de ses succès autrichiens, Sheila ajouta deux records du monde supplémentaires à sa collection, avant de quitter la glace pour fonder une famille. Elle sortit toutefois brièvement de sa retraite en 1981 et en 1982 à l’occasion des championnats du monde de sprint.

Le Comité olympique américain lui décerna le titre de Sportive de l’année en 1976 et en 1981 pour ses exploits en cyclisme et en patinage de vitesse. Elle fut par ailleurs intronisée au Temple international de la renommée sportive féminine en 1981, au Temple américain de la renommée du cyclisme en 1988 et au Temple national de la renommée du patinage de vitesse en 1991.

Aujourd’hui enseignante, Sheila Young est mère de trois enfants. L’aînée, Elli Ochowicz, est également patineuse de vitesse et a participé aux Jeux Olympiques d’hiver de 2002, 2006 et 2010.

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