TQO de basketball femmes à Anvers : Malgré un burn-out qui a changé sa passion du basketball, Julie Allemand vise toujours les sommets

Par Nicolas Kohlhuber
6 min|
Julie Allemand of Belgium drives at the basket during the 2022 FIBA Women's Basketball World Cup
Photo de 2022 Getty Images

Julie Allemand est l'une des stars de la sélection belge qui participe au TQO de basketball femmes depuis ce jeudi 8 février à Anvers. La meneuse a su accepter le burn-out dont elle a été victime en 2021 pour encore mieux apprécier les succès qui ont suivi.

La Belgique a tenu tête aux États-Unis jusqu'au buzzer, ce jeudi 8 février en ouverture du Tournoi de qualification olympique (79-81).

Même si les Belgian Cats ont cédé sur un panier à la dernière seconde de Breanna Stewart, ce match est entré dans leur histoire. Elles ont joué devant 13 700 spectateurs, une affluence record pour du sport féminin au plat pays.

Un match aussi disputé face aux championnes olympiques et un tel engouement en dit long sur le parcours des basketteuses belges. Le titre décroché au dernier EuroBasket les a définitivement fait changer de dimension après un podium deux ans plus tôt, et une première qualification aux Jeux Olympiques et à la Coupe du monde.

« C’est différent depuis qu’on a été championnes d’Europe […] On a gagné le respect, on n’est plus simplement ‘la petite Belgique’ », explique Julie Allemand qui a conscience de ce changement de statut.

Tout n’a pas été simple pour arriver sur le toit de l’Europe. Avant de réaliser un si grand exploit, la meneuse et ses coéquipières ont connu les désillusions.

La Belgique a notamment été battue d’un point par la Serbie en demi-finales de l’EuroBasket 2021 (73-74) et par le Japon en quarts de finale des JO de Tokyo 2020 (85-86) pendant l’été 2021.

Deux ans et beaucoup de résilience plus tard, ces expériences ont certainement joué un rôle dans la victoire des joueuses de Rachid Méziane en finale de l’EuroBasket 2023 après avoir renversé l’Espagne (64-58).

« Ça te met tellement mal. Tu connais tellement la déception de ce genre de défaites que tu ne veux pas la revivre », explique Julie Allemand pour qui le chemin de la rédemption a été particulièrement sinueux.

Car la native de Liège n’a pas seulement eu besoin de se remettre de ces cruelles éliminations pour goûter à la gloire européenne. Elle a aussi dû surmonter un burn-out qui les a suivi.

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« Même voir un ballon de basketball me faisait pleurer »

Revenir en club n’a pas été la bouffée d’oxygène espérée pour Julie Allemand après l’irrespirable été 2021. Entre la déception des résultats et les protocoles sanitaires à cause du Covid-19, le point de non-retour a été atteint.

« Je passais tout l'entraînement à pleurer. Même en voyant un ballon de basketball, je pleurais. C'était vraiment compliqué. Un trop plein de petites choses. Tu crois que tu es invincible, que tu n'arriveras jamais à cette ligne où ça ne devient plus possible. Mais bon, j'y suis arrivée : j'étais dégoûtée du basket. »

L’ASVEL, son club, a compris sa situation et lui a laissé quelques jours pour respirer. La joueuse de 27 ans en a profité pour faire un détour par la Belgique et se ressourcer. La route était encore longue au moment de son retour à la compétition, car elle était notamment prise de tremblements pendant son premier match. Une difficulté désormais laissée derrière elle par cette joueuse à la détermination inépuisable.

La Belge est une véritable passionnée de basketball, un sport pratiqué par ses parents et ses frères.

Selon elle, c’est même cet investissement total qui l’a menée à cet état. « J'ai toujours tout donné, je ne peux pas jouer à 50 % et je pense que c'est ça qui a causé un trop plein. À force de donner, de donner, de donner et puis de voir ces défaites, ça devient trop pour l’accepter. »

Aujourd’hui, « quelque chose est cassé » dans sa passion, mais sa volonté de grandir à travers le basketball n’a pas faibli. Elle a su trouver la force et les moyens de surmonter cet obstacle.

Extérioriser ses émotions en écrivant, positiver en reprenant goût aux petites choses de la vie et surtout apprendre à prendre soin d’elle lui permettent de remonter la pente. Mais ne comptez pas sur la meilleure passeuse du championnat de France pour être moins généreuse sur le parquet. Elle met toujours son énergie au service de ses coéquipières, que cela soit en défense ou en créant pour les autres.

« J'ai vraiment ce besoin que toute l'équipe se sente bien sur le terrain, que tout le monde performe. Quand quelqu’un marque sur une de mes passes, c’est comme si j’avais marqué », explique celle qui avait été la deuxième meilleure passeuse des JO de Tokyo 2020 et de la Coupe du monde 2022.

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Julie Allemand sait que sans les mauvais moments, elle ne pourrait pas être la meilleure version d’elle-même

Parler de ce burn-out a été une étape importante dans sa reconstruction. Elle a alors pu passer à autre chose au niveau mental.

Julie Allemand a aussi donné plus de priorité à sa famille, à ses envies et à son ressenti au quotidien pour s’enlever le surplus de pression qu’elle se mettait. Elle ne s’attarde plus autant sur ses échecs et veut désormais profiter autant que positiver.

Cette nouvelle démarche lui permet même de voir ce burn-out comme une bonne chose.

« Il faut pouvoir profiter des bons comme des mauvais moments. Parce que les mauvais, ils sont là pour une raison, ils sont là pour te faire grandir. Ça veut dire que quelque part, tu n'es pas encore assez fort, que tu n'es pas encore assez prêt à vivre certaines situations. Je préfère avoir beaucoup plus de bons moments que de moments difficiles, mais je pense qu'il faut les deux pour être un jour la meilleure version de moi-même. Je suis certaine qu'on grandit beaucoup plus vite grâce aux choses négatives qui nous arrivent », explique celle qui veut inciter les plus jeunes à avoir confiance en eux.

Au bout de cette route semée d’embûches, la satisfaction n’est que plus grande quand le succès est au rendez-vous. La joie qui a accompagné les victoires à l'EuroBasket 2023 mais aussi en EuroCoupe et en Championnat de France avec l'ASVEL au printemps dernier a été décuplée. Elle avait les airs d'une juste récompense pour la meneuse des Belgian Cats.

Que cela soit au TQO ou sur la possible route à prendre jusqu’aux JO de Paris 2024, Julie Allemand sait que tout ne sera pas facile. Mais elle est prête à relever ces challenges pour continuer d’avancer, faire encore mieux qu’à Tokyo 2020 et entrer encore un peu plus dans l’histoire du sport belge.