Taylor laisse une trace indélébile dans l’histoire

L’histoire de John Taylor est marquée par la tragédie, mais ses exploits sur la piste se sont perpétués, génération après génération, et ce n’est pas fini : il est en effet le premier Afro-américain à avoir gagné une médaille d’or olympique avec ses partenaires américains du relais 4x400 m medley, le 25 juillet 1908.

Taylor laisse une trace indélébile dans l’histoire

Avant les Jeux de Londres, ses principaux faits d’armes épousent les contours de sa brillante scolarité. Il est en effet diplômé de l’École vétérinaire de l’université de Pennsylvanie – où il a fait partie de la première communauté universitaire noire, Sigma Pi Phi – et auparavant, lorsqu’il était au lycée, il a affiché des dispositions prometteuses pour la course. En 1907, il a été ainsi recruté par l’Irish-American Athletic Club, qui a fourni une formidable brochette d’athlètes pour ces Jeux, et a ainsi commencé son ascension vers les sommets de l’athlétisme.

«Chaque fois que Taylor s’aligne au départ d’une course, il est victorieux, ou termine tout près de la première place, en raison de ses qualités, peut-on lire dans le Washington Post du 15 septembre 1907. Et chaque homme de la colonie irlandaise ne ménage pas ses cordes vocales pour pousser Taylor vers la victoire. » À Londres, il participe tout d’abord à la course controversée du 400 m, qui voit Wyndham Halswelle s’imposer par forfait. Taylor remporte sa série de manière convaincante avec plus de 10 mètres d’avance, alors que lors du tour suivant, sa longue foulée avale tous ses rivaux et lui donne la victoire avec près de 5 m d’avance. Lors de la première finale, il termine quatrième et dernier mais, adoptant la même ligne de conduite que ses deux coéquipiers américains, il ne participe pas à la finale recourue.

Les choses sont beaucoup plus orthodoxes, et couronnées de succès, dans le relais medley. Cette épreuve est disputée pour la première fois aux Jeux, et préfigure le futur relais 4 x 400 m. Si la distance est identique – 1 600 m–, en revanche les coureurs doivent parcourir des relais de longueurs différentes : les deux premiers couvrent 200 m chacun, le troisième 400m et le dernier, 800 m. Lors des éliminatoires, Taylor boucle le relais de 400 m pour les États-Unis, et avec ses coéquipiers William Hamilton, Nate Cartmell et Melvin Sheppard, ils repoussent les assauts de la Grande-Bretagne et du Canada dans la troisième série.

En finale, les États-Unis sont opposés à l’Allemagne et à la Hongrie. Lorsque Taylor s’élance pour boucler son tour de piste, il compte déjà plus de sept mètres d’avance sur ses poursuivants. « Sa remarquable foulée a creusé considérablement l’écart, notamment dans les cent derniers mètres », indique le rapport officiel, et son avance est telle que Sheppard peut s’élancer pour la deuxième moitié de la course avec un avantage de plus de 13 mètres sur les Hongrois, deuxièmes. A l’arrivée, cette avance culmine à près de 23 mètres, offrant ainsi la victoire aux Américains dans une course qui les a vus devenir de plus en plus solides.

Taylor laisse ainsi une trace indélébile dans l’histoire – une marque qui ouvrira la voie à des millions d’autres. Mais il n’aura pas l’occasion de la renforcer. Le 2 décembre, moins de cinq mois après son retour victorieux, il s’éteint à 26 ans seulement, après avoir lutté contre la typhoïde, et ses obsèques sont célébrées à Philadelphie en présence d’un nombre important de ses coéquipiers de l’Irish-American Athletic Club.

Harry Porter, son camarade de l’Irish-American Athletic Club et président en exercice de l’équipe olympique américaine de 1908 – a résumé ce que les autres pensaient de Taylor, dans une lettre à ses parents, écrite après sa mort. « C’est bien plus en tant qu’homme [qu’athlète] que John Taylor a laissé une trace. Pas prétentieux pour deux sous, génial et gentil, cet athlète aux pieds véloces, unanimement reconnu, était aimé partout où il passait… Coureur modèle, l’exemple de sa réussite sportive, universitaire et dans sa vie d’homme ne faiblira jamais. » Un résumé on ne peut plus juste de l’héritage exceptionnel qu’a laissé un homme remarquable.

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