A Cortina d’Ampezzo, le combiné nordique est disputé selon une nouvelle formule. Celle qui sera désormais le standard. Jusque-là, en effet, les concurrents du combiné se mêlaient tout d’abord à ceux du 18km ski de fond. L’épreuve à part entière couronnant un champion olympique, était également la première partie du combiné nordique. Les spécialistes se disputaient ensuite le titre sur le tremplin. Pour les Jeux de Cortina 1956, d’une part, le 18km ski de fond disparait au profit du 15km. Il est d’autre part détaché du combiné nordique qui commence désormais par le saut, et se poursuit par un 15km spécifique.
La seule différence avec ce que l’on connait de nos jours tient dans le comptage des résultats. Depuis les années 1980, on utilise la méthode « Gundersen » qui consiste à transformer les performances sur le tremplin en handicap de temps, les coureurs s’élançant en ski de fond dans l’ordre de leur classement séparés par les distances converties en secondes. Cela débouche donc sur une « poursuite » en ligne qui voit triompher celui qui franchit la ligne d’arrivée le premier.
A Cortina en 1956, les résultats du saut sont comptabilisés dans un classement par points, puis le fond en apporte d’autres qui sont cumulés pour aboutir au podium. Les coureurs prennent le départ dans le 15km ski de fond par intervalles dans l’ordre inverse du classement du saut.
Sur le tremplin « Italia », le dimanche 29 janvier, les 36 concurrents disposent de trois sauts chacun, les deux meilleurs étant pris en compte. Le soviétique Yuri Moshkin prend les devants en atterrissant à 79.5m et 77.0m, ce qui lui vaut 217.5 points. Le Norvégien Sverre Sternersen, médaillé de bronze à Oslo en 1952 et champion du monde 1954 à Falun (Suède), se poste en seconde position : 73.0m et 74.0m pour 215 points. Le Suédois Bengt Eriksson est 3e avec 214 points, l’Autrichien Sepp Schiffner 4e avec 211.5 points. Quant au Polonais Franciszek Gasienica Gron, il est 10e, avec des sauts à 72.5m et 71.5m pour 203.0 points.
Deux jours plus tard, pour le 15km disputé dans la brume par -8°, Sverre Sternersen, pourtant considéré avant tout comme un spécialiste du saut, dispute la course de sa vie. Il s’élance en 33e et avant-dernière position (suite à sa 2e place sur le tremplin), et affole le chronomètre. Ses 56.18 qui constituent et de loin le meilleur temps, lui permettent de cumuler 455 points et de remporter la médaille d’or. Le concurrent le plus proche de lui sur ces 15km est le Finlandais Paavo Korhonen, à 14 secondes.
Quant au dernier partant, le vainqueur du saut Yuri Moshkin, il s’écroule en ski de fond et termine au 13e rang. Pour le podium, Bengt Eriksson réalise son parcours en 1:00.43 et s’adjuge la médaille d’argent avec 437 points, tandis que Franciszek Gasienica Gron remonte de sa 10e place en saut, réalise 57.55, totalise 436,8 points et remporte le bronze, la première médaille polonaise aux Jeux d’hiver. Qui reste aussi la seule en combiné nordique à ce jour ! Avec la 4e place de Paavo Korhonen, quatre coureurs de quatre nations différentes sont aux quatre premiers rangs. Inédit en combiné nordique aux Jeux.
Sverre Sternersen, cinq fois champion de Norvège de 1954 à 1958 et trois fois vainqueur du festival d’Holmenkollen (1955, 1956, 1959), dispute encore les Jeux de Squaw Valley en 1960 où il prend la 7e place du combiné nordique. Il ouvre ensuite un magasin de sport, puis devient entraîneur et responsable de la culture et des sports dans sa municipalité de Målselv (comté de Troms, nord de la Norvège) où il est né et où il décède à l’âge de 79 ans, le 17 décembre 2005.