Spectacle total à Deodoro pour le retour du rugby sur la scène olympique
Le rugby est revenu aux Jeux sous sa spectaculaire forme à sept, durant trois journées de compétition dans chaque tournoi. Les Australiennes ont triomphé de Néo-Zélandaises pour remporter la première médaille d’or du ballon ovale en 92 ans. Les magiciens fidjiens ont enchanté le public de Deodoro pour finir par un festival offensif en finale face aux Britanniques et remporter la première médaille de leur pays aux Jeux !
« Sur le plan sportif, le tournoi de rugby à sept a été extrêmement réussi et l'engouement populaire a grimpé tout au long de la compétition, au point d'avoir 15.000 spectateurs pour la finale, dans un pays sans culture de ce sport »: ancien président de World Rugby, le Français Bernard Lapasset, qui fut en première ligne pour le retour du ballon ovale sur la scène olympique, a dressé un bilan largement positif du retour du rugby dans le concert olympique. Le spectacle a été total !
8 aout : Les Australiennes écrivent l’histoire du rugby olympique !
En remportant lundi à Rio la première médaille d'or de l'histoire du rugby à sept, et la première du ballon ovale depuis 1924, les Australiennes, grandissimes favorites de la compétition, sont entrées dans l'histoire d'une discipline en pleine lumière sur la scène olympique.
C'est l'union parfaite du symbole et de la logique. Première puissance mondiale du sept féminin après avoir survolé les débats cette saison en remportant trois des cinq tournois majeurs, l'Australie est aussi une terre de développement du rugby sous toutes sous formes. Le sacre des Australiennes offre donc une superbe promotion au ballon ovale sur l'île-continent, mais aussi beaucoup plus largement, grâce aux projecteurs de la grande scène olympique.
Les partenaires de Charlotte Caslick, une des meilleures joueuses durant les trois jours de compétition, ont parfaitement rempli leur mission en dominant en finale les rivales héréditaires néo-zélandaises 24 à 17. « C'est incroyable, je suis si fière », a exulté la capitaine Shannon Parry. Pour arriver en finale, les Australiennes ont fini premières de leur poule, puis ont éliminé l’Espagne 24-0 en quarts et le Canada 17-5 en demi-finale. Les Néo-Zélandaises ont passé un premier tour tranquille, puis ont disposé des Etat-Unis 5-0 pour entrer dans le dernier carré, et en suivant, de la Grande-Bretagne 25-7.
La justesse technique des australiennes
Mieux organisées collectivement et surtout d'une impeccable justesse technique, les Australiennes ont méthodiquement fait plier les Néo-Zélandaises, qui avaient pourtant ouvert la marque. L’Australie a marqué quatre essais par Charlotte Caslick et la très rapide Ellia Green en première mi-temps, puis Evania Pelite et Emma Tonagato dans le deuxième acte de dix minutes.
Les « Sevens Sisters », deuxième nation mondiale cette saison après plusieurs années de règne sur le Circuit (2012, 2013, 2014), n'ont pas su tirer avantage de leur légère supériorité en puissance. Leurs individualités, dont Kayla McAlister (2 essais) et Portia Woodman (1 essai), n'auront également pas suffi à renverser l'ordre établi en finale.
« On est entré dans l'histoire avec cette médaille d'argent (...). C'est une grande réussite. Mais ce n'était pas pour cette récompense que l'on était venues », a déclaré Woodman, meilleur marqueuse d'essais du tournoi avec 11 réalisations.
De manière générale, la hiérarchie a été respectée au stade Deodoro. En suivant ce fil conducteur, le Canada, troisième puissance mondiale de la discipline, a pris la médaille de bronze en taillant en pièces des Britanniques beaucoup trop indisciplinées (33-10). Les Etats-Unis ont pris la 5e place en battant la France en match de classement (19-5).
Les prestations rafraîchissantes du Brésil, qui a obtenu sa place sur le Circuit mondial, ou encore du Kenya, ont montré un frémissement de la discipline sur d'autres continents. Mais le mot de la fin revient pour l'instant aux habituées des grandes joutes ovales. Place maintenant au tournoi masculin !
11 août : Les artistes Fidjiens inscrivent leur noms en lettres d’or au panthéon du rugby olympique
Les rugbymen fidjiens sont entrés dans l'histoire de leur pays en lui apportant sa première médaille olympique, qui plus est en or, en écrasant en finale les septistes britanniques 43-7, offrant un magnifique spectacle au nombreux public massé dans les gradins du stade de Deodoro. A des milliers de kilomètres là, les Iles Fidji ont chaviré de bonheur !
Ils étaient attendus, soumis à une immense pression, et ils l'ont fait! Soixante ans après avoir envoyé leurs premiers athlètes aux Jeux de Melbourne 1956, les Fidjiens ont enfin fait rentrer leur archipel peuplé de quelque 900.000 habitants au palmarès olympique, en inaugurant le retour du rugby aux Jeux, 92 ans après, sous sa forme à sept.
L'or était promis aux hommes du Pacifique qui dominent le Circuit mondial depuis deux ans grâce à leur densité physique et leurs capacités techniques hors du commun. Loin d'être inhibés, ils ont encore fait étalage de leur talent durant les trois jours de compétition, illuminant le tournoi par leurs passes après contact et leur gestuelle improbable. De véritables artistes, des magiciens du ballon ovale, qui jouent comme nulle autre équipe, et qui ont largement remporté toutes leurs rencontres devant un public qui n’a pas ménagé ses applaudissements devant la qualité du spectacle offert.
Assez ironiquement, ce succès doit beaucoup à un Anglais, Ben Ryan, aux commandes pendant six ans du VII de son pays avant de débarquer en 2013 aux Fidji. Héros aux Fidji, Ryan a su optimiser tout le potentiel de ses joueurs hors normes et les ressources à disposition, apportant rigueur et professionnalisme dans l'encadrement de l'équipe, pour hisser le pays au pinacle de la planète « Sevens ».
Le rouleau compresseur fidjien
Ben Ryan, avait envoyé un message simple avant la finale: « Jouons librement, voyons si nous pouvons jouer sans entrave pour le plus grand match de notre histoire. » Ses quelques mots ont été suivis à la lettre. Les Britanniques étaient menés 29-0 à la pause, après avoir encaissé cinq essais magnifiques !
Face au rouleau-compresseur, les Britanniques n'avaient plus qu'à essayer de sauver l'honneur, ce qu'ils firent grâce à Dan Norton. La partie s’est terminée sur le score de 43-7, les artistes fidjiens régalant encore dans le deuxième acte avant d’exploser de joie au coup de sifflet final, submergés par l’émotion.
Venu du rugby à XV, joueur professionnel au RC Toulon dans le championnat Top 14 français, Josua Tuisova a vécu à Rio le plus grand moment de sa carrière : « Je suis heureux. Je veux dédier cette victoire à ma famille aux Fidji. Je suis vraiment reconnaissant du soutien de tout le monde. Cette médaille d'or signifie beaucoup pour moi et pour tous les Fidjiens. Ça fait longtemps qu'on se prépare à ce moment aux Fidji », a-t-il encore souligné.
A plus de 13.500 kilomètres de Rio, la vie sur le petit archipel du Pacifique s'est arrêtée au début de la finale. Mais il n'a pas fallu attendre la fin du match pour que les premiers feux d'artifice soient tirés. A la mi-temps, les Britanniques menés 29-0, l'affaire était pliée, la fête pouvait commencer. L'archipel a finalement basculé dans une folie contagieuse au coup de sifflet final; synonyme de première médaille olympique pour les Fidji, du plus beau métal qui soit. Dans un message à la nation envoyé depuis Rio, où il avait assisté à la finale olympique, le Premier ministre Voreqe Bainimarama a affirmé que « tous les Fidjiens se réjouissent », partout dans le monde. « Jamais l'esprit fidjien n'avait été élevé aussi haut. Jamais auparavant n'avions nous été une si grande nation », a-t-il poursuivi. Le 21 aout, toute l’île de Viti Levu et la capitale fidjienne Suva ont fété le retour des héros dans une ambiance indescriptible.
La promesse japonaise
Pour l’équipe de rugby à sept britannique, la médaille d’argent est déjà une belle récompense au terme d'un tournoi abouti. La sélection britannique est effectivement habituellement éclatée entre Anglais, Gallois et Ecossais sur le Circuit mondial et ceux-là ne se sont réunis que pour l'occasion des Jeux.
Ils ont réussi l'exploit de renverser en demies l'Afrique du Sud (7-5), étiquetée comme la principale rivale des Fidji mais qui devra se contenter du bronze.
Derrière les magiciens fidjiens, le premier tournoi olympique de l'histoire restera surtout marqué par l'incroyable parcours des Japonais, qui terminent 4e place. Les rugbymen de l’archipel nippon ont impressionné, comme leurs homologues à XV l'avaient fait pendant la Coupe du monde à XV l'automne 2015. S'ils se sont largement inclinés contre l'Afrique du Sud pour la 3e place (54-14), ils ont fait le plein de confiance pour la saison prochaine, en vue de leur intégration dans le Circuit mondial.
Leur justesse technique, leur organisation collective et aussi leur condition physique ont impressionné et placent déjà l'équipe de Lomano Lemeki parmi les nations les plus dangereuses de l'exercice à venir. Une montée en puissance parfaite à trois ans de la Coupe du monde à XV au Japon et à quatre ans des Jeux de Tokyo.