Sofiane Oumiha, une vie olympique connectée à sa famille
Le boxeur français, vice-champion olympique à Rio 2016, a obtenu un quota qui pourrait lui permettre de disputer ses troisièmes Jeux, à Paris 2024. Il y évoluerait devant sa famille, qu’il a longtemps dû quitter pour réaliser ses rêves, notamment pour la naissance de son fils. Pour Olympics.com, il revient sur ses succès, ses tristesses et explique comment son séjour à Tokyo 2020 est ancré jusque dans le prénom de son premier enfant.
La quête olympique est pour certains athlètes l’objectif d’une vie. Celui vers lequel la course ne s’arrête pas tant qu’il n’est pas atteint.
Sofiane Oumiha, médaillé d'or aux Jeux européens 2023, fait partie de cette catégorie.
Lors des JO de Rio 2016, le boxeur français avait 21 ans et le monde le découvrait quand il remportait la médaille d’argent chez les -60 kg.
« Je suis passé de l’ombre à la lumière », se rappelle-t-il dans la Nowy Targ Arena des Jeux européens 2023, après sa victoire en demi-finale, ce vendredi 30 juin.
Le Toulousain arrivait ensuite à Tokyo 2020 en tant que favori mais il ne réussissait pas à réaliser son rêve. Partie remise.
Les prochains JO sont à Paris, en 2024, et il a obtenu un quota* mercredi 28 juin en se qualifiant pour les demi-finales de la catégorie -63,5 kg. Il a ensuite décroché le titre, son premier sur le plan continental. Ce sacre revêt une importance majeure mais une autre idée lui fait briller les yeux.
C’est devant toute sa famille qu’il pourrait tenter de conquérir le sacre olympique.
Si la famille est primordiale pour Sofiane, il a longtemps dû faire des choix qui l’ont mené à manquer des étapes importantes dans sa vie depuis 2013.
« Je n’ai pas assisté à la naissance de mon fils et je suis parti une semaine après la naissance de ma fille », confiait-il après avoir obtenu le quota olympique, soulagé et fier de savoir que ses enfants Kâmil et Leya, née en avril 2023, pourraient regarder leur papa dans sa quête.
*Les Comités Olympiques Nationaux (CNO) étant les seules autorités habilitées à déterminer qui représentera leur pays aux Jeux Olympiques, la participation de chaque athlète français aux Jeux de Paris 2024 sera de fait du ressort de la Commission consultative des sélections olympiques (CCSO) du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF), qui sélectionnera sa délégation nationale à Paris.
Sofiane Oumiha : « C’est mon rêve et j’essaie de m’y tenir au quotidien »
Ce rêve a débuté il y a plus de 10 ans. Devant la télé.
« Je regardais les Jeux de Londres 2012 et j’ai pu aller à Rio 2016 où j’ai décroché l’une de mes plus belles des médailles. J’avais 21 ans et je voulais refaire les Jeux. »
Après les derniers Jeux, la pilule a été difficile à avaler. Le Toulousain était grand favori et son parcours s’est arrêté dès son entrée en lice contre l’Américain Keyshawn Davis, futur vice-champion olympique.
« C’était très dur. Cinq ans de travail pour une défaite au premier tour alors que j’étais le mec attendu… J’ai limite fait une dépression. »
Une remise en question de ses choix, alors que son premier enfant naissait à quelques milliers de kilomètres de là ? Non, car toutes ses décisions sont réfléchies.
« C’est mon rêve et j’essaie de m’y tenir au quotidien. C’est difficile car la distance fait que les enfants, ma femme et ma famille me manquent. Mais j’essaie de faire abstraction de tout cela en me disant ce que je fais, c’est pour eux et ce qu’elle fait, c’est pour moi. »
Le partage, source de toute réussite
Ce rêve olympique est devenu une aventure collective. Chaque sacrifice est partagé et tout le monde va dans la même direction.
« Ma femme a été sportive de haut niveau et elle comprend parfaitement. Ça me soulage et je peux me concentrer sur mon objectif. Malheureusement, c’est elle qui fait les sacrifices mais ce que je fais, c’est pour eux. C’est mon travail, mon rêve et mon objectif. Mais on a réussi à en faire un objectif commun. »
« Je vais à Paris, mais elle vient avec moi aussi. Ça me permet d’avoir l’esprit tranquille. »
Un esprit tranquille, il en sera question dans un peu plus d’un an, lorsqu’il foulera le ring de l’Arena Paris Nord, où se dérouleront les phases préliminaires de la boxe des Jeux de Paris 2024. Car si l’or olympique est un objectif, il l’était un peu plus avant Tokyo 2020. Une erreur qu’il veillera à ne pas reproduire.
« J’étais obstiné par cette médaille d’or », se rappelle le boxeur d’1,78 m. « J’ai l’impression que cette obstination te prend, elle te bouffe. Mon rêve, il est olympique bien sûr. Mais j’y suis ! Maintenant, il faut mettre tout en place pour décrocher cette plus belle des médailles à Paris. »
Les Jeux jusque dans le prénom de son premier enfant
Oumiha a toujours été guidé par l’esprit olympique. Dès les débuts de son aventure pour cet événement qui a lieu tous les quatre ans, il a découvert des valeurs qui l’ont forgé.
« Les Jeux représentent tellement de choses. Discipline, travail, l’esprit qui règne au sein des Jeux. Le sport olympique m’a toujours apporté beaucoup dans ma ligne de conduite. On se soutient mutuellement, c’est cet Olympisme qui m’attire et qui fait de moi l’homme que je suis aujourd’hui. »
De manière indirecte, les Jeux ne se reflètent pas seulement dans l’homme qu’il est, mais également dans le prénom de son premier enfant. Son expérience à Tokyo 2020 a peut-être été une déception mais il a su la prendre avec légèreté : si un accent circonflexe figure dans le prénom de son fils, Kâmal, c’est en référence aux kasa, les chapeaux traditionnels japonais.
« On a mis un accent circonflexe car il a une forme de chapeau et j’étais au Japon pour les Jeux ! », conclut-il avec un grand sourire.