80 des 116 participants qui sont parvenus à boucler l’une des courses les plus exigeantes du ski de fond ont réussi l’exploit de franchir la ligne cinq minutes ou moins après Cologna. Au terme d'un effort considérable, la plupart des skieurs affichaient des visages marqués par l’épuisement.
Mais alors que le soleil entamait son déclin, un autre groupe a fait son apparition. Aucun de ces concurrents ne nourrissait l'ambition de remporter le 15 km libre messieurs. Tous étaient originaires de pays où l’histoire, les infrastructures et la popularité du ski de fond restent confidentielles. Leur objectif était tout simplement d’aller au bout d’eux-mêmes et de la course.
Les spectateurs les plus attentifs auront noté la présence dans ce groupe de Pita Taufatofua, le Tongien qui s’était fait remarquer pendant la cérémonie d’ouverture en agitant son drapeau torse nu. Arrivé près de 23 minutes après Cologna, il était visiblement épuisé... et ravi de ne pas finir dernier !
"Le 15 km ne m’a jamais trop réussi. J’ai tendance à souffrir à partir du deuxième kilomètre", a confié le sympathique athlète de 34 ans.
Solidarité internationale
Le Marocain Samir Azzimani (40 ans) a passé la ligne juste avant lui, tout comme l’Équatorien Klaus Jungbluth Rodriguez et le Portugais Kequyen Lam, 38 ans tous les deux. Le Colombien Sebastian Uprimny (42 ans) est arrivé juste derrière Taufatofua.
Dans un magnifique geste de solidarité, les quatre hommes (Taufatofua, Uprimny, Azzimani et Lam) ont attendu sur la ligne que le dernier concurrent termine sa course. Le dernier des 116 participants, le Mexicain German Madrazo (43 ans), était à bout de forces en s’écroulant derrière la ligne, un drapeau mexicain dans les mains. Heureusement, le petit groupe était là pour le soutenir.
Encore très éprouvés par leur course, ses adversaires d’un jour l’ont porté en triomphe. Rassemblant ses dernières forces, Madrazo a profité des applaudissements des spectateurs encore présents.
L’hommage de Cologna
Encore occupé à fêter son sacre, le champion olympique a interrompu les célébrations entamées 26 minutes plus tôt pour saluer l’arrivée du Mexicain. Il a ainsi serré la main du groupe de retardataires. Ce faisant, il a eu l’élégance de partager une attention qu’il aurait pu garder jalousement.
Interrogé quelques minutes plus tard sur l’accueil reçu à l’arrivée, Madrazo a reconnu "avoir eu du mal à se concentrer" et confié qu’aucune parole n’avait été échangée pendant les embrassades. De toute façon, les mots n’étaient pas nécessaires. Chacun pouvait mesurer les efforts déployés par les autres pour se trouver là et venir à bout de la course.
C’était un moment émouvant, qui symbolise parfaitement les valeurs de sportivité, de courage et d’amitié internationale au cœur de l’olympisme.