Rhys Thornbury a commencé sa vie sportive comme la plupart des Néo-Zélandais : en courant après un ballon ovale avec comme objectif la sélection nationale, le nec plus ultra du rugby. « J’ai joué au rugby toute ma vie, dit-il, et le skeleton requiert la même combinaison de vitesse et de puissance. La Nouvelle-Zélande pourrait certainement avoir une formidable équipe de skeleton si nous avions l’argent nécessaire pour séduire les All Blacks. »
Bien que cela ait peu de chances d’arriver, Rhys Thornbury est malgré tout en train d’ouvrir une brèche. Au milieu d’une marée d’Allemands, d’Autrichiens et de Lituaniens, le Kiwi a fait impression, se classant plusieurs fois dans les dix premiers en Coupe du monde ces deux dernières années.
C’est un sport qu’il décrit "comme un tour de montagnes russes, à la différence que dans les montagnes russes, on garde le contrôle". Embarquement immédiat avec Rhys sur la toute nouvelle piste du Centre olympique de glisse de PyeongChang, qui devrait mettre tout le monde sur un pied d'égalité. Selon lui, la compétition devrait proposer l’un des spectacles les plus captivants des Jeux. Explications.
Les bases
Le skeleton est l’un des sports les plus extrêmes des Jeux d’hiver. Les concurrents dévalent la piste sur une luge, à plat ventre la tête la première, et atteignent une vitesse moyenne de 120 km/h.
« Les gens pensent que nous sommes fous, mais quand je vois les skieurs, je pense qu’ils sont bien plus dingues, souligne Rhys Thornbury. On peut pas mal diriger la luge et le skeleton n’est pas aussi dangereux que les gens le pensent. Aller à 140 km/h, debout sur des skis, ça, c’est de la folie. »
Les courses de skeleton commencent par un départ en courant. Les athlètes pilotent alors en utilisant la force du couple produit par leurs épaules, leur tête et leurs genoux. Ils doivent effectuer quatre descentes sur la piste et le classement général est déterminé par l’addition des temps.
Compétences majeures et conseils
Comme le bobsleigh, le skeleton est composé de trois éléments : le départ, le pilotage et l’équipement.
« Le départ est le moment le plus important, indique Rhys Thornbury. C’est le principal secteur dans lequel on peut obtenir un avantage. La moindre erreur vous relègue loin. Les meilleurs signent d’ailleurs des chronos similaires. »
« Je m’entraîne six jours par semaine pour la poussée. Je mélange sprint et musculation. Mais la technique pour monter sur la luge est essentielle. Nous effectuons un mouvement du corps bizarre, en courant courbé, une main sur la luge. Ça me vaut pas mal de visites chez le chiropraticien. »
En ce qui concerne la conduite, « être détendu sur la luge » est crucial, dit Rhys Thornbury. « Plus on est à l’aise, et mieux on sera. Il faut que la luge aille droit et si on la laisse suivre sa trajectoire sans opposer de résistance, elle le fera. Si on intervient trop sur la conduite, on ralentit, et il est donc important de trouver la bonne trajectoire. »
« La luge est équipée de tubes d’acier qui servent de patins sur la glace. Ils sont lisses à l’avant et striés à l’arrière. Il faut qu’ils restent au maximum en contact avec la glace. »
L’équipement est d’ailleurs prépondérant. « Si on ne sent pas les patins au-dessous de soi, on n’obtiendra pas un bon résultat, dit-il. Les patins sont exactement comme les pneus d’une voiture. Il existe différentes découpes, courbures et longueurs. »
« On utilise des patins différents selon la température et la piste, et ils coûtent cher. Je dois acheter moi-même les miens, si bien que je me contente d’un nombre de jeux réduit, alors que les frères Dukurs (les expérimentés Lettons olympiens) voyagent peut-être avec une trentaine de paires et des années de données chiffrées sur ce qui marche le mieux. Ça leur donne un avantage. »
Skeleton hommes
« Tomass et Martins Dukurs seront tout en haut, estime Rhys Thornbury. Ils sont très forts sur la poussée, ils sont rapides, ils possèdent des années d’expérience et leur équipement est extrêmement performant. »
« D’un autre côté, on ne peut jamais écarter totalement les Allemands, comme Axel Jungk. Il a remporté la dernière course de Coupe du monde. C’est un grand pousseur et un grand pilote. Les Allemands disposent également d’une excellente équipe de techniciens en interne. »
« Le numéro un coréen, Yun Sung-bin, est quant à lui phénoménal et son engin est vraiment bien au point. Il a aussi l’avantage de s’entraîner sur la piste des Jeux. Elle est technique et le fait que beaucoup d’entre nous ne la connaissent pas bien va équilibrer les chances. »
« Le virage deux ne ressemble à aucun autre virage dans le monde. Il n’est pas complètement vertical et le risque, c’est de monter trop haut. C’est trompeur et la moindre faute se paiera comptant. »
Skeleton femmes
« Il est difficile de penser à quelqu’un d’autre que l’Allemande Jacqueline Lolling, tant elle a dominé ces deux dernières saisons », dit Rhys Thornbury.
« Ce qui est vraiment peu courant, c’est qu’elle n’a pas la meilleure poussée. On dit toujours que la poussée est nécessaire pour gagner, mais ça ne l’empêche pas de gagner quand même. Elle compense avec le pilotage. Elle peut prendre de la vitesse et creuser un écart à partir de rien, après avoir compté une demi-seconde de retard ! »
« Tina Hermann, une autre Allemande, et l’Autrichienne Flock sont aussi très bonnes. Derrière, on retrouve les trois Canadiennes : Liz Vathje, Jane Channell et Mirela Rahneva, qui sont fortes. »
Enfin, selon lui, la star de Sotchi 2014 a aussi ses chances. « Lizzy Yarnold n’a pas connu sa meilleure saison, mais il faut quand même compter avec elle. Il suffit d’une fois, et c'est tout de même la tenante du titre. Elle a déjà été confrontée à la pression et elle s’en est tirée victorieusement. »