Shannon-Ogbani Abeda ouvre une voie olympique pour l’Érythrée
Suivant l’annonce du CIO envisageant de cibler les Comités Nationaux Olympiques (CNO) d’Afrique comme hôtes potentiels des Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) d’été en 2022, Shannon-Ogbani Abeda s’apprête à écrire une nouvelle page d’histoire pour l’Afrique, en devenant le premier Érythréen à participer aux Jeux Olympiques d’hiver.
22 éditions des Jeux Olympiques d'hiver se sont succédé à ce jour, qui ont rassemblé près de 30 000 athlètes venus d'une centaine de CNO différents. Mais aucun de ces athlètes n'a jamais défendu les couleurs de l'Érythrée, un pays d'Afrique. Ce passé est révolu. Rencontre avec Shannon-Ogbani Abeda qui, six ans après avoir représenté l'Érythrée aux JOJ d'Innsbruck 2012, a porté pour la toute première fois ce soir le drapeau de son pays lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques d'hiver à PyeongChang.
De l'Érythrée à l'Alberta
Le long périple de Shannon-Ogbani Abeda vers les Jeux Olympiques d'hiver commence par un voyage encore plus long, effectué par ses parents durant la guerre d'indépendance érythréenne. L'Érythrée est devenue un État souverain indépendant au début des années 90, mais les parents de Shannon-Ogbani, Ariam et Walday, avaient fui le conflit dans les années 80, alors qu'ils étaient adolescents. Ils se sont finalement fixés en tant que réfugiés dans la province canadienne de l'Alberta et ont donné naissance à Shannon-Ogbani en 1996.
Ce dernier a grandi à l'ombre des Rocheuses, un monument de la culture du ski. Cependant, comme beaucoup de Canadiens, Shannon-Ogbani a d'abord été séduit par le passe-temps national préféré de son pays d'adoption : le hockey sur glace.
En route vers les pistes
Shannon-Ogbani Abeda s'est mis au ski avec autant de talent que d'enthousiasme et il a participé aux tout premiers JOJ d'hiver en 2012, sous les couleurs de l'Érythrée. Ces débuts ont pourtant été suivis d'une double déception : il a tout d'abord raté d'un souffle sa qualification pour les Jeux Olympiques d'hiver à Sotchi il y a quatre ans, avant de se blesser sérieusement au genou en 2016.
Mais à force de persévérance et d'abnégation, il a obtenu sa récompense : le jeune homme de 21 ans va réaliser son rêve olympique en participant aux compétitions de slalom et de slalom géant sur les pistes du Centre alpin de Yongpyong. Il suit ainsi les traces d'autres pionniers africains, comme le Marocain Adam Lamhamedi, médaille d'or du super-G aux JOJ d'hiver à Innsbruck et premier Africain à monter sur le podium d'une épreuve olympique d'hiver.
Drapeau au vent
Onze autres athlètes ayant participé aux JOJ ont eu également l’honneur d’être porte-drapeau au stade olympique de PyeongChang : Sabrina Simader, Kenya; Dinos Lefkaritis, Chypre; Stavre Jada, ex-République yougoslave de Macédoine; Te-An Lien, Chinese Taipei; Alessandro Mariotti, Saint-Marin; Beau-James Wells, Nouvelle-Zélande; Marius-Petru Ungureanu, Roumanie; Rudy Rinaldi, Monaco; Elvedina Muzaferija, Bosnie-Herzégovine; Mikayel Mikayelyan, Arménie et Matthieu Osch, Luxembourg.