Schranz soulève une tempête de neige
Si les palmarès n’ont retenu que les trois médailles d’or de Jean-Claude Killy à Grenoble, on doit l’une des performances les plus notables de ces Jeux à un homme qui est reparti bredouille. Si dans le slalom, Killy avait pris la tête à l’issue de la première manche, son deuxième parcours fut moins brillant, laissant ainsi une porte entrouverte à ses adversaires.
C’est d’abord le Norvégien Håkon Mjön qui prit les commandes, avant d’être disqualifié pour avoir manqué deux portes. Ce fut alors au tour de l’Autrichien Karl Schranz, qui allait se retrouver au centre de l’un des plus grands mystères de ces Jeux, voire de toute l’histoire olympique. Schranz, qui avait été, d’après lui, gêné par un officiel durant sa course, obtint de recourir et signa le meilleur temps, avant d’être disqualifié.
Le brouillard commençait à tomber et à envelopper le parcours quand Karl Schranz quitta le portillon de départ. Et ce qui se passa ensuite est aujourd’hui encore source de débat et de discussions.
Selon la version de Schranz, alors qu’il approchait de la 21e porte, quelqu’un vêtu de noir traversa la piste devant lui. Le skieur autrichien s’arrêta donc et regagna le départ pour demander à recourir. On le lui accorda et Schranz signa un parcours presque parfait, battant le chrono de Killy.
Il fut déclaré vainqueur et donna même une conférence de presse pour évoquer sa victoire. Mais deux heures plus tard, on annonça que Schranz avait en fait manqué deux portes lors de sa première tentative, avant que la mystérieuse personne ne croise sa route, et il fut donc disqualifié.
Il déposa alors une réclamation, mais sans succès. La victoire revint donc à Killy alors que Schranz regagna l’Autriche abattu. Personne n’a jamais pu dire qui était le personnage mystérieux qui, comme l’a répété Schranz, l’aurait contraint à s’arrêter.