Sandro Viletta : "Si heureux d'accueillir enfin un évènement olympique en Suisse !"

Sacré champion olympique du combiné alpin à Sotchi en 2014 au terme d'une fantastique remontée, Sandro Viletta est aujourd'hui un entraîneur particulièrement heureux que les Jeux reviennent enfin en Suisse. À Lausanne 2020, il sera un athlète modèle attentif et disponible pour les jeunes skieurs du monde entier.

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Sandro Viletta : "Si heureux d'accueillir enfin un évènement olympique en Suisse !"

Le 14 février 2014 à Sotchi, vous deveniez champion olympique du combiné alpin après avoir fini 14e de la descente. Racontez-nous…

Ce fut un jour vraiment très spécial. Dans la descente, j'ai bien skié la partie supérieure et le milieu du parcours mais vers le bas, j'ai commis une erreur qui m'a coûté du temps. Je me suis tout d'abord dit que c'était la faute de trop. Mais que je gardais une chance en étant 14e, tout en sachant que je faisais face à de très bons skieurs comme Alexis Pinturault, Ivica Kostelić ou encore Ted Ligety. À Sotchi, j'étais très en forme pour le slalom et la neige était fondante, j'adore ces conditions. Ils avaient salé le tracé à cause de la chaleur et je me savais rapide sur ce type de terrain particulier.

Le slalom avait été préparé par Ante Kostelić, un tracé très technique qui me plaisait vraiment. Je me suis dit 'OK, ça n'est pas terminé, je vais tout risquer'. J'ai fait la course de ma vie. Seize coureurs devaient encore s'élancer après moi, je savais que j'avais fait une super manche, mais l'attente a été longue ! Je me savais plus rapide en slalom que les descendeurs qui devaient encore pousser le portillon, mais il restait trois ou quatre skieurs qui pouvaient me passer devant. Ils ont tous été plus lents que moi et j'ai gagné la médaille d'or.

Vous parlez d'une journée très spéciale, pourquoi ?

Ce 14 février 2014 fut un très grand jour pour la Suisse et pour notre vallée de l'Engadine dans les Grisons, avec la victoire de Dario Cologna dans le 15 km classique en ski de fond, et la médaille d'argent de Selina Gasparin dans l'individuelle en biathlon. Nous vivons dans un rayon de 30 km et sommes tous de langue romanche. Ce fut le plus beau jour de ma vie.

Vous avez récemment remisé vos skis de compétition…

J'ai mis fin à ma carrière, car j'ai connu trop de blessures entre 2016 et 2018, mon corps ne répondait plus correctement et j'avais perdu confiance à 33 ans. Je me suis dit que c'était assez. J'ai toujours voulu devenir entraîneur, j'ai toujours été intéressé par cet aspect des choses, concernant la manière de skier et l'entraînement physique, c'est donc ce que je fais maintenant, et cela me convient parfaitement.

(2014 Getty Images)

Les JOJ de Lausanne 2020 approchent. Qu'en pensez-vous ?

C'est génial. Et ça l'est également parce qu'ils ont lieu en Suisse, et que cela fait longtemps que nous n'avions pas organisé d'évènement olympique, la dernière fois, c'étaient les Jeux d'hiver de Saint-Moritz en 1948 ! Et nous sommes aujourd'hui heureux d'accueillir les jeunes olympiens. En 2003, j'étais au Festival olympique de la jeunesse européenne (FOJE) à Bled en Slovénie, c'était le premier grand évènement international auquel je participais et c'était vraiment super. Quand j'ai appris que les JOJ de 2020 allaient se disputer à Lausanne, cela a été une formidable nouvelle, car je sais que pour un jeune athlète, c'est un moment très important à vivre. Je suis si heureux qu'ils aient lieu dans mon pays !

Comment être-vous devenu athlète modèle pour ces JOJ ?

Les représentants de la FIS (Fédération Internationale de Ski) m'ont informé qu'ils cherchaient quelqu'un en ski alpin pour tenir le rôle d'athlète modèle et ils m'ont demandé si j'étais intéressé. J'ai directement dit oui. C'est un rôle important à endosser, car je sais depuis mon expérience en 2003 que c'est un moment particulier pour un athlète, et je veux les accompagner, leur transmettre mon expérience, leur donner des conseils. Je pense que c'est très important de redonner au sport ce qu'il m'a donné. J'ai eu tellement d'émotions et de belles journées sur mes skis, et je peux maintenant faire quelque chose de bien à partir de tout ce que j'ai vécu.

Avez-vous eu un modèle quand vous étiez plus jeune ?

Oui, j'ai été inspiré par le grand spécialiste suisse du slalom géant Michael Von Grünigen, vainqueur de 23 épreuves dans la discipline en Coupe du monde, double champion du monde (1997, 2001). Il était mon idole quand j'étais un jeune skieur. Et j'ai eu la chance de le rencontrer pour la première fois lors des Championnats nationaux qui se sont disputés près de mon village en 1991. Un grand souvenir. Mais j'étais un peu trop timide pour oser lui demander des conseils !

(2014 Getty Images)

Comment envisagez-vous votre rôle à Lausanne 2020 ?

Je n'y ai pas trop réfléchi pour le moment. Nous allons voir avec le comité d'organisation. Actuellement, j'entraîne un jeune skieur chinois, Yi Xiaoyang, il rêve de disputer les JOJ de Lausanne, on saura bientôt s'il peut y aller ou pas. Ce serait vraiment sympa qu'il y soit ! Par ailleurs, les jeunes athlètes auront du temps entre les courses au village olympique où je pourrai leur parler de mon expérience olympique, de ma jeunesse au FOJE, jusqu'aux Jeux d'hiver eux-mêmes. Je pense que c'est un évènement très spécial qui est différent des Championnats du monde, c'est la première fois qu'ils verront le village, c'est une chance car une fois aux 'grands' Jeux, ils auront déjà vécu cette expérience. Et ça n'est pas très différent, puisque là aussi, au village, il n'y a pas votre famille, vos amis, les médias, les fans, ce sont juste les athlètes et leur personnel d'encadrement. Et vivre cela peut grandement les aider pour l'avenir.

Quel est votre message pour les jeunes athlètes ?

Donnez le meilleur de vous-mêmes et profitez à fond des JOJ ! Faites juste la même chose que ce que vous réalisez au quotidien à l'entraînement, ne tentez rien de spécial. Skiez du mieux que vous le pouvez et tout ira bien.