Robin Cousins met le feu à la glace

Déjà champion d'Europe et de Grande-Bretagne à son arrivée aux XIIIes Jeux Olympiques d'Hiver de Lake Placid, Robin Cousins était considéré comme le meilleur patineur amateur du monde en style libre : un digne et populaire héritier de son compatriote, le légendaire John Curry.

Robin Cousins met le feu à la glace

Cousins était issu d'une famille de sportifs (son père était le gardien de but de l'équipe de football londonienne Millwall FC) et il démarra le patinage artistique très jeune, remportant son premier titre national en 1969 à l'âge de 12 ans. Il fut couronné champion de Grande-Bretagne à 14 ans et entama sa carrière internationale la même année.

Classé 10e aux Jeux Olympiques d'Innsbruck en 1976, il décrocha ensuite une médaille de bronze aux Championnats du Monde de 1978, puis une médaille d'argent l'année suivante. Sa participation aux Jeux de Lake Placid devenait une évidence.

Cousins, désormais étudiant et entraîné par Carlo Fassi, le célèbre entraîneur de Curry, figurait parmi les quatre favoris pressentis pour gagner les épreuves masculines individuelles lors des Jeux Olympiques d'Hiver de 1980. Ses principaux rivaux étaient l'Américain Charles Tickner, le champion du monde soviétique Vladimir Kovalev et l'Est-Allemand Jan Hoffmann.

Kovalev fut éliminé après l'épreuve des figures imposées, où il se classa cinquième, juste derrière Cousins. Toutefois, les Britanniques reprirent espoir dès le lendemain, lors du programme court, qui devait alors comporter huit éléments différents, dont des axels, des boucles, des triples et des sauts.

Hoffmann réalisa une performance correcte techniquement mais peu gracieuse, tandis que le talent artistique de son rival britannique - notamment hérité de sa carrière parallèle de danseur sur glace - lui valut les meilleurs résultats du jour, obtenant même la note maximale de 6.0 du juge canadien.

À l'approche de l'épreuve de patinage libre du lendemain, Cousins occupait la seconde place, toujours derrière Hoffmann, mais devant Tickner. C'est là que tout allait se jouer.

« Robin doit patiner parfaitement, sans commettre aucune erreur » déclara Fassi qui, étonnamment, avait qualifié son élève de poule mouillée quelques semaines plus tôt, lorsqu'il avait refusé d'intégrer un triple saut à son programme.

En Grande-Bretagne, des millions de supporters passèrent une bonne partie de la nuit devant la télévision, pour voir si l'athlète de 22 ans originaire de Bristol serait capable de répéter l'exploit spectaculaire de Curry à Innsbruck quatre ans plus tôt. Ces téléspectateurs, ainsi que les fans encourageant Cousins dans l'Olympic Fieldhouse de Lake Placid, eurent une frayeur dès le départ, quand le patineur démarra son programme avec un léger faux pas.

Mais il se rétablit aussitôt et réalisa une performance presque irréprochable. Au moment de choisir le vainqueur, c'est son talent artistique qui fit toute la différence, car il avait fait de Cousins le concurrent non-américain préféré des spectateurs. Ceux-ci l'acclamaient et tapaient des pieds, faisant pencher l'opinion des juges hésitants en sa faveur.

Hoffmann présenta à nouveau un programme plus technique et remporta davantage de points que Cousins, mais ce dernier fut tout de même déclaré vainqueur par six des neuf juges. C'est ainsi que la médaille d'or lui revint. On se souvient que le héros britannique, débordant de joie et un peu abasourdi, avait à nouveau trébuché en rejoignant le podium : heureusement, cette fois cela n'avait plus d'importance.

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