Rafaela Silva ouvre le compteur du Brésil, Shohei Ono lave l’honneur du Japon
La judoka Rafaela Silva, originaire d'une favela, a fait chavirer de bonheur le Brésil en décrochant lundi à domicile le titre des -57 kg, la première médaille d'or du pays hôte de ces Jeux. De son coté, en -73 kg hommes, Shohei Ono a enfin fait triompher le Japon.
« Que quelqu'un comme moi qui vient de la Cité de Dieu (célèbre favela de Rio) et a commencé le judo à cinq ans comme une plaisanterie devienne championne olympique, c'est inexplicable », a réagi Rafaela Silva. Si tous les enfants brésiliens ont un rêve, ils doivent avant tout penser qu'il se réalisera. Je dédie cette médaille au peuple brésilien. »
Âgée de 24 ans, Silva a dominé en finale la Mongole Sumiya Dorjsuren, N.1 mondiale, en marquant un waza-ari au bout d'une minute et en tenant son avantage jusqu'au bout avec le soutien de son bouillant public.
Cette première médaille d'or brésilienne a des airs de conte de fées: c'est à Rio que Rafaela Silva a grandi et c'est à Rio qu'elle a décroché en 2013 le titre mondial, devenant la première judoka brésilienne à y parvenir. Elle a ainsi effacé lundi la déception de son élimination aux Jeux de Londres en 2012, où elle avait été disqualifiée précocement pour avoir touché les jambes de son adversaire avec les bras, un geste interdit en judo.
« J’ai pensé arrêter le judo »
« Après mon élimination à Londres, j'ai pensé arrêter le judo. Mais j'ai effectué un travail avec ma psychologue et elle ne m'a pas laissé faire, a raconté Silva. Je me suis entraînée au maximum et cela a payé. ». Tout au long de la journée, elle a montré sa pugnacité et son mental de fer pour venir à bout de ses adversaires. Et elle est parvenue à monter sur la plus haute marche du podium à domicile et à faire retentir l'hymne brésilien pour la première fois dans ces Jeux, fondant en larmes une fois la médaille autour du cou.
« Le public m'a beaucoup aidée », a commenté Rafaela Silva. « Le tatami a même tremblé par moment, donc je pensais que je ne pouvais pas décevoir tous ces gens qui sont venus me voir », a-t-elle ajouté.
La favorite japonaise Kaori Matsumoto, championne olympique en 2012 et championne du monde en 2015, a pour sa part échoué dans sa quête d'une seconde médaille d'or aux Jeux et doit se contenter du bronze. L'autre médaille de bronze a été décrochée par la Portugaise Telma Monteiro, bourreau de la Française Automne Pavia en repêchages.
Enfin un titre pour le Japon !
Le Japonais Shohei Ono a été sacré lundi champion olympique dans la catégorie des -73 kg, effaçant le fiasco nippon subi en 2012 sur les tatamis de Londres où son pays n'avait décroché aucun titre en judo chez les messsieurs.
Ono, âgé de 24 ans, s'est imposé en finale face à l'Azerbaïdjanais Rustam Orujov, qu'il a expédié d'un splendide ippon. Le Géorgien Lasha Shavdatuashvili et le Belge Dirk van Tichelt ont décroché les médailles de bronze.
Double champion du monde en titre (2013, 2015), Ono était le grand favori du tournoi olympique. Il avait d'ailleurs remporté le premier de ses deux titres mondiaux à Rio il y a trois ans.
C'est une belle revanche pour le Japon, nation mère du judo, qui restait sur quatre années difficiles après l'humiliation subie à Londres.
A l'époque, les Japonais n'avaient décroché qu'une seule médaille d'or dans leur discipline favorite, et, affront suprême, aucun titre chez les messieurs. Très loin des standards habituels du pays, qui avait raflé avant Rio près d'un tiers de toutes les médailles d'or depuis l'introduction du judo au programme olympique en 1964 (36 sur 123).
« Je suis heureux de remporter l’or. C’est un énorme accomplissement pour moi », a déclaré Shohei Ono, « Je me suis entraînée très dur au Japon pour être en bonne forme. Mais il était difficile de montrer mon niveau à l’entraînement aux Jeux Olympiques. J’ai ressenti beaucoup de pression, mais j’ai réussi à le faire. Je pense que l’équipe du Japon est très forte et je suis fier de ça. En finale, j’ai essayé de rester cool et de montrer du respect à mon adversaire ».