Nino Salukvadze est une véritable figure du tir sportif olympique. La géorgienne âgée de 47 ans va doublement entrer dans la légende à Rio, d’une part en devenant seulement la deuxième sportive (après la kayakiste germano-italienne Josefa Idem Guerrini) de l’histoire à avoir disputé huit Jeux Olympiques, et d’autre part, parce qu’elle a fait le voyage avec son fils Tsotne Machavariani, 18 ans. Tous deux représentent leur pays au tir au pistolet sur le stand de tir de Deodoro, et c’est la toute première fois aux Jeux qu’une mère et son fils concourent dans le même temps.
Comme le raconte Nino Salukvadze « J’ai disputé mes premiers Jeux Olympiques en 1988 à Séoul où j’ai gagné l’or et l’argent. Cela fait si longtemps que je suis en compétition ! C’est vraiment difficile, mais je m’entraîne dur et j’ai mon fils pour me motiver ! ».
En Corée du Sud il y a 28 ans, la grande championne née le 1er février 1969 à Tbilissi représente l’URSS. Elle s’impose au tir au pistolet à 25m avec un record olympique (690) devant la Japonaise Tomo Hasegawa et la Yougoslave Jasna Sekaric (686 toutes les deux). Au pistolet à air comprimé 10m, elle termine première des qualifications avec un record du monde (390), mais Jasna Sekaric la domine en finale (489,5 contre 487,9).
5e et 10e à Barcelone en 1992, 7e et 5e à Atlanta en 1996, 11e et 25e à Sydney en 2000, 8e et 10e à Athènes en 2004, Nino a entre temps donné naissance à Tsotne, le 26 septembre 1997. Elle représente désormais la Géorgie. A Beijing en 2008, elle s’adjuge sa troisième médaille olympique, le bronze de la compétition à 10m remportée par la Chinoise Guo Wenjun. Elle est encore présente aux Royal Artillery Barracks lors des Jeux de Londres en 2012, après avoir défilé drapeau en mains en tête de sa délégation lors de la cérémonie d’ouverture.
Sur ces trois décennies de compétition, son palmarès est imposant : six fois championne du monde, quadruple championne d’Europe, une incroyable collection d’argent et de bronze dans ces deux compétitions, et pour les deux pays dont elle a porté le maillot.
« Son entraîneur, son mentor, et sa mère »
« Je suis si fière et tellement heureuse d’avoir mon fils à mes côtés ! » dit Nino Salukvadze. « Il démarre tout juste. Je me sens plus nerveuse pour lui que pour moi, mais quand nous sommes sur le pas de tir, je suis son entraîneur et son mentor. Quand je suis au Village, je suis la mère, bien qu’il soit ici avec d’autres athlètes, pas avec des vieux comme moi ! »
6e des championnats d’Europe ISSF 2016 à Gyor (Hongrie), Tsotne Machavariani va disputer les compétitions à à 50m et à 10m à Rio. « Ma maman me dit que, bien qu’elle avait pratiquement mon âge quand elle a gagné la médaille d’or, elle représentait l’URSS à l’époque et avait de bien meilleures conditions d’entraînement, et en même temps beaucoup plus d’expérience en compétition. Elle me dit que nous n’avons pas ce luxe, et n’attend pas de moi que j’ai des résultats. Je pense que c’est sa façon de me calmer et de réduire ma nervosité au moment de disputer le tournoi ! »
« Je pense que c’est le rêve de tout athlète de se retrouver ici » dit encore Tsotne Machavariani, « Je suis vraiment très heureux que mon rêve soit devenu réalité ! ». Et comme tout jeune homme, il espère aussi pouvoir s’amuser quand il aura conclu ses épreuves. « Je rêve d’aller surfer à Copacabana. Je trouve que Rio est un endroit très cool. Ma mère me laissera faire, oui ! ».
Et il rappelle dans un grand éclat de rire : « Ma mère a gagné sa première médaille à 19 ans. Je n’en ai que 18 », et beaucoup de temps devant lui pour vivre les mêmes émotions que sa maman sur tous les terrains du monde.