Popole Misenga vise le graal avec l'Équipe Olympique des Réfugiés du CIO: 'Le judo m'a sauvé'

Judoka congolais, Popole Misenga espère représenter les réfugiés sur la plus grande scène sportive au monde, une nouvelle fois.

5 minPar Ken Browne
Popole Misenga of the Refugee Olympic Team celebrates after defeating Avtar Singh of India during a Men's -90kg bout on Day 5 of the Rio 2016 Olympic Games at Carioca Arena 2 on August 10, 2016 in Rio de Janeiro, Brazil. (Photo by Elsa/Getty Images)
(2016 Getty Images)

Popole Misenga espère participer à ses seconds Jeux Olympiques à Tokyo cet été.

Membre de la toute première Équipe Olympique des Réfugiés du CIO à Rio 2016, Misenga y atteint les huitièmes de finale chez les -90kg en judo, lors desquels il ne s’incline que face à Gwak Dong-han, champion du monde et futur médaillé de bronze olympique.

Les fans de Rio, sa ville d’adoption, où il s’entraîne depuis sa demande d’asile en 2013, l’adoptent immédiatement, le supportant et scandant "Po-po-le ! Po-po-le !" durant chacun de ses combats à la Carioca Arena.

"Je suis juste heureux d’être ici", raconte Misenga, âgé de 24 ans à l’époque, bien conscient du dur chemin qu’il a accompli pour arriver jusqu’à Rio.

À l’âge de 9 ans, il doit fuir la guerre civile qui meurtrit la République Démocratique du Congo. Après avoir perdu sa famille, il est retrouvé après huit jours d’errance, seul, dans la jungle.

Emmené dans un orphelinat de Kinshasa, il y découvre le judo, qui prend rapidement une place prépondérante dans sa vie.

"Quand vous êtes un enfant, vous avez besoin d’avoir une famille qui vous conseille sur ce que vous devez faire, mais je n’en avais pas. Le judo m’a aidé en m’apportant de la sérénité, de la discipline, le sens de l’engagement: tout", déclare-t-il.

Mais le jeune et talentueux judoka endure de nombreuses persécutions et subit de lourdes punitions.

Craignant pour sa vie, Misenga décide de demander l’asile et d’avoir la possibilité d’une meilleure vie à Rio de Janeiro, au Brésil, là où il prend part aux Championnats du Monde de Judo en 2013.

Malgré des débuts difficiles, les choses tournent subitement en sa faveur. Misenga obtient ainsi l’asile en 2014 et peut se reconcentrer sur ce qu’il aime faire: du judo.

Aujourd’hui âgé de 28 ans, Misenga s’entraîne ardemment pour Tokyo 2020.

Interrogé sur Rio 2016 et sa sélection pour Tokyo 2020, Misenga raconte à la Fédération Internationale de Judo:

"J’étais tellement heureux quand j’ai appris que j’étais sélectionné dans l’Équipe Olympique des Réfugiés du CIO. Cela signifie tant pour moi, de pouvoir représenter tous les réfugiés du monde sur la plus grande scène sportive de la planète. Cela me donne de la force sur le tatami de représenter les millions de personnes qui ont été contraintes de fuir leur maison et leur pays. Le judo m’a sauvé." - Popole Misenga

S’entraîner au Brésil

Aujourd’hui âgé de 28 ans, Misenga s’entraîne dans les installations de pointe du Brésil, qui ont produit des champions olympiques et du monde.

"Je vis et m’entraîne au Brésil, mon pays d’adoption, à l’Instituto Reação de Rio de Janeiro dirigé par Flavio Canto, où la championne olympique et du monde Rafaela Silva a commencé le judo", raconte Misenga à l’IJF lors de la Journée Mondiale des Réfugiés en juin 2019.

"Dans mon pays, je n’avais pas de maison, de famille ou d’enfant. Là-bas, la guerre a causé trop de morts et de tristesse. J’ai pensé que je pouvais rester au Brésil pour améliorer ma vie", explique-t-il sur les réseaux sociaux de l’Équipe des Réfugiés en 2016.

Selon lui, le judo est un moyen de donner de l’espoir aux autres.

"Je veux faire partie de l’Équipe Olympiques des Réfugiés du CIO pour continuer à rêver, pour donner de l’espoir à tous les réfugiés et pour enlever de la tristesse".

“Je veux montrer que les réfugiés peuvent faire des choses importantes.” - Popole Misenga
(2016 Getty Images)

La Solidarité Olympique et l’Équipe Olympique des Réfugiés du CIO

Misenga a la capacité de s’entraîner et de se focaliser sur son sport grâce à l’aide apportée par les Bourses de Solidarité Olympique destinées aux Athlète Réfugiés.

Grâce à des bourses d’entraînement et l’aide du Comité National Olympique de leur pays d’accueil, les athlètes réfugiés sont soutenus et encouragés à s’entraîner et viser les Jeux Olympiques. Mais cela va bien plus loin: ces athlètes reçoivent de l’aide pour se construire une carrière et accéder à un meilleur avenir grâce au sport.

Misenga a été sélectionné dans une équipe composée de 52 athlètes réfugiés boursiers qui souhaitent participer aux Jeux de Tokyo.

Résidants dans 21 pays d’accueil et originaires de 13 pays différents, ces athlètes ont surmonté de terribles adversités pour espérer prendre part aux Jeux Olympiques.

À Tokyo 2020, la cheffe de file de cette équipe sera la Kényane Tegla Loroupe, ancienne recordwoman du monde du marathon, qui a déjà connu cette expérience à Rio 2016.

"Un message d'espoir"

Misenga a finalement reçu la bonne nouvelle, apprenant qu’il faisait partie des Athlètes Réfugiés boursiers en 2019 et voyant la route jusqu’à Tokyo s’éclaircir. Ce jour-là, le président du CIO, Thomas Bach, a déclaré:

"En cette Journée Mondiale des Réfugiés, nous célébrons la force, le courage et la persévérance de ces millions de réfugiés. Avec l’annonce de cette liste des athlètes boursiers, nous voulons montrer que les réfugiés sont un enrichissement pour le sport et la société en général".

"Tous les athlètes annoncés ont comme objectif d’intégrer l’Équipe Olympique des Réfugiés du CIO pour Tokyo 2020. Cette équipe n’est que la continuation d’un voyage humain qui a commencé avec la première Équipe Olympique des Réfugiés du CIO alignée à Rio 2016".

"Cette équipe enverra un message d’espoir à tous les réfugiés du monde entier et rappellera à tous l’ampleur de la crise des réfugiés".

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