Patrick Chan à l’assaut de l’Everest
Patrick Chan est le triple champion du monde en titre de patinage artistique. Le Canadien sera sur la glace du palais des sports « Iceberg »pour remporter l’or olympique, sûr de ses formidables qualités artistiques et techniques et en affirmant « mon seul adversaire, c’est moi-même ».
De sa 5ème place aux Jeux de Vancouver 2010 à cet hiver olympique, Patrick Chan s’est appliqué à réunir toutes les conditions pour réaliser son rêve. « J’ai retiré beaucoup d’expérience de mes premiers Jeux. C’était très spécial, ils se disputaient dans mon pays, je n’avais que 19 ans, j’étais très jeune et à cet âge, on ne connait pas la patience, on ne sait pas prendre son temps. Vancouver n’était pas mon heure. Je voulais l’or, mais j’ai fini au pied du podium. Avec le recul, je sais que ce fut un très bon résultat. Avant les Jeux, je m’étais blessé, j’avais changé d’entraîneur à la dernière minute, j’avais perdu le goût de l’entraînement. Puis j’ai gagné d’un coup l’expérience et la maturité qui m’ont aidé pour les Jeux suivants à Sotchi. Je me suis dit que je disposais de quatre années devant moi pout tout bien planifier ».
Cette planification s’est transformée en domination planétaire sans partage. Moscou 2011, Nice 2012, London (Canada) 2013 : trois victoires mondiales consécutives. Champion du Canada sans interruption. Deux fois vainqueur de la finale du Grand Prix ISU. Recordman du monde sur une compétition avec 295,27 points cumulés au Trophée Bompard 2013 à Paris. « Tout a changé presque instantanément après Vancouver. Mon corps s’est développé, je suis devenu plus fort et aujourd’hui, dans cette phase de ma carrière je travaille plus sur l’aspect mental. Physiquement, je me sens au top, je n’ai pas de blessure. Tout se passe dans la tête. L’important, c’est d’avoir une bonne stratégie mentale ».
Sur les Quatre Saisons de Vivaldi.
Pour la saison olympique, Patrick Chan a choisi de patiner son programme libre sur les Quatre Saisons d’Antonio Vivaldi. Les raisons sont autant sentimentales que logiques. « J’utilisais cette pièce en 2008 quand j’ai gagné mon premier championnat national à 17 ans. J’avais battu le champion du monde Jeffrey Buttle. Je ne m’attendais pas à gagner. C’est devenu ma musique favorite. Je la reprends car avec cette pièce merveilleuse que je pourrais écouter des milliers de fois, je ne m’ennuie jamais, et elle me motive pour patiner avec beaucoup de vitesse ».
Patrick est aujourd’hui, et comme il l’explique, « au pied de l’Everest », un sommet qu’il faut atteindre étape par étape. C’est exactement de cette manière qu’il compte procéder, sans se préoccuper de la concurrence. « Mon seul adversaire, c’est moi-même. Si je patine comme je dois le faire, comme je le fais à l’entraînement, comme cela a été planifié, alors personne ne pourra me battre ». Dans un programme libre où il devrait notamment proposer deux quadruples sauts (boucle piqué), il vivra ces quatre minutes décisives éléments par élément « Quand on pense à une difficulté après l’autre, le programme se déroule très rapidement, on prend le temps de bien respirer, de bien gérer les temps plus calmes, et on prend du plaisir, ce qui est essentiel. C’est une stratégie. C’est particulièrement important ». Pour devenir le premier champion olympique canadien de l’histoire dans l’épreuve masculine de patinage artistique, le champion d’Ottawa sait parfaitement ce qu’il doit faire.