D’un côté, il y a le Canadien Brian Orser, de l’autre l’Américain Brian Boitano. Ils ont l’habitude de se retrouver face à face, puisqu’avant Calgary ils se sont affrontés pas moins de 10 fois dans de grandes compétitions. Si Orser s’est imposé à sept reprises, les trois victoires de Boitano signifient que rien n’est jamais joué d’avance, même si son adversaire peut compter à Calgary sur le soutien enthousiaste de son public.
Boitano a de surcroît un autre atout dans sa manche : Orser a en effet la réputation d’avoir du mal à patiner à son meilleur niveau lors des grands rendez-vous et il a pris la fâcheuse habitude de jouer les Poulidor de la glace.
Boitano débute de manière idéale en terminant deuxième des figures imposées, derrière le Soviétique Aleksandr Fadeyev, mais devant l’autre Brian. Mais Orser renverse la vapeur dans le programme court en coiffant de peu Boitano, les deux rivaux terminant aux deux premières places. Il est donc clair que le programme libre, qui compte pour la moitié du score total, va être décisif. Celui qui gagnera le patinage libre sera à peu près certain de devenir champion olympique.
Boitano est le premier sur la glace et il réalise une performance extraordinaire, ne commettant qu’une erreur, à peine perceptible, au cours de son programme. Il dira plus tard qu’il lui a semblé patiner porté par des anges.
Toute la pression est désormais sur Orser, qui a assisté à la brillante démonstration de son adversaire. Peut-il faire aussi bien que lui ? Il porte sur ses épaules les espoirs de tout un peuple et, à mi-programme, la pression se fait sentir. Il commet une petite faute, suivie d’une seconde un peu plus tard. Hormis ces petites erreurs, il montre un très beau patinage, mais ce sera aux juges de trancher.
Rares sont les décisions aussi serrées. Quatre juges penchent en faveur d’Orser, trois pour Boitano, alors que les deux autres placent les deux patineurs sur la même ligne. Mais grâce à ses notes techniques plus élevées, Boitano a le dessus par 5 voix contre 4 et remporte la victoire finale.
L’Américain passera professionnel après Calgary, mais redescendra dans l’arène olympique à Lillehammer 1994 où il terminera sixième. Orser rejoindra également les rangs des pros avant de devenir entraîneur.