Ons Jabeur vise les sommets et Roland-Garros avec le sourire aux lèvres : « Mon jeu est amusant, c'est le reflet de ma personnalité »

La pionnière tunisienne, connue sous le nom de "ministre du bonheur", a remporté son quatrième titre en carrière la semaine dernière à Charleston, aux États-Unis. Elle a désormais les yeux rivés sur un Grand Chelem, à cinq semaines de Roland-Garros.

5 minPar Nick McCarvel
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(2023 Getty Images)

Après avoir été éliminée au deuxième tour de l'Open d'Australie en janvier, Ons Jabeur avait regagné les couloirs de la Rod Laver Arena la tête basse.

Le double finaliste en Grand Chelem et numéro 2 mondiale était à la croisée des chemins.

En 2022, elle avait vécu une année historique au cours de laquelle elle avait disputé les finales de Wimbledon et de l'US Open, mais la joueuse de 28 ans a eu du mal à retrouver sa forme pour débuter la saison 2023. En février, elle a d'ailleurs subi une opération mineure au genou.

À son retour sur le circuit WTA, elle a dû faire face à un défi compliqué et n'avait remporté que la moitié de ses huit premiers matchs de l'année.

Tout a changé le 9 avril, lorsque Jabeur a remporté le titre à l'Open de Charleston – son premier depuis juin 2022 – sans perdre un seul set sur l'ensemble du tournoi américain. Cette victoire lui a permis de retrouver le top 5 mondial et l'a immédiatement remis dans de bonnes dispositions pour Roland-Garros.

Mais Jabeur est-elle prête à gagner un Grand Chelem ?

« Je ne veux pas m'arrêter là », a-t-elle déclaré aux journalistes à Charleston après avoir remporté son quatrième titre en carrière. « Je veux continuer à faire plus. Bien sûr que je suis heureuse, et je vais probablement profiter de la journée pour fêter ça... Ensuite, je reprendrai l'entraînement et j'espère que je gagnerai plus [de tournois]. »

Ons Jabeur : « Le lien avec la foule est important pour moi »

Surnommée la Ministre du bonheur, Jabeur prend ce titre officieux au sérieux : elle sent qu'elle joue mieux quand elle et les fans prennent du plaisir.

« La connexion avec la foule est très importante pour moi », a déclaré Jabeur lors d'une table ronde de journalistes à Charleston. « L'énergie qu'ils me donnent sur le court, c'est très important. »

« Quand je souris [et] que je ris vraiment avec la foule, que je prends du plaisir sur le terrain, c'est là que je joue le mieux. Parfois, j'oublie de le faire, malheureusement. Mais j'essaie de me souvenir après tout ça que c'est juste un match de tennis. Je suis censée m'amuser. Mon jeu est amusant. C'est donc un reflet de mon caractère. »

Le jeu de Jabeur est effectivement agréable à voir : beaucoup d'effets, de nombreux amortis, des changements de rythme et une capacité à confondre les adversaires. 

À Charleston, elle a réalisé le coup de la semaine (peut-être du mois) lors de la finale contre la médaillée d'or olympique Belinda Bencic, qui l'avait battue l'an dernier en finale : après une attaque revers de Bencic plein corps, Jabeur a rattrapé la balle entre ses jambes (front tweener), à l'instar du fabuleux lob de Mary Pierce en quart de finale de Roland-Garros en 2000, avant de terminer sur un revers slicé gagnant.

Dans le sport de haut niveau, c'est un ovni : plus elle est détendue, mieux elle joue.

« Le tennis n'est qu'une partie de ma vie », a déclaré Jabeur, notant qu'elle prévoyait d'arrêter dans quelques années. « Je veux vraiment que les gens se souviennent de moi comme d'un personnage amusant. J'aime mettre un sourire sur le visage des gens. Un sourire peut changer la journée de quelqu'un. »

« Je pense que c'est plus important que de frapper une balle ou de gagner un match. »

Fini d’être l’éternelle deuxième

Jabeur a été titrée lors du tournoi junior de Roland-Garros en 2011, en battant une future championne olympique en finale : Monica Puig (Rio 2016). Son ascension dans le tennis féminin a ensuite été lente, n'entrant dans le top 100 qu'en 2017 et dans le top 20 en 2021, mais tout s'est récemment accéléré.

Il y a douze mois, après avoir atteint la finale de Charleston, Jabeur a remporté le tournoi à Madrid, devenant ainsi la première joueuse arabe et tunisienne à remporter un WTA 1000. Elle avait enchaîné avec deux finales à Wimbledon et à l'US Open, la propulsant au deuxième rang mondial.

Bien qu’elle soit particulièrement détendue sur le court, elle n’est pas là pour être la « deuxième meilleure ». L’année dernière, sous une immense pression, elle avait été éliminée à Roland-Garros dès le premier tour. Elle aura l’occasion de retenter sa chance dans un peu plus d’un mois à Porte d'Auteuil, sur les courts qui seront également utilisés pour les épreuves de tennis de Paris 2024.

« Ce n'était pas génial l'année dernière », a confirmé Jabeur, avant de souligner qu'elle a peu de points à défendre là-bas : « Peut-être que je [pourrais] jouer plus librement là-bas. »

« [L'année dernière] j'ai eu un niveau incroyable pendant la saison sur terre battue », a-t-elle déclaré. « Si je peux avoir un bon niveau [à nouveau], je peux passer un bon moment à Roland-Garros. C'est l'un de mes objectifs. J’ai hâte. »

Jabeur aime aussi toujours surprendre : « Mais, je vais aussi être très excitée de jouer à Wimbledon cette année », a-t-elle ajouté. « Le cœur parle maintenant. »

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