Nicolas Navarro : courir, travailler, faire la sieste, courir, dormir, courir
Le coureur français Nicolas Navarro s'apprête à participer au marathon olympique de Tokyo 2020. Le Varois s'est préparé tout en continuant de travailler dans un magasin de sport. Un rythme soutenu qui l'a aidé à avoir un mental d'acier.
Fiche d’identité :
- Nom : Nicolas Navarro
- Âge : 30 ans
- Nationalité : France
- Sport : Athlétisme (marathon)
Sa vie d'athlète
Avant de se qualifier pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2020 sur marathon, Nicolas Navarro faisait du vélo. De 8 à 18 ans, l'athlète français enchaînait les courses sur route jusqu'à une sévère chute à l'entraînement qui l’a stoppé dans sa progression. Inapte à courir pendant trois mois en raison de trois vertèbres cassées, il n'a jamais vraiment repris le cyclisme sur route.
Inspiré par son grand frère qui pratiquait le trail running, Nicolas a décidé d'essayer à son tour. Et il a vite réalisé que non seulement il aimait beaucoup ce sport, mais surtout il était très performant. Il a participé à sa première course en 2012 dans sa commune de La Crau, dans le sud de la France, la même que celle qu’il fréquentait en tant que spectateur lorsqu'il était plus jeune.
« Quand on était gamin, on voyait les athlètes kenyans en tête et on essayait de les suivre le long de la route. On y arrivait sur 50 m ! », raconte-t-il à Tokyo 2020.
Lors de ce premier 10 km, il a décidé de courir avec les leaders et cela a bien fonctionné. Il a terminé 7e en 34 min 36 s. Depuis, il n’a jamais arrêté de courir, empilant les médailles dans les courses locales avant de passer sur la distance marathon à l’âge de 23 ans.
Cinq ans plus tard, il courait avec le groupe élite du marathon de Valence 2018 en Espagne, finissant en 2 h 12 min 39 s. Un chrono de classe mondiale réalisé tout en travaillant à plein temps comme technicien vélo et ski dans un grand magasin de sport.
Pour optimiser ses chances de qualification pour Tokyo 2020, il a décidé de prendre un congé sans solde. Un choix payant. Lors du marathon de Valence 2019, Navarro a enregistré un chrono de 2 h 10 min 01 s, plus d’une minute plus rapide que les minima olympiques fixés à 2 h 11 min 30 s.
Sa vie professionelle
Navarro travaille toujours à plein temps lorsqu’il n’est pas en préparation spécifique pour une course, et prend des congés sans soldes quelques mois avant ses échéances principales.
Au pic de sa préparation, Navarro court environ 230 km par semaine mais lors des périodes creuses, il court « seulement » 150 km par semaine, ce qui représente une dizaine d’heures d’entraînement.
Ce mode de vie requiert une planification « à la seconde près », explique-t-il.
« Les mardis et jeudis, je travaille généralement de 9 h à 17 h, mais c’est également le jour des grosses sessions d’entraînement », avance-t-il.
« Je pars de chez moi vers 7h15 pour aller travailler en courant les 12 km qui me séparent du magasin. Je mange en vitesse à midi pour faire une petite sieste de 30 minutes à ma pause, dans l’atelier où je me suis aménagé un petit endroit avec un matelas. Je repars travailler et je cours prendre mon bus dans lequel je fais une sieste d’une trentaine de minutes, avant de rejoindre la piste pour faire une grosse séance de fractionné court ou long. »
Ce rythme peut être difficile à tenir mais il peut aussi s’avérer utile pour ses performances sur marathon, une distance de 42,195 km où un mental résistant est essentiel.
« Le fait de travailler et d’aller à l’entraînement renforce le mental », explique le coureur de 30 ans. « Parfois, je n’ai pas envie d’aller m’entraîner. Quand je finis une journée de boulot et que je sais que je vais me faire mal sur la piste, je préfère parfois rentrer chez moi. Mais une fois que la séance est passée, on est content du travail qui est fait. »
Travailler dans un grand magasin de sport créé également des situations originales avec les clients, qui viennent parfois pour d’autres raisons qu’une simple réparation de vélo.
« Je discute parfois avec des personnes qui viennent à l’atelier pour me voir. Ils me félicitent pour ce que je fais. Je suis un peu gêné mais c’est super sympa ! »
Malgré ce mode de vie où le temps libre se fait rare, Navarro l’apprécie car cela lui « apporte un certain équilibre » dans sa vie. Et même si c’est parfois difficile, il parvient toujours à faire ce qu’il doit faire car il n’a jamais perdu la chose la plus importante pour un athlète : le plaisir.
« Il faut garder la notion de plaisir et il ne faut pas que le sport devienne une contrainte. Plus on prend du plaisir, plus on a envie de s’entraîner. Et si les résultats arrivent, ça fait du bien. »
Nicolas Navarro sera, pour son plus grand plaisir, au départ du marathon olympique de Tokyo 2020, le 8 août 2021.