Neige, vent et pioches : la Biélorussie s'impose dans le relais 4 x 6 km !
Dans une course pimentée par des chutes de neige et dans les bourrasques de vent, où les pioches et les tours de pénalité se sont multipliés, c'est l'équipe la plus précise au tir qui a gagné le relais féminin de biathlon, jeudi à Alpensia. Avec seulement 9 balles de réserve utilisées, la Biélorussie s'est imposée avec la triple championne olympique Darya Domracheva en dernière relayeuse. La Suède a pris la médaille d'argent, la France termine en bronze.
"Mes pensées sur le moment, c'est que ça aurait été mieux si notre drapeau était resté sur sa hampe, mais de toutes façons, nous sommes sur la première marche du podium et c'est tout simplement fantastique" a dit la désormais quadruple championne olympique Darya Domracheva devenue ce 22 février la biathlète comptant le plus de médailles d'or aux Jeux d'hiver.
Peut-être la seule petite fausse note d'une journée royale pour l'équipe féminine de Biélorussie, qui a le mieux maitrisé les conditions particulièrement compliquées. En effet le drapeau qu'a pris Domracheva dans la dernière ligne droite s'est détaché, et elle a passé la ligne d'arrivée avec le seul bout de bois restant. Cela n'enlève rien à son bonheur, aux applaudissements enthousiastes de son époux Ole Einar Bjørndalen, et à une épreuve où elle a pu s'appuyer sur la précision de ses coéquipières Nadezdha Skardino, Iryna Kryuko et Dzinara Alimbekava pour conclure brillamment.
Lancée en quatrième position derrière la Pologne, la France et l'Italie, la triple championne olympique des Jeux de Sotchi a réalisé le sans-faute sur son tir couché pour prendre la tête de la course. Une alerte au dernier tir debout (trois pioches), ne l'a pas empêchée de terminer le parcours en solitaire.
Hanna Öberg, la championne olympique de l'individuelle 15 km, révélation des ces Jeux, est revenue de l'arrière pour la Suède avec une magnifique performance derrière sa carabine : ses coéquipières Linn Persson, Mona Brorsson et Anna Magnusson avaient cumulé 12 pioches en tout pour la lancer en 8e position avec près d'une minute de retard sur la tête de course. Mais Öberg a blanchi d'un coup les dix cibles, puis très à l'aise sur ses skis, elle a rapidement débordé la Française Anaïs Bescond qui était sortie du dernier passage sur le pas de tir juste devant elle, pour aller quérir l'argent à 10 secondes de la Biélorussie.
La France, avec Anaïs Chevalier, Marie-Dorin Habert (championne olympique du relais mixte), Justine Braizaz et Anaïs Bescond, a navigué dans la zone "podium" durant toute la course tout en empilant les pioches : 14 en tout. Mais aucun tour de pénalité. Ce qui a permis à la dernière relayeuse, en bronze dans la poursuite et elle aussi médaillée d'or du relais mixte, de finir à la troisième place à 17 secondes.
L'Allemagne, grande favorite, a cumulé 11 pioches et trois tours de pénalité pour finir 8e à 54 secondes.
Darya Domracheva se découvre biathlète la plus titrée aux Jeux
Avec quatre médailles d'or, Darya Domracheva dépasse l'Allemande Kati Wilhelm et une de ses actuelles rivales, la Slovaque Anastasia Kuzmina toutes deux triples médaillées d'or, pour s'installer en haut du palmarès du biathlon féminin aux Jeux. "Vous savez, je n'y avais pas pensé avant que vous me l'appreniez. Bien sûr, c'est merveilleux d'apprendre çà. Cela veut dire que le jour ou j'ai décidé de faire du ski et du sport était le bon jour, avec la bonne décision de commencer avec l'entraînement en biathlon. Il y a eu beaucoup de remises en question sur le chemin. Des journées et médailles comme celles-là, cela veut dire qu'il est important de croire en soi, de croire en votre équipe, de surmonter les difficultés. Et les portes s'ouvrent pour vous".
Elle ajoute : "Les premier mots que j'ai entendus de mon mari, sur la piste avant la ligne d'arrivée, c'est qu'il était là et qu'il était mon premier supporter. Il m'a donné des informations sur la fille qui était deuxième derrière moi. Après l'arrivée, je me souviens pas exactement, mais je peux vous parler des émotions d'Ole Einar : les mêmes que les miennes, une grande célébration, beaucoup de joie. Il avait les mêmes sentiments que nous quatre".
Nadezdha Skardino, qui a gagné cet hiver son premier globe de cristal en Coupe du monde, celui de l'individuelle, est folle de bonheur. "Parce que je suis championne olympique, parce que j'ai gagné une médaille d'or en Coupe du monde, et parce que ce titre est la meilleure façon de finir la saison !".
Hanna Öberg, la révélation des jeux de PyeongChang 2018
Hanna Öberg s'est jouée du vent sur le pas de tir. "J'ai vu plus tôt dans la compétition qu'il y avait beaucoup de changements de positions, plus près, plus loin, et quand je suis partie en dernière relayeuse, j'avais la sensation que tout était possible. Ça l'était effectivement ! Ça ma un peu choquée", ajoute -t-elle à propos de sa remontée express. "Mais c'est un sentiment fantastique, j'avais déjà une médaille d'or, et partager ça avec l'équipe, ça veut dire tant pour moi !".
Du coté français, Marie-Dorin Habert, qui va prendre sa retraite à la fin de la saison et qui est devenue la biathlète la plus médaillée de son pays aux Jeux (quatre podiums depuis 2010), explique : "C'est vraiment fantastique. Même mes courses individuelles ont été vraiment bien. J'en ai énormément profité, je savais que c'étaient les derniers moments alors j'en ai gravé beaucoup dans ma tête".
La Française qui rentre avec le plus de médailles, c'est finalement Anaïs Bescond, qui a débloqué le compteur sur les courses individuelles (3e de la poursuite) et qui revient de République de Corée avec "du surplus de bagage, un beau surplus. Aux Jeux, vous avez juste les trois médaillées qui sont contentes le soir. Toutes les autres sont déçues. C'est un rêve qui se réalise, un rêve de gosse. Mais c'est encore un peu invraisemblable pour moi", conclut-elle.