Le bobsleigh est un sport initié par des touristes britanniques, à la fin du XIXe siècle, à Saint-Moritz en Suisse, avec la création de la légendaire piste de glace, la Cresta Run. Et pourtant,le titre olympique remporté en bob à deux sur la piste d’Igls à Innsbruck en 1964 par Tony Nash et Robin Dixon, par ailleurs champions du monde en 1965, reste à ce jour la seule médaille d’or de la Grande-Bretagne dans la discipline.
C’est justement à Saint-Moritz, au cœur des Grisons, que Robin Dixon, devenu depuis Lord Glentoran, découvre sa discipline, alors qu’il est déjà un sprinter accompli à la fin des années 1950. Tony Nash, lui, veut devenir pilote automobile, mais faisant face à l’opposition de son père, il se tourne finalement vers le bob, lui aussi en Suisse.
En 1960, Nash et Dixon font partie de l’équipage du bob à quatre britannique piloté par Henry Taylor. Mais ce dernier, qui dispute également le championnat du monde de Formule 1 au volant d’une Cooper-Climax, se blesse en course, et Tony Nash passe aux commandes de l’engin sur les pistes de glace.
Nash et Dixon courent à deux, dans un monde où ils sont de parfaits amateurs, trimbalant leur matériel dans une vielle Land Rover à travers les Alpes. Ils commencent à se faire un nom, deviennent amis avec les champions italiens (notamment Eugenio Monti) qui dominent la discipline à l’époque et qui les aident à progresser. Ainsi, en 1963, ils décrochent le bronze aux Championnats du monde disputés sur cette même piste d’Igls à Innsbruck où va se tenir la compétition olympique l’année suivante.
La piste en question, qui marque le retour du bobsleigh aux Jeux d’hiver (il n’y avait pas eu de compétition à Squaw Valley en 1960) est inaugurée lors de ces Mondiaux 1963. L’épreuve se déroule pour la première fois sur de la glace artificielle. Le parcours mesure 1 506 m et comporte 14 virages. Le départ est situé à 1 133 m et l’arrivée à 138 m, avec une inclinaison moyenne de 9,2%.
Le 31 janvier 1964, lors de la première manche de la compétition olympique, l’équipage canadien constitué du pilote Vic Emery et du pousseur/freineur Peter Kirby, signe le meilleur temps en 1’05’’15. Nash et Dixon se postent au 2e rang (1’05’’53). À l’arrivée de la deuxième manche, le tandem britannique réalise à nouveau la 2e descente la plus rapide (1’05’’10) derrière les Italiens Eugenio Monti et Sergio Siorpaes (1’04’’90). À l’issue de la première journée, Nash et Dixon sont en tête de la compétition.
Le lendemain, après la 3e manche, qu’ils achèvent en 3e position, les équipiers de GBR-1 découvrent un problème mécanique à l’arrière de leur engin : un écrou de patin arrière a cédé et ils n’ont pas de pièce de rechange. Mais Eugenio Monti n’hésite pas après sa propre descente à leur fournir cet indispensable boulon.
Du coup, Nash et Dixon remportent la dernière manche et le titre olympique avec 12 centièmes d’avance sur le duo italien Sergio Zardini/Romano Bonagura, alors que Monti et Siorpaes finissent en bronze à 73 centièmes. « Nash n’a pas gagné l’or parce que je lui ai fourni cet écrou, mais parce qu’il était le plus rapide », dira Monti, qui recevra cette année-là pour ce magnifique geste sportif la Médaille Pierre-de-Coubertin. « C’était plus que mérité, dira Tony Nash, C’était un homme formidable et un grand ami. En fait, tous les Italiens étaient nos amis… »