Michael Poettoz, le skieur colombien qui voit loin !

Né en Colombie, mais élevé en France, Michael Poettoz va devenir à 19 ans le premier skieur alpin à porter les couleurs de son pays natal aux Jeux Olympiques d'hiver, où il compte bien se servir de l'expérience acquise en 2016 lors des JOJ de Lillehammer. Mais il voit plus loin, décidé à progresser vers le plus haut niveau mondial dans ses deux disciplines, le slalom et le géant, et à apporter sa contribution à la montée de la popularité des disciplines hivernales en Colombie.

Michael Poettoz, le skieur colombien qui voit loin !
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Michael Poettoz atteint le but qu'il s'était fixé au plus jeune âge : il va disputer les Jeux Olympiques d'hiver sous le maillot colombien. Pour lui, il s'agit d'une étape majeure dans un parcours qui, il l'espère, doit le mener vers le plus haut niveau international. "Je suis né à Cali, en Colombie, le 21 août 1998. Mes parents, Michel et Cécile Poettoz, m'ont adopté quand j'avais 21 mois", raconte-t-il. La famille Poettoz, qui adopte aussi sa soeur Carolina, est installée à Metz Tessy, près de Carroz d'Arâches, station de ski des Alpes françaises, en Haute-Savoie, ""Mon père m'a appris à skier à trois ans et c'est depuis devenu une vraie passion," ajoute-t-il. Le goût de la compétition aussi ! Il a douze ans quand il commence à gagner des courses régionales dans sa classe d'âge.

En 2015, alors que Michael, 16 ans, progresse au sein du club "Orsatus", une structure sportive internationale basée à Méribel, qui entraîne à l'année 50 skieurs venus de tous les horizons, la question du maillot se pose. "Mes parents m'ont adopté en Colombie, et j'ai pensé courir pour ce pays. J'ai pas mal d'attaches là-bas, et je suis très motivé pour faire progresser les sports d'hiver en Colombie, avec le CNO qui a beaucoup de projets, comme créer des écoles, etc... D'ailleurs, à PyeongChang, nous serons quatre !" En effet, si Michael Poettoz sera le premier skieur alpin colombien à disputer les courses masculines aux Jeux, Sebastian Uprimmy en ski de fond, ainsi que Pedo Causil et Laura Gomez en patinage de vitesse participeront également à la fête.   

Première expérience olympique aux JOJ de Lillehammer en 2016

Michael Poettoz a un atout supplémentaire. L'univers olympique ne lui est pas étranger puisqu'il a disputé les Jeux Olympiques de la Jeunesse d'hiver à Lillehammer en 2016. Les résultats n'ont pas été à la hauteur de ses attentes : à Hafjell, il est sorti dans la 1ère manche du slalom, et sur le 2ème tracé du slalom géant.  "Juste avant les JOJ, je me suis coupé le genou gauche avec la carre de mon ski, j'ai eu des points de suture, et je n'ai pas pu m'entraîner correctement," explique-t-il.

"C'était ma première expérience à très haut niveau. Ça m'a fait bizarre, parce que je n'avais jamais vu autant de monde, cela "brasse" beaucoup, il faut apprendre à gérer cela ! C'est très compliqué de rester concentré à cause de toute cette effervescence. Et puis, j'avais un peu fait ma course avant de la disputer."

Il ajoute : "C'était le top ! J'ai fait plein de rencontres, plein d'entraînements avec des athlètes d'autres pays, j'ai noué de nouvelles relations et jai été très impressionné de voir tout le monde regroupé au même endroit. Mais sur le moment, je n'y ai pas trop pensé, j'avais la tête dans le guidon, je n'ai pas réalisé que j'étais aux JOJ. Ce que j'ai retiré de cette expérience là-bas, c'est apprendre comment gérer l'évènement, ne pas s'affoler, bien organiser son temps, et rester "focus" en faisant abstraction de tout ce qui se passe autour. Et cela a décuplé mon envie de disputer les "vrais" Jeux !"

Objectif : deux top 30 à PyeongChang

Depuis son expérience à Lillehammer, "Micha" a continué son parcours, s'entraînant l'été en Argentine, l'automne en Suède, courant sur le circuit FIS, en "South American Cup", en Coupe d'Europe et dans les courses junior, à travers le monde, enregistrant son meilleur résultat avec une 2e place en slalom géant en Coupe d'Amérique du sud à Bariloche (Argentine), "ainsi que deux 4e places en Bosnie et au Monténégro, et je me suis classé 5e du slalom de La Norma en ce mois de janvier", précise-t-il. Bref, il accumule plus de points FIS que nécessaire pour obtenir sa place aux Jeux de PyeongChang. 

Sa discipline de prédilection est le slalom géant, et quand on lui demande si son modèle est Marcel Hirscher, il répond "non, c'est Ted Ligety !" Le skieur américain au style si particulier pour enrouler les courbes ; triple champion du monde et champion olympique en titre de la discipline.

Il aborde ses premiers Jeux avec de beaux objectifs. "J'ai pu vraiment travailler ces deux dernières années, gagner en confiance, skier libéré. Mon objectif à PyeongChang, c'est de faire deux Top 30", ce qui consisterait dans l'idéal à se qualifier pour les deuxièmes manches. "Mais ce que je vise avant tout, c'est de faire carrière au plus haut niveau, alors je prends les Jeux comme une étape, notamment vers les championnats du monde FIS 2019 à Are en Suède. Je veux obtenir des résultats comme la Colombie n'en a jamais encore eu. Aux Mondiaux de Saint-Moritz en 2017, j'étais le premier colombien. En République de Corée, je serai le premier homme." C'est en effet Cynthia Denzler qui avait ouvert la voie pour la Colombie en slalom et géant féminin aux Jeux de Vancouver en 2010.

Et Michael Poettoz voit plus loin. "J'espère faire ma place dans le Top mondial d'ici quelques années. Le CNO colombien essaye de développer sa communication autour du ski alpin, mais il y a encore du travail. Je sens un frémissement, notamment du côté des médias. Je vais vivre une première étape importante sur un chemin que j'espère long et brillant !"

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