Pour Marie-José Pérec, les JO de Paris 2024 vont « être une fête de dingue »

Par Nicolas Kohlhuber
6 min|
Marie-José Pérec
Photo de Olympics.com

« Ça va être une fête de dingue ! Venez, on vous attend et on va vous concocter quelque chose que vous n'avez jamais vécu. »

Marie-José Pérec est plus qu'enthousiaste à l'évocation des Jeux Olympiques de Paris 2024 qu'elle vivra, elle aussi, de manière inédite. En juin, elle sera présente à bord du Maxi Banque Populaire XI pour le relais des océans de Paris 2024, une étape exceptionnelle du relais de la flamme olympique à venir.

Ce rôle particulier vient honorer une athlète qui a noué une relation particulière avec les Jeux Olympiques.

La triple médaillée d’or ne sait que trop bien ce que les JO représentent. De Séoul 1988 à Atlanta 1996 en passant par Barcelone 1992, elle a écrit l’histoire olympique et du sport français.

Alors que cette expression est parfois galvaudée, ce n’est pas le cas avec la Gazelle. Elle a été la première athlète, hommes et femmes confondus, à conserver son titre olympique sur 400 m en athlétisme. L'incroyable doublé réalisé à Atlanta 1996 avec aussi une médaille d'or sur 200 m femmes reste dans toutes les mémoires et particulièrement la sienne.

« Ma plus belle victoire aux JO, c'est le 200 m, c'est vraiment la course où pour tout le monde, ce n'était pas attendu. Je lui ai même donné ce nom à ma médaille : L’inattendue », s'amuse-t-elle au sujet de cette course remportée en 22,12 s devant Merlene Ottey grâce à 50 derniers mètres de folie.

Les courses de Marie-Jo, également double championne du monde (du 400 m en 1991 et 1995), sont aussi mémorables que les souvenirs vécus autour des Jeux, qu'elle partageait avec Olympics.com après le tirage au sort des tournois olympiques de football de Paris 2024, en mars dernier*.*

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« Happée par ce village des athlètes à Séoul 1988 »

L'histoire olympique de Marie-José Pérec ne se résume pas seulement à trois médailles d'or. Avant ces exploits, il y a eu une participation aux Jeux Olympiques de Séoul 1988 avec une élimination en quarts de finale du 200 m femmes. Cette expérience s'est terminée sans médaille, mais avec un impact énorme sur le destin de l'athlète originaire de Guadeloupe.

« J'ai commencé l'athlétisme à 16 ans. Quand j'étais enfant, je n'avais pas de rêve olympique puisque je ne savais pas ce que c'était. Je pêchais aux écrevisses, donc j'étais loin de tout ça. Mais très vite, j'ai été happée par ce village à Séoul 1988, par toutes ces grandes stars, tout ce qui se passait dans ce grand village. D'un coup, j'ai pris conscience que j'avais quelque chose à faire, une mission. Je suis arrivée à me dire, ‘il faut que tu marques l'histoire’. Pour moi les Jeux Olympiques, c'est ça. »

Une telle anecdote résume le pouvoir des Jeux Olympiques. Il transcende les athlètes et inspire les amoureux de sport. Plus de trois décennies après Séoul 1988, Marie-José Pérec a bien trouvé sa place dans la légende du sport, mais son émotion est toujours la même à l'évocation d'une première interaction avec Carl Lewis.

« Le fait d'avoir vu Carl Lewis pour presque la première fois, d'être assise sur son banc à l'échauffement, sur son banc, ce n'était pas le mien, pourtant c'était à l'échauffement, mais c'est vous dire à quel point toutes ces personnes peuvent vous marquer et vous donner envie d'en découdre », expliquait-elle.

Aujourd'hui, le rôle de modèle qui marque les jeunes athlètes rencontrés, c'est Marie-José Pérec qui l'endosse et elle l'assume.

Marie-José Pérec, une expérience olympique mise au service des athlètes qui préparent Paris 2024

Marie-José Pérec a tout connu dans sa carrière sauf un grand championnat à domicile. Elle le regrette mais ne jalouse pas ses héritiers pour autant. Au contraire même, celle qui détient encore le record de France du 200 m femmes en 21,99 s fait tout pour les aider à être à la hauteur de l'évènement qui les attend cet été.

« Pour moi, c'est important d'être là, de dire aux jeunes qu’on est derrière eux, que nous sommes des grandes sœurs, nous sommes passés avant et qu'ils peuvent compter sur nous. On sera là pour donner de l'énergie, du courage, un petit conseil, un petit clin d’œil ou une petite tape dans le dos pour rassurer : c’est notre rôle. »

Partout où la Gazelle a couru, elle était attendue, devant au passage gérer la pression de son statut et d'une foule qui n'avait d'yeux que pour elle. Un tel vécu lui permet d'imaginer ce que les Tricolores vont vivre sur la piste du Stade de France cet été. Alors qu'elle misait sur son travail : « 2 000 abdos par jour » ; et sur son entourage pour être à la hauteur des attentes, les athlètes actuels vont aussi pouvoir compter sur un public acquis à leur cause pour se surpasser. Et cela peut faire une grande différence !

« Ceux qui reçoivent les Jeux Olympiques, ils ont une énergie de dingue. En général, ça se passe plutôt bien. Il n'y a pas de raison que chez nous ça ne se passe bien », rappelle-t-elle.

Même si elle ne l'a pas vécu dans son pays, la native de Basse-Terre sait de quoi elle parle. Elle avait avoué avoir eu la chair de poule au départ de la finale du 400 m femmes aux Jeux de Barcelone 1992 tant la foule était bruyante. Ce soutien l'avait portée jusqu'à sa première médaille d'or olympique et l'avait marquée. Trente-deux ans plus tard, elle rêve d'une ambiance similaire à Saint-Denis, dans Paris et partout où les valeurs olympiques seront mises à l'honneur dans l'Hexagone.

« Les gens hurlaient dans le stade et c'est ce qu'on veut ici. On veut que les gens se lâchent et qu'ils soient derrière les équipes et pas que les nôtres parce qu'on est un pays qui doit être un pays d'accueil, donc il faut qu'on accompagne tous les athlètes du monde entier. Alors peut être un petit plus les nôtres, mais il faut que tout le monde soit les bienvenus en France ».

Pour elle, les JO de Paris 2024 ne seront pas seulement une réussite, mais aussi « une fête de dingue » !

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