Luge à PyeongChang 2018 : suivez le guide avec Adam Rosen

Souvent comparée à « la descente d’un toboggan verglacé sur un plateau à thé », la luge  est l’une des épreuves les plus décoiffantes du programme des Jeux Olympiques d’hiver, avec ses athlètes qui dévalent la piste à haute vitesse. Le spectacle devrait être une fois encore garanti à PyeongChang 2018.

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Luge à PyeongChang 2018 : suivez le guide avec Adam Rosen
(2006 Getty Images)

Le lugeur britannique Adam Rosen, qui a participé aux Jeux Olympiques d’hiver de 2006 et 2010, estime que les caméras de télévision ne permettent pas de se faire une véritable idée des efforts physiques que déploient les adeptes de son sport sur leur bolide. « On ne se rend pas vraiment compte des vitesses réelles, dit-il. Il faut se lancer en chair et en os sur la piste pour comprendre que ça va vraiment très vite. »

« Vu de son petit écran, on peut avoir l’impression que l’athlète ne fait pas grand-chose, mais tout au long de la descente, on dirige vraiment la luge en essayant de rester détendu. Il n’y a pas une seconde de répit, mais quand tout se déroule parfaitement, le spectateur chez lui n’y voit que du feu. »

La luge est vraiment un combat de muscles et de courage : les athlètes atteignent des vitesses de plus de 140 km/h et subissent une pression de 6 g dans les courbes. Pour tirer leur épingle du jeu dans les trois disciplines (simple, double et relais par équipes), les athlètes doivent rester détendus physiquement afin de conserver le maximum de vitesse.

« La descente n’a beau durer que 50 secondes, une minute grand maximum, on n’en est pas moins complètement crevé après la course tant il faut se concentrer sur le mental et le physique, poursuit Adam Rosen. Notre corps encaisse énormément : il faut subir les bosses tout en conduisant avec précision dans l’enchaînement de virages. Mais plus on pratique, plus on maîtrise : en fait, il faut diriger la luge en permanence. »

« Les doubles sont légèrement différents. Il faut trouver la bonne alchimie avec son coéquipier pour descendre. Ce n’est pas tout à fait un bus à impériale qui descend, mais on n’en est pas loin. Il faut être plus précis et savoir où l'on va parce qu’il est beaucoup plus facile d’avoir un accident en double qu’en simple. Cela dit, les deux disciplines sont très difficiles. J’aime bien les deux, même si cette année je ne participe qu’en simple. »

« Pratiquer la luge est exténuant, mais ça demande aussi des compétences. Il faut certes maîtriser la technique pour faire descendre le véhicule sur la piste, mais l’équipement est aussi très important. On peut être le roi de la glisse, si on a une luge un poil mal réglé le jour J, on ne pourra rien faire pour aller plus vite. »

« À l’entraînement, on fait beaucoup de travail en salle, d’entraînement dynamique et de musculation, ce qui permet d’obtenir la puissance requise pour la poussée du départ. Mais il faut également travailler la coordination et la souplesse nécessaires sur la piste. Toutes les pièces du puzzle doivent s’emboîter parfaitement pour pouvoir prétendre à de bons résultats. »

Pour Adam Rosen, il s’agit de la « Formule 1 » de la luge. L’épreuve en simple est la plus prestigieuse en raison de sa vitesse de départ élevée : à PyeongChang 2018, les lugeurs masculins commenceront leur descente tout en haut de la piste, alors que dans les autres épreuves, la ligne de départ est située plus bas.

« On dispute quatre descentes en simple - deux par jour - et à l’issue de la première journée, on se sent déjà vraiment fatigué. Il faut se reposer et se préparer pour le lendemain. Après l’ultime manche de la deuxième journée, on est cuit mentalement et physiquement. C’est très exigeant pour le corps et l’esprit. Mais je ne disputerai pas une seule course à l’économie. Je serai tout le temps à l’attaque. »

Avec deux lugeurs sur le véhicule en double, le travail d’équipe est essentiel, selon Adam Rosen. Les deux athlètes fonctionnent et pensent en tandem. La moindre erreur de communication peut donc s’avérer désastreuse.

« Le véhicule est contrôlé par les deux athlètes, mais celui qui est au-dessus pilote davantage car il peut voir un bout de piste. Le concurrent placé en dessous doit lui jouer des épaules et les incliner de part et d’autre dans les virages. »

« Comme il y a deux personnes sur la luge, chacune d’elles doit quasiment imaginer ce que pense l’autre. S’il y a un léger décalage, la descente risque de devenir problématique. »

Introduit aux Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi 2014, le relais par équipes est une épreuve relativement nouvelle, qui met en lice des équipes composées de quatre concurrents : un homme, une femme et une paire de double. Chaque athlète effectue sa descente et doit toucher à l’arrivée une plaque, ce qui libère le coureur suivant. Les erreurs et les faux pas en ont fait une épreuve incontournable pour les spectateurs.

« C’est très prenant, confirme Adam Rosen. C’est une course extraordinaire à suivre, mais c’est encore mieux d’y participer, à cause de la plaque [qu’il faut toucher]. Énormément de paramètres entrent en ligne de compte. Si un concurrent se loupe [en manquant la plaque à l’arrivée], ça peut affecter directement toute l’équipe, mais en même temps, ça rajoute un élément tout à fait original. Et des gens qui manquent la plaque, il y en a. Du coup, c’est un vrai régal à regarder. »

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